LA
SAIGNEE
de Claude
Mulot
1971
France/Italie
avec
Gabriele Tinti, Bruno Pradal, Pierre Vassiliu, Charles Southwood, Ewa Swann,
Patty d’Arbanville, Françoise Prévost
86
minutes
Polar
Blu
ray édité chez Le Chat qui fume
Musique
d’Eddie Vartan
Synopsis :
New
York et une ville de la Somme, début des années soixante-dix…
Alors
qu’ils étaient dans la chambre d’un hôtel huppé de New York, un jeune homme et
son amie sont tués à coups de revolver par un mafioso ; juste à ce moment-
là, Thomas Chanard, l’employé de l’hôtel arrivait dans la chambre pour déposer
une boisson au couple, dès qu’il ouvre la porte il découvre le couple abattu et
le mafioso pointe son arme sur lui !
Chanard
a juste le temps de claquer la porte et s’en sort indemne mais il fait une
course effrénée et fonce jusqu’au métro de la ville ; il comprend alors qu’il
sera recherché et qu’il risque inévitablement d’être tué par l’organisation
mafieuse !
Thomas
Chanard quitte alors les Etats-Unis et prend l’avion pour la France, il se
réfugie chez sa mère qui tient un hôtel restaurant dans une petite ville de la
Somme…
Thomas
Chanard est un témoin crucial par rapport à l’agression et au meurtre qu’il a
vu, un homme politique joue sa carrière si le mafioso et sa bande ne sont pas
appréhendés ; l’inspecteur Marvin Hobbart est chargé de
retrouver Chanard, il est devancé par Flaggert, un tueur à gages, les deux
hommes parviennent à retrouver la trace de Thomas et se rendent dans la ville
de la Somme…
Chanard
comprend que s’il veut faire une nouvelle vie en France, il lui faudra trouver
un travail pérenne, or tous ses anciens contacts lui ferment la porte et
refusent de l’embaucher !
Chanard
retrouve Catherine, une superbe femme qu’il a aimée avant de partir aux Etats-Unis,
celle-ci, entre temps a eu un fils avec Thomas…
Flaggert
et Hobbart retrouvent Chanard et le menacent à de multiples reprises !
Mais
l’horreur viendra des anciennes connaissances de Thomas, des chasseurs, qui
vont se liguer contre lui et le frapper violemment à coups de crosses de fusil,
le laissant nu sur la plage, le corps rempli de boue et d’ecchymoses…
L’homme
politique américain étouffe l’affaire auprès des médias et clôt la polémique,
il sera assuré d’être élu aux élections qui lui tenaient à cœur…
Thomas,
blessé mais ayant survécu à sa violente agression, pense être tiré d’affaire…
Lorsqu’il
s’assoit dans un bus, il ne se doute pas que Flaggert est juste derrière lui !
Flaggert
pointe son pistolet, comme pour tuer Thomas !
Mon
avis :
Polar
très atypique (on n’a jamais vu un film pareil dans le panorama du film
policier hexagonal), « La saignée » est une œuvre d’une très grande
richesse, aussi bien sur le plan technique que scénaristique ; dès le
début, on comprend qu’on a affaire à un très grand polar et Claude Mulot manie
sa caméra avec une grande virtuosité et un sens du timing bluffant ; il
sait également parfaitement diriger ses acteurs (Bruno Pradal et Gabriele Tinti
en tête) pour insuffler une crédibilité à son film, qui sort totalement des
codes du cinéma policier de cette époque, il s’en démarque (rien à voir ici
avec les films de Verneuil ou de Melville)…
L’atmosphère
est lourde, oppressante mais en même temps simple et fluide, Claude Mulot a su s’entourer
de son équipe habituelle (il reprenait souvent les mêmes techniciens et les
mêmes scénaristes pour chacun de ses films), le résultat est donc sincère et
ravira sans difficultés les plus exigeants des cinéphiles, grâce au fait que
jamais Mulot ne prend le spectateur pour un imbécile, il se fiche de faire l’argent
mais préfère délivrer son cinéma, son style, qui se différencie de tous les
autres et qui, par conséquent, rénove et réécrit l’histoire du polar…
Il
intègre des éléments christiques (il fallait le faire !) avec le corps nu,
bras en croix de Thomas après son agression, dans la boue avec la bande
malfrats qui le bastonnent, Catherine (magnifique Ewa Swann) semble symboliser
la vie, le retour à une vie meilleure, mais Thomas perd ses repères rapidement
et l’issue sera fatale ; « La saignée » est à la fois un
thriller politique et une quête initiatique, Claude Mulot s’éloigne de ses
films précédents comme « La rose écorchée » (sublime œuvre fantastique)
et se sert de la réalité pour amplifier l’impact que son cinéma va propulser vis-à-vis
du spectateur, c’est donc un film indélébile dans l’histoire du polar et
paradoxalement une œuvre très méconnue, ignorée de tous, mais encore une fois,
heureusement que l’éditeur Le chat qui fume a eu l’excellente idée d’exhumer et
on peut dire qu’ils ont fourni un travail du feu de Dieu !
Ça tient
carrément du miracle et on attendait depuis des lustres de pouvoir revoir ce
film dans des conditions optimales, le résultat est sidérant, on en rêvait, Le
chat qui fume l’a fait !
C’est
maintenant l’occasion de rendre honneur à Claude Mulot et « La saignée »
reste indélébile, gravant d’une pierre blanche le cinéma bis français, Mulot ne
s’est pas trompé et envoie tous les autres réalisateurs dans leur moule et dans
leurs codes, il transgresse et explose toutes les conventions, tous les
pré-établis pour parapher son meilleur film à ce jour, même si « La rose
écorchée » reste son chef d’œuvre...
Merci
au Chat qui fume, vraiment pour le boulot entrepris et pour la transmission aux
cinéphiles de cette pépite…
Il
me tarde de le revoir !
Note :
10/10
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