samedi 16 avril 2016

CRUISING La chasse de William Friedkin, 1980

CRUISING LA CHASSE
de William Friedkin
1980
Etats-Unis
avec Al Pacino, Karen Allen, Paul Sorvino, Joe Spinell, James Remar, Powers Boothe, Richard Cox, Don Scardino, Jay Acovone
Polar
94 minutes
Recettes totales au box office américain : environs 20 000 000 dollars
Synopsis :
New York, début des années quatre- vingts…
La communauté homosexuelle de la ville est la cible d’un terrible tueur en séries qui frappe ses victimes avec la lame d’un couteau, des fragments de corps dépecés sont retrouvés ça et là…
Impuissante à retrouver le criminel psychopathe responsable de ces forfaits, la police new yorkaise piétine…
Steve Burns, une jeune recrue, est mandaté par le capitaine Edelson, pris en tenaille par le maire, pour infiltrer le milieu gay et trouver le tueur…
Nancy, la femme de Steve, questionne ce dernier mais Steve a pour consigne de ne rien dévoiler de sa mission, sous le pseudonyme de John Forbes, il s’installe dans un appartement proche du quartier où les homos ont pour habitude de venir se rencontrer…
Son voisin est Ted Bailey, un gay avec qui il sympathise, pensant trouver des indices sur les meurtres…
Un certain Stuart Richards semble être le responsable de ces atrocités…
Un soir, et après recoupé des informations concordantes sur sa culpabilité, Steve entraine Stuart dans un parc afin de s’adonner à des jeux sexuels avec lui…
Mon avis :
On savait en tant que cinéphiles aguerris depuis longtemps que William Friedkin était un spécialiste des films chocs, des coups de poings sur pellicule et des uppercuts filmiques, nul besoin d’évoquer sa carrière, sa réputation s’est forgée grâce à sa sincérité et son engagement pour produire et réaliser de nombreux chefs d’œuvre…
Ici, avec « Cruising la chasse » il s’attaque à un genre qu’il connaît et maitrise très bien (le polar) mais double la difficulté en intégrant le milieu homosexuel dans l’intrigue qu’il développe…
Soyons nets, il n’y est pas allé de main morte et a forcé le trait grossièrement sur la peinture de la communauté gay américaine, ce qui lui a valu les foudres de cette dernière à la sortie du film et même le refus de cautionner cela de la part de Pacino, c’est dire si « Cruising » est un film polémique, qui a fait et fera encore de nos jours grincer des dents…
L’intrigue policière, la technique utilisée, le jeu des acteurs, tout est impeccable, comme à l’accoutumée Friedkin, par sa rigueur et son talent, apporte une ascension et une plus value au polar du début des années quatre vingt, et outre la caricature du milieu gay, son film se suit allègrement, bénéficiant d’un rythme soutenu et prenant…
Friedkin nous entraine dans une plongée cauchemardesque avec un tueur qui fait penser au Ténia d’ « Irréversible » et même à Buffalo Bill du « Silence des agneaux » tourné dix ans plus tard (notamment la séquence des courriers que découvre Pacino dans la boite à chaussures lorsqu’il perquisitionne secrètement le domicile du tueur)…
Les seconds rôles (on retrouve Joe Spinell la même année qu’il a tourné « Maniac » et même la superbe Karen Allen qui enquillera dans « Les aventuriers de l’arche perdue » l’année suivante ainsi que Powers Boothe dans un rôle de figuration et James Remar –le psychopathe de « 48 heures » de Walter Hill- en gay violent et désaxé), bref, que du beau monde, pour un film très poisseux et plutôt anxiogène, à ne réserver uniquement qu’à un public averti…
Parfois provoquant la nausée (les pelles roulées, les coups de fouet, la nudité cradingue et surtout la scène du peep show par vidéo –j’ai même pensé à « New york ripper » de Fulci), « Cruising » doit se vivre comme une expérience de cinéma extrême, ce qui n’enlève nullement ses qualités et la puissance qu’il déploie…
Ultra couillu et atypique pour son époque, « Cruising » fait figure d’avant-garde du film policier et a bâti toute une flopée d’autres métrages qui dévient de la norme classique, ce qui le place, au final, comme un très grand polar, à la fois réaliste et ambigu sur le thème très spécial qu’il aborde…
Une bombe dégoupillée, saurez- vous la saisir ?

Note : 10/10




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