BEAU-PERE
de Bertrand
Blier
1981
France
Avec
Patrick Dewaere, Ariel Besse, Nicole Garcia, Nathalie Baye, Maurice Ronet,
Maurice Risch
121
minutes
Chronique
dramatique intimiste
Ecrit
par Bertrand Blier
Edité
en DVD chez studiocanal video
Synopsis :
France,
banlieue parisienne, début des années 80…
Rémi,
un trentenaire vit avec Martine, sa compagne depuis huit ans, il s’agit d’une
famille recomposée, il y a Marion, une adolescente de 14 ans, au sein du foyer…
Martine
décède brutalement dans un accident de voiture, le père de Marion arrive pour
récupérer et ramener sa fille chez lui mais cette dernière est malheureuse avec
lui et n’a qu’un seul souhait : rester auprès de Rémi…
Après
une fugue, Marion s’installe avec Rémi, la jeune fille éprouve des sentiments
très forts pour lui, aussi bien au niveau affectif que sexuel…
Refusant
d’abord les avances répétées de Marion, Rémi finit par l’embrasser et couche
plusieurs fois avec elle…
Mon
avis :
« Beau-père »
traite d’un sujet douloureux et délicat, très peu exploité au cinéma, du moins
de cette façon, la pédophilie, mais Blier est malin et sensible, ici aucune
outrance ni vulgarité mais une succession de saynètes simples dans des décors
épurés et un jeu d’acteur respectueux et pudique…
Dewaere
est habité par son rôle comme dans la plupart de ses films et la jeune Ariel
Besse étonnante de professionnalisme et d’intelligence, il faut un grand
courage pour endosser son personnage loin des lolitas décérébrées que l’on
avait l’habitude de voir, elle représente Marion, le personnage central du
métrage, celle par qui tout arrive, c’est elle le vecteur de l’intrigue et de
cette histoire d’amour quasi impossible mais rendue attachante par un Blier au
firmament…
Les
seconds rôles sont à la fois distants et proches de Rémi, notamment le
contrebassiste et son épouse ou les deux femmes qui apparaissent au début et au
final du film (Nicole Garcia et Nathalie Baye, la veuve qui ouvrira les yeux de
Dewaere et par conséquent le sauvera de sa relation folle avec Marion)…
L’escapade
à Courchevel permet de confirmer l’amour fou entre Rémi et Marion, tour à tour
passionné et d’une tentation quasi irréelle, Blier pose sa caméra et laisse
aller ses personnages dans une lente mais efficiente love story insolite qui
pourra encore de nos jours paraître déplacée voire illégale mais « Beau-père »
n’est jamais un film obscène ou pédophile dans le sens « pornographique »
du terme, c’est plus un drame passionnel où gravitent des protagonistes paumés
et sans repères…
Le
repère, justement, aussi bien pour le spectateur que pour Rémi, c’est Marion ;
Rémi a tout perdu, sa femme, son travail de pianiste, il vit dans un
environnement délétère qui n’a que peu de sens pour lui, et dès qu’il intègre
le fait que Marion est amoureuse de lui, sa vie change mais heureusement pour
la bienséance, de façon partielle et éphémère…
Ce n’est
que lorsque sa raison regagne sa place et la rencontre avec Nathalie Baye que
sa conscience reprend ses droits et qu’il retombe sur ses pieds…
Finement
joué et assumé totalement par Bertrand Blier, « Beau-père » est une œuvre
dérangeante mais à l’histoire suffisamment bien ficelée qui évolue en flux
tendu par son côté scabreux mais qui demeure le témoignage d’un très bon
cinéma, osé et talentueux…
Il
faut être ouvert cinématographiquement pour le visionner mais « Beau-père »
est une grande performance dramatique, à contre-courant du cinéma traditionnel,
Blier a une nouvelle fois entrepris un pari risqué qu’il a gagné haut la main…
C’est
le genre de metteurs en scène qui rend honneur au cinéma hexagonal, nous nous
devons de le souligner…
Note :
9/10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire