CRASH
de David Cronenberg
1996
Canada/Grande Bretagne
avec
James Spader, Holly Hunter, Rosanna Arquette, Deborah Kara Unger, Elias Koteas
Film
érotique déviant inclassable
100
minutes
Musique
de Howard Shore
Prix
du jury au Festival de Cannes en 1996
Synopsis
:
Une
ville du Canada, au milieu des années quatre vingts-dix…
James
Ballard et sa femme Catherine forment un couple riche à la vie confortable, ils
ont une vie sexuelle quelque peu débridée et font l’amour dans des endroits où
ils pourraient être surpris à tout moment, ce qui renforce leur excitation…
Un
jour, James a un grave accident de la route et percute de face la voiture de
Helen Remington, une jeune femme ; ils sont hospitalisés tous les deux et
après leur rééducation ils se retrouvent ; les deux jeunes gens vont alors
créer un jeu sexuel déviant par rapport à leurs multiples blessures et la tôle
des voitures accidentées semblent leur servir de levier lors de leurs ébats
brutaux et frénétiques…
James
reproduit la même chose avec Catherine, qui accepte et prend plaisir à cette
déviance…
Lorsque
James et Catherine assistent à un championnat de cascades automobiles, ils suivent
l’organisateur, Vaughan, qui est également photographe sur des scènes d’accidents
routiers… Chez Vaughan, ils rencontrent Gabrielle, une superbe femme,
handicapée des jambes suite à un grave accident de voiture, elle porte des
prothèses métalliques et a du mal à se mouvoir…
Vaughan,
le photographe, est un être particulièrement pervers, il flashe sur Catherine…
Les
pulsions de tout ce petit monde sont poussées à maxima et le moindre accident
de véhicule est prétexte pour des ébats sexuels déjantés, petit à petit, James,
Catherine, Helen, Vaughan et Gabrielle sombrent dans la dépression et la folie
pure !
Mon
avis :
David
Cronenberg nous avait habitués à des films déviants dans les années soixante-
dix (« Rage », « Frissons » notamment) mais là, il a vraiment
mis le paquet !
« Crash »
est un film doté d’une solide mise en scène (comme toujours chez Cronenberg)
mais l’idée qu’il véhicule (sans jeu de mots) est simplement insensée !
Le
film s’inspire du roman sorti en 1973 de J.G. Ballard (qui est également le nom
du personnage principal) mais ceux qui ne connaissent pas le livre s’en
prennent pour leur grade !
Ça y
va à donf’ au niveau de l’érotisme et ce, dès le début, on est mis dans l’ambiance
directement puis ça n’arrête pas (au moins une vingtaine de scènes érotiques
dont quelques unes qui sont quasiment pornographiques, du moins dans les
dialogues)…
Le
charme absolu des actrices laisse passer la déviance mais l’idée de jouir post
un accident de la route a de quoi surprendre
voire révulser ; « Crash » n’est pas du tout un film tous
publics et est réservé à des cinéphiles avertis et ouverts, Cronenberg donne
une approche intellectuelle de la déviance qu’il filme et applique une
froideur, un côté frontal comme dans ses premiers films, il n’y a aucun humour
dans « Crash » et en même on n’est pas là pour regarder un film d’Aldo
Maccione, mais fichtre ça barde méchamment !
Un
élément scénaristique semble bizarre, pourquoi James et Catherine suivent
Vaughan chez lui après l’arrivée de la police lors de la compétition de
cascades, logiquement ils auraient dû rentrer chez eux…
Deborah
Kara Unger est vraiment magnifique, elle possède une classe, un charisme tels
que ça fait drôle de voir que c’est elle la plus perverse de tous, elle donne
un dialogue à James Spader complètement hallucinant (que je vous laisse
découvrir si vous voyez le film) mais elle se traine dans l’opprobre
verbalement comme on a rarement entendu au cinéma !
« Crash »
reste techniquement une leçon de mise en scène (la voiture encastrée dans le
bus, les séquences de balcons chez James et Catherine sont magnifiques, avec la
vue sur la route et toutes ces voitures) et même le générique de début intrigue
avec la belle musique envoutante et entêtante de Howard Shore…
S’il
y a bien un film insolite du milieu des années quatre-vingt- dix c’est
celui-ci, « Crash » donne une approche inclassable et fantastique du
panel des émotions sexuelles et par le biais de son originalité, il surprend le
spectateur de bout en bout…
Remarquablement
interprété (et ça n’a pas dû être facile de diriger les comédiens), réalisé
avec soin et doté d’une crédibilité totale lors des accidents (je ne pense pas qu’il
y ait eu d’effets numériques), « Crash » est une œuvre à part, très
dure par moments mais qui laisse un souvenir indélébile ; peu de films
sont allés aussi loin pour exprimer une déviance sexuelle de cet ordre (faire l’amour
avec le levier d’un accident de voiture), une fois de plus Cronenberg nous
prouve son génie et sa façon d'appréhender le cinéma, les décennies passent
mais sa vision du septième art est toujours aussi passionnante…
Un
vrai coup de maitre à visionner sous les réserves énoncées plus haut, il faut
avoir le cœur bien accroché !
Note :
9/10
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