BOYZ N THE HOOD
de John
Singleton
1991
Etats
unis
avec
Laurence Fishburne, Ice Cube, Cuba Gooding Jr, Angela Bassett, Morris Chestnut,
Nia Long
Etude
sociale
102
minutes
Budget :
6 500 000 dollars
Box-office
aux Etats-Unis : 57 504 069 dollars
Synopsis :
Ville
de Los Angeles, Etats-Unis, de 1984 à 1991…
Tre
Styles est un jeune garçon qui reçoit une solide éducation de la part de sa
mère, son père est séparé du domicile familial mais Tre le voit chaque weekend ;
à la suite d’une bagarre en pleine classe, Tre est renvoyé de son école ;
sa mère décide alors de l’envoyer vivre avec son père, Jason dit « Furious »,
qui, lui aussi, donne une éducation intransigeante à Tre, ne voulant pas le
voir tomber dans la délinquance…
Darin
et Ricky Baker sont les copains de Tre et les jeunes font les quatre cent
coups, la mère de Ricky et Darin semble dépassée ; un jour Darin est
arrêté par la police, à la suite d’un vol…
Sept
années s’écoulent et nous retrouvons Tre, vivant toujours chez son père ;
Brandi, la petite amie de Tre, refuse d’avoir des rapports sexuels avant le
mariage, mais Tre veut s’en sortir et s’intégrer au sein de la société, il
pratique le football américain, et il reçoit un coach financier afin d’intégrer
une prestigieuse université…
Darin
Doughboy surnommé « Gras du bide » et Ricky Baker, son frère, quant à
eux, continuent leurs frasques, au grand désespoir de leur mère Brenda ;
lors d’une virée nocturne, Darin a maille à partir avec d’autres jeunes d’un
gang adverse, il les menace en leur montrant son arme, cachée sous son blouson,
une fusillade, avec des rafales de Uzi tirées en l’air, sème la panique, Darin,
Ricky et Tre quittent le lieu à toute vitesse mais ils sont dans la collimateur
du chef de la bande adverse, reconnaissable à son bonnet des Chicago Bulls…
Tout
va alors basculer lorsque Ricky est abattu ; Darin n’aura plus qu’un seul
objectif : tuer l’intégralité des commanditaires du meurtre de son frère…
Pendant
ce temps, Tre, avec la rage de s’en sortir, suit les conseils de son père Jason
et ne répond pas à la violence par la violence, son père l’empêche de prendre
une arme et de quitter la maison…
Le
film suit le parcours de ces jeunes et Singleton dresse un constat très
réaliste de la difficulté d’intégration lorsque l’on est issu d’un quartier
difficile…
Mon
avis :
Œuvre
très réaliste et réalisée par un cinéaste prodige (John Singleton n’a que 22
ans lorsqu’il tourne « Boyz n the hood), ce film se démarque de tous les
autres par sa crédibilité et sa fougue, mais en même temps, il faut reconnaître
qu’il y a un côté extrêmement dramatique avec des passages qui insufflent une
émotion intense et surtout, très inhabituel pour ce genre de films, il fait
couler les larmes…
La
scène où Tre et Darin apportent le cadavre de Ricky au domicile de sa mère,
outre le fait qu’il s’agisse d’une fulgurance, ne pourra laisser personne de
marbre ; ce passage est simplement bouleversant et traduit bien la
détresse, cette détresse lorsqu’on perd un proche, et c’est d’autant plus
rageant qu’il s’agit d’une guerre des gangs et là, Singleton frappe très très
fort !
Tout
dans « Boyz n the hood » configure à en faire LE film sur la
délinquance et la guerre des fratries dans la banlieue défavorisée de Los
Angeles, Singleton a vécu de l’intérieur ces situations et il n’y a rien d’anodin
à dire que son film est autobiographique…
Les
antagonistes sont à la fois bienveillants (le père et la mère de Tre, voulant
doter leur fils d’un avenir favorable, ils font tout pour lui inculquer les
préceptes d’une vie rangée et nickel chrome) mais les « copains »
sont toujours partis et partants pour faire les pires conneries (Ice Cube
incroyable, c’est peut- être le rôle de sa carrière !) ; John
Singleton ne tombe jamais dans les clichés mais décide bel et bien de montrer
la réalité au quotidien et son film est visionnaire car il anticipe les émeutes
qui eurent lieu un an après la sortie de « Boyz n the hood », il
propulse déjà les personnages dans un cauchemar latent qui va se muter en
réalité et nul ne semble savoir comment endiguer ce flot de violence, émulation
d’une jeunesse qui se cherche et qui semble ne trouver comme catharsis et
échappatoire que dans cette guerre de gangs qui gangrène et tue les habitants
des quartiers…
A la
violence, les trois quarts d’entre eux répondent par la violence, Singleton met
en lumière très intelligemment cette équation avec « Boyz n the hood »
et cela fait froid dans le dos…
Le
film part de 1984 puis après en 1991, nous retrouvons les mêmes personnages et
très peu de choses ont évolué au niveau sociétal (Darin a fait de la prison,
Tre fait toujours tout et déploie toujours autant d’efforts pour s’en sortir,
mais il y a une nouveauté, les filles et d’ailleurs « Boyz n the hood »
fera hurler les ligues féministes avec des répliques hyper sexistes, toujours
malheureusement d’actualité mais qui s’avèrent répréhensibles de nos jours)…
A
proprement parler, « Boyz n the hood » est moins un polar testostéroné
qu’une chronique de mœurs, on est loin de films comme « New Jack city »
ou « Colors », John Singleton a préféré nous montrer une tranche de vie
sur plusieurs années de cette frange sociétale américaine, il dresse un état
des lieux radical mais nécessaire pour nous faire comprendre dans quel pétrin
ces gens se sont mis…
L’interprétation
(de Laurence Fishburne à Angela Bassett et Cuba Gooding jr.) sonne très juste, « Boyz
n the hood » est un film violent et dur, mais le réalisme qu’il dégage
donne une immense crédibilité et donc de l’intérêt pour qu’on s’attache
immédiatement à tous les acteurs et actrices, c’est un sans- faute de la part
de John Singleton…
Au
niveau de la technique, la caméra est virtuose et c’est vraiment balaise pour
un premier film, avec une bande sonore qui colle bien à l’esprit du rap des
années quatre-vingt-dix, non là franchement on a là le meilleur film du genre,
traité avec intelligence et sans le moindre pathos et qui va frontalement pour
donner la vision d’un portrait abrupt et sans concessions…
« Boyz
n the hood » est une bombe, un film sociétal essentiel qui a tout compris
au sujet qu’il traite et qui dresse une réflexion d’une justesse imparable, il
est impératif de voir ce film pour comprendre la société américaine et ce qu’endure
cette population de laissés pour compte…
De
plus, il n’y a paradoxalement pas trop de misérabilisme (les jeunes s’amusent,
font des barbecues) mais lorsque la violence tombe et que les balles pleuvent, cela
ramène les protagonistes dans une situation cauchemardesque avec quasiment
aucune issue, sinon la mort…
« Boyz
n the hood » est un chef d’œuvre à méditer, un coup de maitre absolu du
cinéma d’outre Atlantique, Singleton a frappé très fort !
Note :
9/10
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