AMOUR
ET MORT DANS LE JARDIN DES DIEUX
de
Sauro Scavolini
1972
Italie
avec
Erika Blanc, Ezio Marano, Peter Lee Lawrence, Orchidea de Santis, Rosario
Borelli, Carla Mancini
Drame
expérimental/Giallo atypique
89
minutes
Blu
ray édité chez Le Chat qui fume
Photographie
de Romano Scavolini
aka
Amore et morte nel giardino degli dei
Synopsis :
Ville
de Spoleto, Italie, début des années soixante-dix…
Une
femme nommée Azzura vit dans une luxueuse villa à côté d’un parc, non loin d’une
forêt, elle est dépressive et pratique des séances de psychanalyse où son
psychiatre enregistre les diverses discussions lors des séances et entretiens
avec elle…
Azzura
fait une supposée tentative de suicide, on la retrouve totalement nue dans sa
baignoire, avec ses poignets ouverts…
Martin,
un vieil homme qui sillonne la région, est ornithologue ; il prend des
cris d’oiseaux dans un parc et les enregistre sur un microphone afin de les
étudier…
Un
jour, Martin, découvre au fond d’un buisson, des bandes magnétiques abimées et
chiffonnées ; curieux, il décide de restaurer les bandes et après il les écoute !
Le
film revient par flashbacks et nous fait découvrir Manfredi, le frère d’Azzura ;
cet homme est colérique et entretient une relation quasi incestueuse avec sa sœur,
il est également très jaloux et veut contrôler les relations masculines qui
gravitent autour d’Azzura (c’est une très belle femme et elle ne laisse pas
insensible les hommes)…
Un
pianiste, Timothy, devient l’époux d’Azzura, ce qui met en rage Manfredi…
Une
autre femme, superbe elle aussi, nommée Viola se rend de nombreuses fois au
domicile d’Azzura…
Martin,
l’ornithologue, va découvrir la vérité sur la supposée tentative de suicide d’Azzura,
qui n’en est pas une, mais bel et bien un acte de folie d’une tierce personne
sur la jeune femme !
Manfredi,
atteint d’une névrose, donne une méga engueulade à Azzura, puis il la suit…
Une
hécatombe a alors lieu et Manfredi, pensant tout contrôler et maquiller ses
meurtres pour éviter d’être appréhendé par la police, se rend dans le parc de
la villa d’Azzura…
Alors
qu’il croit parfaire ses meurtres, sa jambe se prend dans un piège à loups et l’immobilise,
fou de douleur et sans personne pour venir à son secours !
Mon
avis :
Unique
film de Sauro Scavolini, le frère de Romano Scavolini, réalisateur de « Cauchemars
à Daytona Beach » et « Exorcisme tragique » et sommité en tant
que chef de la photographie sur ses films, « Amour et mort dans le jardin
des dieux » (quel titre sublime !) peut s’apparenter au style du
giallo, mais de façon très atypique (un peu comme pour « L’œil du
labyrinthe » de Caiano, tourné la même année), ici pas de tueur ganté
comme pour les codifications inhérentes au giallo, mais une histoire tortueuse,
assez difficile à comprendre au début et où le spectateur s’immerge dans des
décors de toute beauté (une recherche graphique indéniable sublime le film, de
plus la qualité du Blu ray du « Chat qui fume » est au summum et c’est
un régal de suivre le film !)…
Aux
deux tiers du film, lorsqu’on comprend la vraie personnalité de Manfredi, là ça
devient super intéressant et la bifurcation scénaristique entamée par Scavolini
rend le film passionnant, il faut donc s’armer de patience et suivre le film
jusqu’à son issue, parce que cela vaut vraiment le coup de s’y attarder…
La
belle Erika Blanc, égérie du film gothique italien (vue notamment dans le « Opération
peur » de Mario Bava) porte l’histoire sur ses épaules et avec le
personnage de Manfredi, ce sont eux deux les clefs de voûte de l’intrigue…
« Amour
et mort dans le jardin des dieux » est un giallo/thriller élitiste et très
insolite qui pourra en déconcerter plus d’un, y compris les cinéphiles aguerris
aux gialli, mais la qualité du scénario, la direction sans faille des acteurs
et surtout ces décors superbes parviennent aisément à susciter et confirmer l’intérêt
pour ce film, qu’on peut qualifier « d’auteur » et qui rajoute une
pierre à l’édifice du genre, par sa disparité et son culot (pas mal d’érotisme
dans le film, mais dans le sens artistique et non graveleux)…
C’est
même un ancêtre du « found footage » avec des bandes de cassettes
audio à la place de bandes vidéos, ce qui est un procédé habile maintes fois
utilisé mais qui redonne énormément de suspense et tient le spectateur en
haleine jusqu’au final particulièrement électrisant…
Sauro
Scavolini a eu l’excellente idée d’avoir choisi de ne rien faire comme ses
prédécesseurs et il remporte l’adhésion par son originalité et la qualité du
travail rendu, on ne peut donc que se féliciter du talent qu’il a déployé et,
en étant patient et en allant au terme du film, on peut dire que c’est une
grande réussite !
Surtout
que le film est totalement inédit et inconnu en France, et que le boulot de l’éditeur
« Le chat qui fume » est phénoménal avec un packaging superbe et deux
bonus d’interviews des actrices principales ; l’image est fabuleuse et d’une
netteté qui fait honneur au film et au travail de Romano Scavolini pour la
photo…
Pour
les cinéphiles friands de curiosités et ouverts aux films insolites, « Amour
et mort dans le jardin des dieux » s’impose comme un must have et une
évidence à le posséder…
C’est
aussi l’occasion et la preuve que le cinéma italien de l’époque regorgeait de
chefs d’œuvres méconnus et pas toujours distribués dans les autres pays d’Europe
qui gagnaient à être réhabilités, quasiment cinquante ans plus tard, ressortir
un tel film en blu ray tient du miracle et « Le chat qui fume » fait
ainsi preuve d’une audace peu commune !
Un
film qui n’a pas trop vieilli et qu’on peut saluer comme « élite » du
giallo, je vous le recommande chaudement et c’est une initiative de la part du « Chat
qui fume » qu’il faut lourdement encourager…
Note :
9/10
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