TCHAO
PANTIN
de Claude
Berri
1983
France
avec
Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri
Drame/Chronique
de mœurs
100
minutes
Décors
d’Alexandre Trauner
Musique
de Charlélie Couture
D’après
le roman éponyme d’Alain Page
Synopsis :
Paris,
dans le dix-huitième arrondissement, années quatre-vingts…
Lambert,
un employé d’une station-service, travaille de nuit, il est porté sur la
boisson et souffre de dépression, c’est un ancien policier qui a perdu son fils
d’une overdose…
Un
soir, Youseff Bensoussan, un jeune délinquant, se réfugie dans la
station-service de Lambert, pour éviter un contrôle de police ; les deux
hommes, à force de discussions, se lient d’amitié, Lambert, faisant un
transfert avec son fils décédé…
Lambert
et Bensoussan sont amenés à se revoir et Bensoussan montre son logement à
Lambert, il lui fait croire qu’il vend des motos…
Bensoussan
est en fait un dealer qui se fait exploiter par Rachid, un tenancier d’un bar
mal famé ; un jour, une affaire de transaction de drogue tourne mal et
Bensoussan est tué, sous les yeux de Lambert…
L’officier
de police Bauer, rend visite à Lambert mais n’obtient aucun renseignement de sa
part ; Lola, une des amies de Youseff, est une jeune punk, lors d’un concert
au Gibus, Lambert fait sa connaissance alors qu’il cherchait des informations
sur la mort de Youseff…
Lambert,
dévasté par la mort de Youseff, n’a plus qu’une seule idée en tête :
venger le jeune homme !
Lambert
se rend alors au bar de Rachid, une fois la fermeture, il le frappe et casse
son bistrot en y mettant le feu…
Alors
que Lola élit domicile chez Lambert, cette dernière veut le dissuader de faire
une erreur…
Finalement,
Lambert et Lola décident de quitter Paris pour entamer une nouvelle vie, l’issue
ne se va se passer comme ils le souhaitaient…
Mon
avis :
« Tchao
Pantin » est un film magnifique, à tous les niveaux ; Coluche, dans
un rôle à contre-emploi, tient sa meilleure composition, le film nous permet
également de révéler Richard Anconina, tout sonne juste, l’histoire, les
décors, l’ambiance et l’aura dégagée ; ce postulat de vendetta est
magnifiée par le côté « humain » qui se révèle tout le long du film
(Coluche a perdu son fils d’une overdose, il voit comme une rédemption le fait
de venger la mort de Youseff, comme si cela apaiserait sa conscience, lui qui
pense avoir failli dans l’éducation de son fils), les seconds rôles sont très
attachants (Agnès Soral, magnifique, Léotard en flic est formidable) ; « Tchao
Pantin » est une plongée dans les quartiers louches du dix- huitième
arrondissement parisien, tout y est, les bars sordides, la boite du Gibus (avec
un concert de Gogol 1er et sa horde), la faune patibulaire des nuits
parisiennes, Trauner (immense décorateur qui a travaillé avec Orson Welles) a
su retranscrire toute cette ambiance avec des intérieurs craspecs aux papiers
peints sales, ces bars au zinc crasseux avec sa clientèle de toxicomanes…
Coluche,
dans son rôle de pompiste dépressif, est sidérant de justesse, il n’a pas volé
son César (et Berri l’avait anticipé, voulant absolument que son film sorte en
décembre 1983 pour qu’il puisse concourir aux Césars 1984, il pressentait que
Coluche obtiendrait sa récompense)…
« Tchao
Pantin » est presque nihiliste tant il y a peu d’espoir dans ce film, c’est
une peinture de la détresse, de la désespérance, mais la mise en scène sait
sonner réaliste pour que le spectateur s’attache rapidement aux personnages, à
aucun moment Berri ne rend antipathique Lambert ou Youseff, on se prendrait
même d’empathie et d’affection pour eux, leur « amitié » est très
atypique mais le ton adopté par Berri la rend crédible…
Le
final est bouleversant, on est collapsé et il n’est pas exclu de verser une
larme tant l’intensité et la gravité sont frontales, on se prend ça en pleine
tronche et il faut bien dix minutes pour s’en remettre…
« Tchao
Pantin » est une réussite totale, un chef d’œuvre du cinéma dramatique
hexagonal ; la singularité de la mise en scène, la précision du scénario
et l’authenticité des personnages en font un film inoubliable qui marqua de son
empreinte le cinéma du début des années quatre- vingts français…
Un
film essentiel dans la carrière de Coluche qui lui permit de prouver qu’il
pouvait aussi jouer autre chose que des personnages de clowns après ses
pitreries précédentes, c’est SON film, celui qui dévoile une autre facette de l’humoriste,
à des milliers de kilomètres de ce qu’on connaissait de lui, il est bluffant…
Anconina,
tout comme Agnès Soral, offrent des seconds rôles superbes, humains à l’extrême,
mais « Tchao Pantin » est un film qui ne fait pas de cadeau, c’est
avant tout un drame, une tragédie même…
Berri
signe ici peut être son meilleur film, « Tchao Pantin » marque le
spectateur de façon indélébile, c’est net !
Note : 9.5/10
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