ROSA
LA ROSE FILLE PUBLIQUE
de Paul
Vecchiali
1985
France
Avec
Marianne Basler, Catherine Lachens, Evelyne Buyle, Noël Simsolo, Pierre Cosso,
Jean Sorel
Chronique
de moeurs
84
minutes
Synopsis :
Quartier
des Halles, milieu des années quatre-vingts…
Rosa,
prostituée, accumule les passes et rencontre un franc succès auprès de ses
clients, la jeune femme est pure et accepte tous les fantasmes, mêmes les plus
saugrenus, « Quarante » et « Trente- cinq » deux autres
péripatéticiennes, ont bien du mal à faire défiler les hommes dans leurs
chambres, c’est Rosa qui rafle tout, eu égard à sa beauté et à sa jeunesse…
Rosa
fête ses vingt ans dans un restaurant tenu par Jeannot ; Gilbert, son
souteneur, est présent, ainsi que tous ses amis et connaissances…
Julien,
un peintre, pénètre dans le restaurant alors que Rosa effectue une danse pour
remercier les convives, c’est le coup de foudre !
Les
deux jeunes gens tombent vite follement amoureux l’un de l’autre…
Gilbert
s’aperçoit que Rosa ne veut plus continuer à tapiner pour lui, Rosa décide de
vivre sa vie comme elle l’entend et la relation avec Julien est passionnée et
folle…
Un
soir, Rosa, devenue dépressive, manque de se faire égorger par un déséquilibré
ivre, elle s’en sort par miracle…
Un
jeune étudiant à qui elle refusait des passes finit par se faire déniaiser par
la belle, après leur acte d’amour, Rosa lui demande de la poignarder, pensant « qu’une
chance sur deux » pourra la remettre avec Julien et que Gilbert la
laissera en paix et vaquer à ses motivations…
Mon
avis :
Paul
Vecchiali est un cinéaste appliqué et consciencieux, avec « Rosa la rose,
fille publique » il redonne ses lettres de noblesse au cinéma d’auteur,
fonctionnant en free lance et loin des codifications du cinéma hexagonal
populaire qui fait des millions d’entrée, par conséquent, avec ce film il
délivre un cinéma atypique et insolite, que nombre de spectateurs peu ouverts
pourront rejeter, tant sa singularité et son originalité servent ou desservent
le propos tenu…
Le
thème de la prostitution est peu souvent évoqué au septième art, ici Vecchiali
opte d’éviter la grossièreté et le racolage pour se polariser sur le scénario
et le jeu des acteurs, dirigés dans des saynètes parfaitement mises en scène, à
la fois pudiques et touchantes…
Un
côté théâtral est très prégnant dans « Rosa la rose, fille publique »
et la poésie de cette histoire candide et franche apporte une grande fraîcheur,
un aspect désuet mélangé à un cinéma expérimental caractérise le métrage,
héritier de François Truffaut et qui préfigure même Abdellatif Kechiche, sans la modernité (on est vraiment
dans les années quatre-vingts comme dans des œuvres comme « Escalier C »
ou les films de Zulawski –sans leur excentricité-)…
Marianne
Basler calcule intelligemment le potentiel de son physique et joue de telle
manière que l’on oublie vite ses charmes et sa plastique pour se concentrer sur
la déclinaison qu’elle fait de Rosa dans l’histoire, elle s’en sort à merveille…
Il y
a une exigence dans le réalisme de certaines séquences (le sexe de l’étudiant
est montré à maintes reprises et son physique de demie portion est plutôt
déplaisant) mais aussi le passage avec l’agresseur ivre mort témoigne bien de
la volonté de la part de Vecchiali de faire un film qui sort des normes,
éloigné des standards ; une sur-ouverture de la part des spectateurs est
donc nécessaire pour appréhender « Rosa la rose fille publique »,
passée cette acceptation le film se suit bien et l’intrigue est digne du plus
grand intérêt…
Le
DVD sorti récemment (en 2015) est très beau, avec un packaging digipack et un
transfert totalement remastérisé pour l’occasion…
Si
vous aimez la franchise au cinéma, les histoires d’amour impossibles et les
films au climat bizarre, je vous recommande « Rosa la rose, fille publique »,
il y a nombre de qualités et une rigueur dans la réalisation que l’on ne peut
enlever à Vecchiali, après il vous faudra vous armer de la plus grande tolérance
car il s’agit d’un film d’auteur pur jus…
Personnellement,
je pense que c’est ce genre de films qui fait avancer le schmilblick et le
cinéma français, il évite et refuse de se cantonner dans des histoires qui
veulent trop plaire pour amasser le maximum d’argent, ici, Vecchiali s’en fiche
si le film ne rapporte pas beaucoup, il est sincère et suit sa route comme il l’entend,
ça passe ou ça casse, et c’est tout à son honneur…
Note :
7/10
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