dimanche 4 février 2018

Paranoïac de Freddie Francis, 1963

PARANOIAC
de Freddie Francis
1963
Grande Bretagne
avec Oliver Reed, Janette Scott, Sheila Burrell, Alexander Davlon, Maurice Denham
Thriller horrifique
80 minutes
Scénario de Jimmy Sangster
Produit par la Hammer films
Blu ray édité chez Eléphant films
aka Paranoïaque !
Synopsis :
Un village côtier d’Angleterre, dans les années soixante…
Le film débute par la pierre tombale de la famille des Ashby, gens aisés, les parents et le fils Tony sont décédés et reposent au cimetière de la ville ; seuls héritiers suite au décès des parents, Simon Ashby et sa soeur, Eleanor sont aidés quotidiennement par Aunt Harriet, leur tante et aussi maitresse de maison ; l’héritage important est régenté par John Kossett, un avocat, mais ce dernier, d’après ce que soupçonne Simon, cherche à rouler les enfants Ashby…
Simon boit énormément et accumule les dettes, il voudrait bien faire passer Eleanor pour folle et ainsi, obtenir la totalité de l’héritage…
Alors que la situation va dans les plans souhaités par Simon, un jeune homme se faisant appeler Tony Ashby débarque inopinément ; Tony, le fils soit disant défunt, serait en fait vivant !
Cela change tous les plans pour l’héritage !
Le fils de John Kossett, l’avocat véreux, a créé de toutes pièces l’imposture de Tony, la situation se complique de façon folle lorsque Tony embrasse Eléanor après que celle-ci ait échappé à la mort (Simon avait saboté sa voiture !)…
De nombreuses révélations vont émailler la suite des événements pour arriver à une conclusion ultime qui fera jaillir au grand jour la folie totale, la paranoïa de Simon !
Mon avis :
Dans la lignée de « Meurtre par procuration », « Hurler de peur » et « Le maniaque », ce « Paranoïaque » est un pur chef d’œuvre, c’est la version anglaise du giallo italien, chacun avec sa patte et un style différent mais ce genre de thriller horrifique allait bouleverser les codes du cinéma du début des années soixante…
A sa manière, Freddie Francis (et Jimmy Sangster en tant que scénariste, toujours lui) allait anticiper « Les frissons de l’angoisse » / « Profondo rosso » de Dario Argento tourné douze années plus tard puisqu’Argento reprend texto une idée du scénario de « Paranoïac », à savoir le cadavre emmuré !
En fait, on peut même dire que « Paranoïac » et quelques autres films thrillers de la Hammer sont la liaison, le chainon manquant entre « Psychose » de Hitchcock et tous les polars italiens des années soixante/soixante- dix, cette rigueur de mise en scène, cette volonté absolue d’intégrer un climat poisseux, c’est exactement la similitude que l’on retrouve dans tous ces films (Bava avec « Six femmes pour l’assassin », Argento avec « L’oiseau au plumage de cristal, ces œuvres se réfèrent à Hitchcock et entre les deux, il y a nettement « Paranoïaque » et « Meurtre par procuration »)…
L’histoire est alambiquée et les personnages  (Oliver Reed en tête) tous habités par leur rôles, ce n’est pas facile ni évident à jouer mais la direction d’acteurs de Freddie Francis remporte la mise et rend cette folle histoire crédible…
Beaucoup de moments anthologiques émaillent le film (la scène de la voiture sur la falaise, le début avec l’orgue dans l’église, le baiser volé entre Tony et Eléanor, les crises de Simon/Oliver Reed lorsqu’il vocifère comme un hystérique)…
« Paranoïaque », outre le fait qu’il soit un excellent thriller, contribue à donner une nouveauté dans le paysage des polars horrifiques des années soixante, il y a une grande originalité teintée de perversité et d’audace qui rend le spectateur très mal à l’aise (l’antre de Simon dans la cabane avec cette découverte atroce du cadavre, on est clairement dans de l’horreur pure !)…
Si on ne le savait pas, à aucun moment on ne penserait que c’est une production de la Hammer, tout s’apparente à Hitchcock, c’est un duplicata de son cinéma mais pas non plus un vulgaire pompage, le scénario est travaillé, les plans et la photographie très élaborés, il s’agit d’une œuvre à part entière qui se visionne en tant que tel, il ne faut pas la comparer systématiquement à d’autres films, sa force est justement dans sa singularité…
Une nouvelle fois le transfert haute définition et le boulot d’Eléphant films sont prodigieux et Nicolas Stanzick dans les bonus donne une analyse très fouillée du film, ce blu ray et ce coffret sont des musts absolus !
Pour comprendre l’évolution du polar Post-Hitchcock et l’avènement du giallo italien, il est indispensable d’avoir vu « Paranoïaque » et même sans cela le film reste un grand moment du septième art, à la fois somptueux et perturbant, angoissant et fascinant…
Une oeuvre essentielle et méconnue à réhabiliter d’urgence…

Note : 9/10







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