dimanche 19 juin 2016

Rosa la rose, fille publique de Paul Vecchiali, 1985

ROSA LA ROSE FILLE PUBLIQUE
de Paul Vecchiali
1985
France
Avec Marianne Basler, Catherine Lachens, Evelyne Buyle, Noël Simsolo, Pierre Cosso, Jean Sorel
Chronique de moeurs
84 minutes
Synopsis :
Quartier des Halles, milieu des années quatre-vingts…
Rosa, prostituée, accumule les passes et rencontre un franc succès auprès de ses clients, la jeune femme est pure et accepte tous les fantasmes, mêmes les plus saugrenus, « Quarante » et « Trente- cinq » deux autres péripatéticiennes, ont bien du mal à faire défiler les hommes dans leurs chambres, c’est Rosa qui rafle tout, eu égard à sa beauté et à sa jeunesse…
Rosa fête ses vingt ans dans un restaurant tenu par Jeannot ; Gilbert, son souteneur, est présent, ainsi que tous ses amis et connaissances…
Julien, un peintre, pénètre dans le restaurant alors que Rosa effectue une danse pour remercier les convives, c’est le coup de foudre !
Les deux jeunes gens tombent vite follement amoureux l’un de l’autre…
Gilbert s’aperçoit que Rosa ne veut plus continuer à tapiner pour lui, Rosa décide de vivre sa vie comme elle l’entend et la relation avec Julien est passionnée et folle…
Un soir, Rosa, devenue dépressive, manque de se faire égorger par un déséquilibré ivre, elle s’en sort par miracle…
Un jeune étudiant à qui elle refusait des passes finit par se faire déniaiser par la belle, après leur acte d’amour, Rosa lui demande de la poignarder, pensant « qu’une chance sur deux » pourra la remettre avec Julien et que Gilbert la laissera en paix et vaquer à ses motivations…
Mon avis :
Paul Vecchiali est un cinéaste appliqué et consciencieux, avec « Rosa la rose, fille publique » il redonne ses lettres de noblesse au cinéma d’auteur, fonctionnant en free lance et loin des codifications du cinéma hexagonal populaire qui fait des millions d’entrée, par conséquent, avec ce film il délivre un cinéma atypique et insolite, que nombre de spectateurs peu ouverts pourront rejeter, tant sa singularité et son originalité servent ou desservent le propos tenu…
Le thème de la prostitution est peu souvent évoqué au septième art, ici Vecchiali opte d’éviter la grossièreté et le racolage pour se polariser sur le scénario et le jeu des acteurs, dirigés dans des saynètes parfaitement mises en scène, à la fois pudiques et touchantes…
Un côté théâtral est très prégnant dans « Rosa la rose, fille publique » et la poésie de cette histoire candide et franche apporte une grande fraîcheur, un aspect désuet mélangé à un cinéma expérimental caractérise le métrage, héritier de François Truffaut et qui préfigure même Abdellatif  Kechiche, sans la modernité (on est vraiment dans les années quatre-vingts comme dans des œuvres comme « Escalier C » ou les films de Zulawski –sans leur excentricité-)…
Marianne Basler calcule intelligemment le potentiel de son physique et joue de telle manière que l’on oublie vite ses charmes et sa plastique pour se concentrer sur la déclinaison qu’elle fait de Rosa dans l’histoire, elle s’en sort à merveille…
Il y a une exigence dans le réalisme de certaines séquences (le sexe de l’étudiant est montré à maintes reprises et son physique de demie portion est plutôt déplaisant) mais aussi le passage avec l’agresseur ivre mort témoigne bien de la volonté de la part de Vecchiali de faire un film qui sort des normes, éloigné des standards ; une sur-ouverture de la part des spectateurs est donc nécessaire pour appréhender « Rosa la rose fille publique », passée cette acceptation le film se suit bien et l’intrigue est digne du plus grand intérêt…
Le DVD sorti récemment (en 2015) est très beau, avec un packaging digipack et un transfert totalement remastérisé pour l’occasion…
Si vous aimez la franchise au cinéma, les histoires d’amour impossibles et les films au climat bizarre, je vous recommande « Rosa la rose, fille publique », il y a nombre de qualités et une rigueur dans la réalisation que l’on ne peut enlever à Vecchiali, après il vous faudra vous armer de la plus grande tolérance car il s’agit d’un film d’auteur pur jus…
Personnellement, je pense que c’est ce genre de films qui fait avancer le schmilblick et le cinéma français, il évite et refuse de se cantonner dans des histoires qui veulent trop plaire pour amasser le maximum d’argent, ici, Vecchiali s’en fiche si le film ne rapporte pas beaucoup, il est sincère et suit sa route comme il l’entend, ça passe ou ça casse, et c’est tout à son honneur…

Note : 7/10





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