PARANOIAC
de Freddie
Francis
1963
Grande
Bretagne
avec Oliver Reed, Janette Scott, Sheila
Burrell, Alexander Davlon, Maurice Denham
Thriller
horrifique
80
minutes
Scénario
de Jimmy Sangster
Produit
par la Hammer films
Blu
ray édité chez Eléphant films
aka Paranoïaque !
Synopsis :
Un
village côtier d’Angleterre, dans les années soixante…
Le
film débute par la pierre tombale de la famille des Ashby, gens aisés, les
parents et le fils Tony sont décédés et reposent au cimetière de la ville ;
seuls héritiers suite au décès des parents, Simon Ashby et sa soeur, Eleanor
sont aidés quotidiennement par Aunt Harriet, leur tante et aussi maitresse de maison ;
l’héritage important est régenté par John Kossett, un avocat, mais ce dernier,
d’après ce que soupçonne Simon, cherche à rouler les enfants Ashby…
Simon
boit énormément et accumule les dettes, il voudrait bien faire passer Eleanor
pour folle et ainsi, obtenir la totalité de l’héritage…
Alors
que la situation va dans les plans souhaités par Simon, un jeune homme se
faisant appeler Tony Ashby débarque inopinément ; Tony, le fils soit
disant défunt, serait en fait vivant !
Cela
change tous les plans pour l’héritage !
Le
fils de John Kossett, l’avocat véreux, a créé de toutes pièces l’imposture de
Tony, la situation se complique de façon folle lorsque Tony embrasse Eléanor
après que celle-ci ait échappé à la mort (Simon avait saboté sa voiture !)…
De
nombreuses révélations vont émailler la suite des événements pour arriver à une
conclusion ultime qui fera jaillir au grand jour la folie totale, la paranoïa
de Simon !
Mon
avis :
Dans
la lignée de « Meurtre par procuration », « Hurler de peur »
et « Le maniaque », ce « Paranoïaque » est un pur chef d’œuvre,
c’est la version anglaise du giallo italien, chacun avec sa patte et un style
différent mais ce genre de thriller horrifique allait bouleverser les codes du
cinéma du début des années soixante…
A sa
manière, Freddie Francis (et Jimmy Sangster en tant que scénariste, toujours
lui) allait anticiper « Les frissons de l’angoisse » / « Profondo
rosso » de Dario Argento tourné douze années plus tard puisqu’Argento
reprend texto une idée du scénario de « Paranoïac », à savoir le
cadavre emmuré !
En
fait, on peut même dire que « Paranoïac » et quelques autres films
thrillers de la Hammer sont la liaison, le chainon manquant entre « Psychose »
de Hitchcock et tous les polars italiens des années soixante/soixante- dix,
cette rigueur de mise en scène, cette volonté absolue d’intégrer un climat
poisseux, c’est exactement la similitude que l’on retrouve dans tous ces films
(Bava avec « Six femmes pour l’assassin », Argento avec « L’oiseau
au plumage de cristal, ces œuvres se réfèrent à Hitchcock et entre les deux, il
y a nettement « Paranoïaque » et « Meurtre par procuration »)…
L’histoire
est alambiquée et les personnages
(Oliver Reed en tête) tous habités par leur rôles, ce n’est pas facile
ni évident à jouer mais la direction d’acteurs de Freddie Francis remporte la
mise et rend cette folle histoire crédible…
Beaucoup
de moments anthologiques émaillent le film (la scène de la voiture sur la
falaise, le début avec l’orgue dans l’église, le baiser volé entre Tony et
Eléanor, les crises de Simon/Oliver Reed lorsqu’il vocifère comme un
hystérique)…
« Paranoïaque »,
outre le fait qu’il soit un excellent thriller, contribue à donner une
nouveauté dans le paysage des polars horrifiques des années soixante, il y a
une grande originalité teintée de perversité et d’audace qui rend le spectateur
très mal à l’aise (l’antre de Simon dans la cabane avec cette découverte atroce
du cadavre, on est clairement dans de l’horreur pure !)…
Si
on ne le savait pas, à aucun moment on ne penserait que c’est une production de
la Hammer, tout s’apparente à Hitchcock, c’est un duplicata de son cinéma mais
pas non plus un vulgaire pompage, le scénario est travaillé, les plans et la
photographie très élaborés, il s’agit d’une œuvre à part entière qui se
visionne en tant que tel, il ne faut pas la comparer systématiquement à d’autres
films, sa force est justement dans sa singularité…
Une
nouvelle fois le transfert haute définition et le boulot d’Eléphant films sont
prodigieux et Nicolas Stanzick dans les bonus donne une analyse très fouillée
du film, ce blu ray et ce coffret sont des musts absolus !
Pour
comprendre l’évolution du polar Post-Hitchcock et l’avènement du giallo
italien, il est indispensable d’avoir vu « Paranoïaque » et même sans
cela le film reste un grand moment du septième art, à la fois somptueux et perturbant,
angoissant et fascinant…
Une oeuvre
essentielle et méconnue à réhabiliter d’urgence…
Note :
9/10
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