BORDERLINE
d’Olivier
Marchal
France
2014
Avec
Bruno Wolkowitch, Jacques Perrin, Patrick Catalifo, Catherine Marchal, Laure
Marsac
TV
film
Polar
Diffusé
sur France 2 le 7 octobre 2015
97
minutes
Synopsis :
Paris,
au siège de la SRPJ, année 2013…
Willie
Blain, un brillant commissaire se retrouve en garde à vue, il est soupçonné de
recel de drogue, de complicité avec le milieu et d’homicide involontaire…
Le
film retrace son parcours, de l’arrestation à son domicile devant ses enfants
et son épouse, de son arrivée à la brigade des stupéfiants, de son
interrogatoire avec sa hiérarchie, sa garde à vue est vécue comme une
humiliation lui qui était un élément brillant, ses interlocuteurs restant
inflexibles et souhaitant remonter avec la filière mafieuse coûte que coûte…
Le
directeur de la cellule, Monsieur Dahan, est acculé par le ministre de l’intérieur
et souhaite obtenir des résultats très vite, la condamnation de Blain semblant
inéluctable…
Lui
et son collègue, autre éminent policier, étaient sur écoute téléphonique depuis
près de deux ans, l’étau se resserre sur les deux hommes de façon implacable…
Un
des flics sort de garde à vue Noella, une hôtesse du Cindy club qui est
également la maitresse de Blain, cette dernière se tranche les veines avec un
couteau volé dans une brasserie…
L’issue
pour Blain sera bien pire que ce qu’il avait escompté…
Mon
avis :
« Borderline »
est inspiré d’une histoire vraie, celle du commisaire Neyret, impliqué dans une
fraude gigantesque et d’un abus de pouvoir qui l’ont poussé à se mettre en
relation complice avec des truands du milieu, le deal est simple, il « arrose »
des truands soit par le biais de versement d’argent ou par des détournements de
drogue, afin de pouvoir obtenir des informations cruciales pour ses enquêtes, ces
pratiques sont illégales mais répandues au sein de la police nationale…
Partant
de ce postulat, Olivier Marchal déploie son inventivité et son expérience
personnelle pour réaliser un métrage rude et réaliste où il n’occulte quasiment
rien de ce qu’il a pu voir lors de son passage comme policier auparavant, « Borderline »
bénéficie de dialogues carrés et d’une mise en scène froide parfois
mélancolique ou poignante (le poème récité par la fille de Blain à la fin du
film m’a fait éclater en sanglots !)…
Humain
avant tout, Olivier Marchal, à l’instar de ses précédentes réalisations, garde
toujours sa verve et sa sincérité à mettre en scène des séquences tendues et
efficientes, moins condescendantes que rentre dedans, l’ensemble conserve alors
une grande unité, à la fois spatiale et psychologique…
Le
portrait peint de Frank Serpico érigé au mur du bureau de la divisionnaire met
directement le spectateur dans le bain, la police doit être irréprochable
quoiqu’il en soit et la recherche de la culpabilité de Blain sera impitoyable et sans failles, toute
personne qui baigne dans l’illégalité payera pour ses forfaits, quel qu’il soit
et Olivier Marchal fait bien ressentir cette condition, remontant la vie de
Blain, agrémentée de flashbacks récurrents, comme la perte de l’un de ses
collègues lors d’une intervention musclée avec des braqueurs qui tourne à l’hécatombe…
Certaines
scènes sont touchantes et décalées (la naissance du fils de Blain à la
maternité, sa rencontre avec son collègue des STUPS) mais aussi d’une noirceur
nihiliste propre au cinéma de Marchal (le motard à la scène finale,
impénétrable et glaçante !)…
Encore
une fois, Olivier Marchal nous assène un uppercut avec « Borderline »,
polar de grande gravité et de haut niveau, il nous emmène pour un voyage aller
simple dans les méandres d’une justice implacable et méthodique et pousse très
loin dans le cinéma vérité presque documentaire…
On
sort de « Borderline » assommé et secoué, cela devient bien la marque
de fabrique de Marchal, grand réalisateur qui nous réconcilie irrémédiablement
avec le cinéma français moderne…
A
visionner impérativement, à la fois intéressant pour l’histoire qu’il décline
que pour sa mise en forme graphique…
Note :
10/10
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