GROS DEGUEULASSE
De Bruno Zincone
1985
France
Avec Maurice Risch, Jackie Sardou, Martin
Lamotte, Florence Guérin, Pascale Roberts, Régis Laspales, Nathalie Galan
82 minutes
Comédie dramatique
D’après la bande dessinée de Reiser
Synopsis :
Banlieue parisienne, milieu des années
quatre-vingts…
Un homme de forte corpulence gagne un séjour
dans un pays touristique africain, il a été le client qui a acheté la
milliardième boite de cassoulet d’une marque célèbre…
Très vite, son attitude grivoise voire
graveleuse répugne les vacanciers et l’homme est mis dehors de l’hôtel où il
séjournait…
De retour chez lui, le « gros
dégueulasse » multiplie les outrances et les obscénités, notamment
vis-à-vis des femmes, pensant pouvoir retenir leur attention…
Il fait une esclandre dans un restaurant
alsacien, visite un zoo, va dans une halle commerçante et ses pérégrinations
lubriques ne mènent à rien, sinon à susciter l’outrance de la part des quidams
qu’il croise…
L’homme se pose des questions sur son
existence, sur son devenir et multiplie les rejets des autres vis-à-vis de lui…
Un soir, assis à sa table, il se trouve
désespéré…
Mon avis :
Le moins que l’on puisse dire c’est que le
rôle et l’adaptation de ce personnage étaient loin d’être donnés à tout le
monde et Maurice Risch s’en sort à merveille, donnant du relief et de
l’empathie à ce « Gros
dégueulasse » version cinéma, il n’a peur de rien et la densité de son
interprétation donne un côté dramatique, presque nihiliste au métrage…
Multipliant les séquences grivoises et les
quiproquos libidineux, le « gros dégueulasse » est rejeté sans
discontinuer, s’enfermant ainsi dans une misère sexuelle et affective qui le
rend malheureux et dépressif, il garde peu d’espoir de fonder une famille ou
d’avoir une femme et ce désarroi lui semble être insoluble, le film n’est pas
qu’une comédie mais également une œuvre mélancolique et très noire, sur la
condition des personnes victimes de l’exclusion, à l’instar des sans domiciles
fixes ou des gens rejetés par la société…
Personnage iconique et repoussant, avec son
slip kangourou sale, Gros dégueulasse repousse plus qu’il n’attire et la
première moitié du film donne dans la franche rigolade voire l’hilarité (la
scène de la piscine, les mains aux fesses à répétition, les vannes lourdes et
sexistes), il ne faut surtout pas prendre « Gros dégueulasse » au
premier degré mais « s’insérer » dans l’histoire, qui est aussi une
peinture de la société de consommation des années quatre-vingts et de
l’opulence de la France avant la crise…
Certaines séquences sont limites (la scène
des flatulences) d’autres plus touchantes (le rêve avec le manège, le baby
sitting), Maurice Risch y croit et se donne à fond, il propulse sa composition
dans un niveau digne des plus grands et les loghorrées dont il fait preuve nous
prouvent qu’il a un réel talent, presque théâtral…
Pléthore de pin-ups émaillent le film comme
Nathalie Galan (ex playmate des années 1985/1986) ou Florence Guérin
(comédienne aperçue dans « Le déclic » ou « Les prédateurs de la
nuit » de Jess Franco), on y voit dans de petits rôles Pascale
« Wanda de PBLV » Roberts ou Jackie Sardou en vendeuse de fruits et
légumes dans un passage vraiment « Harakirien »…
Laspalès en agent de police et Martin Lamotte
en maître-nageur contribuent à donner de la vigueur dans ce film où le temps
passe vite et où on ne s’ennuie pas…
L’issue laisse un goût amer comme si tous ces
excès n’avaient, au final, servis à rien, c’est l’esprit de Reiser où l’on rit
parfois jaune dans toute sa splendeur…
Toutefois, « Gros dégueulasse »
n’est pas à montrer à tous les yeux, malgré sa franchise de ton et son côté
gouailleur totalement décomplexé…
Il s’adresse à un public de cinéphiles
ouverts et sa marginalité totale pourra rebuter…
Note : 8/10
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