dimanche 18 février 2018

CRASH de David Cronenberg, 1996


CRASH
de David Cronenberg
1996
Canada/Grande Bretagne
avec James Spader, Holly Hunter, Rosanna Arquette, Deborah Kara Unger, Elias Koteas
Film érotique déviant inclassable
100 minutes
Musique de Howard Shore
Prix du jury au Festival de Cannes en 1996
Synopsis :
Une ville du Canada, au milieu des années quatre vingts-dix…
James Ballard et sa femme Catherine forment un couple riche à la vie confortable, ils ont une vie sexuelle quelque peu débridée et font l’amour dans des endroits où ils pourraient être surpris à tout moment, ce qui renforce leur excitation…
Un jour, James a un grave accident de la route et percute de face la voiture de Helen Remington, une jeune femme ; ils sont hospitalisés tous les deux et après leur rééducation ils se retrouvent ; les deux jeunes gens vont alors créer un jeu sexuel déviant par rapport à leurs multiples blessures et la tôle des voitures accidentées semblent leur servir de levier lors de leurs ébats brutaux et frénétiques…
James reproduit la même chose avec Catherine, qui accepte et prend plaisir à cette déviance…
Lorsque James et Catherine assistent à un championnat de cascades automobiles, ils suivent l’organisateur, Vaughan, qui est également photographe sur des scènes d’accidents routiers… Chez Vaughan, ils rencontrent Gabrielle, une superbe femme, handicapée des jambes suite à un grave accident de voiture, elle porte des prothèses métalliques et a du mal à se mouvoir…
Vaughan, le photographe, est un être particulièrement pervers, il flashe sur Catherine…
Les pulsions de tout ce petit monde sont poussées à maxima et le moindre accident de véhicule est prétexte pour des ébats sexuels déjantés, petit à petit, James, Catherine, Helen, Vaughan et Gabrielle sombrent dans la dépression et la folie pure !
Mon avis :
David Cronenberg nous avait habitués à des films déviants dans les années soixante- dix (« Rage », « Frissons » notamment) mais là, il a vraiment mis le paquet !
« Crash » est un film doté d’une solide mise en scène (comme toujours chez Cronenberg) mais l’idée qu’il véhicule (sans jeu de mots) est simplement insensée !
Le film s’inspire du roman sorti en 1973 de J.G. Ballard (qui est également le nom du personnage principal) mais ceux qui ne connaissent pas le livre s’en prennent pour leur grade !
Ça y va à donf’ au niveau de l’érotisme et ce, dès le début, on est mis dans l’ambiance directement puis ça n’arrête pas (au moins une vingtaine de scènes érotiques dont quelques unes qui sont quasiment pornographiques, du moins dans les dialogues)…
Le charme absolu des actrices laisse passer la déviance mais l’idée de jouir post un accident de la route a de quoi surprendre  voire révulser ; « Crash » n’est pas du tout un film tous publics et est réservé à des cinéphiles avertis et ouverts, Cronenberg donne une approche intellectuelle de la déviance qu’il filme et applique une froideur, un côté frontal comme dans ses premiers films, il n’y a aucun humour dans « Crash » et en même on n’est pas là pour regarder un film d’Aldo Maccione, mais fichtre ça barde méchamment !
Un élément scénaristique semble bizarre, pourquoi James et Catherine suivent Vaughan chez lui après l’arrivée de la police lors de la compétition de cascades, logiquement ils auraient dû rentrer chez eux…
Deborah Kara Unger est vraiment magnifique, elle possède une classe, un charisme tels que ça fait drôle de voir que c’est elle la plus perverse de tous, elle donne un dialogue à James Spader complètement hallucinant (que je vous laisse découvrir si vous voyez le film) mais elle se traine dans l’opprobre verbalement comme on a rarement entendu au cinéma !
« Crash » reste techniquement une leçon de mise en scène (la voiture encastrée dans le bus, les séquences de balcons chez James et Catherine sont magnifiques, avec la vue sur la route et toutes ces voitures) et même le générique de début intrigue avec la belle musique envoutante et entêtante de Howard Shore…
S’il y a bien un film insolite du milieu des années quatre-vingt- dix c’est celui-ci, « Crash » donne une approche inclassable et fantastique du panel des émotions sexuelles et par le biais de son originalité, il surprend le spectateur de bout en bout…
Remarquablement interprété (et ça n’a pas dû être facile de diriger les comédiens), réalisé avec soin et doté d’une crédibilité totale lors des accidents (je ne pense pas qu’il y ait eu d’effets numériques), « Crash » est une œuvre à part, très dure par moments mais qui laisse un souvenir indélébile ; peu de films sont allés aussi loin pour exprimer une déviance sexuelle de cet ordre (faire l’amour avec le levier d’un accident de voiture), une fois de plus Cronenberg nous prouve son génie et sa façon d'appréhender le cinéma, les décennies passent mais sa vision du septième art est toujours aussi passionnante…
Un vrai coup de maitre à visionner sous les réserves énoncées plus haut, il faut avoir le cœur bien accroché !
Note : 9/10











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