CRUISING
LA CHASSE
de William
Friedkin
1980
Etats-Unis
avec
Al Pacino, Karen Allen, Paul Sorvino, Joe Spinell, James Remar, Powers Boothe,
Richard Cox, Don Scardino, Jay Acovone
Polar
94
minutes
Recettes
totales au box office américain : environs 20 000 000 dollars
Synopsis :
New
York, début des années quatre- vingts…
La
communauté homosexuelle de la ville est la cible d’un terrible tueur en séries
qui frappe ses victimes avec la lame d’un couteau, des fragments de corps
dépecés sont retrouvés ça et là…
Impuissante
à retrouver le criminel psychopathe responsable de ces forfaits, la police new
yorkaise piétine…
Steve
Burns, une jeune recrue, est mandaté par le capitaine Edelson, pris en tenaille
par le maire, pour infiltrer le milieu gay et trouver le tueur…
Nancy,
la femme de Steve, questionne ce dernier mais Steve a pour consigne de ne rien
dévoiler de sa mission, sous le pseudonyme de John Forbes, il s’installe dans un
appartement proche du quartier où les homos ont pour habitude de venir se
rencontrer…
Son
voisin est Ted Bailey, un gay avec qui il sympathise, pensant trouver des
indices sur les meurtres…
Un
certain Stuart Richards semble être le responsable de ces atrocités…
Un
soir, et après recoupé des informations concordantes sur sa culpabilité, Steve
entraine Stuart dans un parc afin de s’adonner à des jeux sexuels avec lui…
Mon
avis :
On
savait en tant que cinéphiles aguerris depuis longtemps que William Friedkin
était un spécialiste des films chocs, des coups de poings sur pellicule et des
uppercuts filmiques, nul besoin d’évoquer sa carrière, sa réputation s’est
forgée grâce à sa sincérité et son engagement pour produire et réaliser de
nombreux chefs d’œuvre…
Ici,
avec « Cruising la chasse » il s’attaque à un genre qu’il connaît et
maitrise très bien (le polar) mais double la difficulté en intégrant le milieu
homosexuel dans l’intrigue qu’il développe…
Soyons
nets, il n’y est pas allé de main morte et a forcé le trait grossièrement sur
la peinture de la communauté gay américaine, ce qui lui a valu les foudres de
cette dernière à la sortie du film et même le refus de cautionner cela de la
part de Pacino, c’est dire si « Cruising » est un film polémique, qui
a fait et fera encore de nos jours grincer des dents…
L’intrigue
policière, la technique utilisée, le jeu des acteurs, tout est impeccable,
comme à l’accoutumée Friedkin, par sa rigueur et son talent, apporte une
ascension et une plus value au polar du début des années quatre vingt, et outre
la caricature du milieu gay, son film se suit allègrement, bénéficiant d’un
rythme soutenu et prenant…
Friedkin
nous entraine dans une plongée cauchemardesque avec un tueur qui fait penser au
Ténia d’ « Irréversible » et même à Buffalo Bill du « Silence
des agneaux » tourné dix ans plus tard (notamment la séquence des
courriers que découvre Pacino dans la boite à chaussures lorsqu’il
perquisitionne secrètement le domicile du tueur)…
Les
seconds rôles (on retrouve Joe Spinell la même année qu’il a tourné « Maniac »
et même la superbe Karen Allen qui enquillera dans « Les aventuriers de l’arche
perdue » l’année suivante ainsi que Powers Boothe dans un rôle de
figuration et James Remar –le psychopathe de « 48 heures » de Walter
Hill- en gay violent et désaxé), bref, que du beau monde, pour un film très
poisseux et plutôt anxiogène, à ne réserver uniquement qu’à un public averti…
Parfois
provoquant la nausée (les pelles roulées, les coups de fouet, la nudité
cradingue et surtout la scène du peep show par vidéo –j’ai même pensé à « New
york ripper » de Fulci), « Cruising » doit se vivre comme une
expérience de cinéma extrême, ce qui n’enlève nullement ses qualités et la
puissance qu’il déploie…
Ultra
couillu et atypique pour son époque, « Cruising » fait figure d’avant-garde
du film policier et a bâti toute une flopée d’autres métrages qui dévient de la
norme classique, ce qui le place, au final, comme un très grand polar, à la
fois réaliste et ambigu sur le thème très spécial qu’il aborde…
Une
bombe dégoupillée, saurez- vous la saisir ?
Note :
10/10
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