SUR
LES QUAIS
d’Elia
Kazan
Etats-Unis
1954
Aka On the waterfront
Avec
Marlon Brando, Eva Marie Saint, Karl Malden, Rod Steiger, Lee J. Cobb
108 minutes
Chronique sociale dramatique
Huit
Oscars en 1954 dont celui du meilleur film
Lion
d’argent à la Mostra de Venise
Musique
de Leonard Bernstein
Budget :
910 000 dollars
Recettes
aux Etats-Unis : 9 600 000 dollars
Synopsis :
Port
de New York, années 50…
La
firme maritime AFL-CIO régit l’intégralité des docks de la ville, elle est
dirigée par Johnny Friendly et son adjoint Charley Malloy, deux syndicalistes
aux méthodes assez expéditives et peu diplomates, ils exploitent les dockers,
pauvres bougres qui ne demandent qu’à gagner un peu d’argent pour vivre et qui
sont traités comme du bétail lors des « propositions » matinales d’embauches
qui ne leur garantissent pas forcément un salaire fixe et une activité pérenne…
Dans
ce microcosme paupérisé et souvent alcoolisé, Terry, le frère de Charley,
provoque à son insu un meurtre, celui de Doyle, un employé du port qui devenait
gênant pour les affaires de la AFL-CIO, ce dernier est poussé d’un toit et se
tue en tombant…
Edie
Doyle, sa sœur, une jeune femme blonde, ne se remet pas du décès de son frère
et veut percer le mystère de sa mort, c’est un combat de David contre Goliath !
Le
père Barry, le pasteur de la bourgade tente de ramener l’ordre, alors que Terry
tombe fou amoureux d’Edie, il se retrouve entre le marteau et l’enclume et
devient très vite la cible de Friendly, accusé et considéré comme un « mouchard »…
Les
deux hommes n’ont plus qu’une seule issue : en découdre manu militari !
Mon
avis :
Tourné
en pleine époque du maccarthysme, le film établit une polémique, certains y
voyant un film anti syndicat, alors qu’il s’agit avant tout d’une fresque
humaine, d’un pamphlet social mettant en lumière la vie des dockers de l’époque,
à l’instar de ce qu’était « Germinal » pour les mineurs…
La
dangerosité de leurs tâches (certains peuvent y laisser la vie) vient se
greffer sur une histoire sordide de meurtre, commanditée par des dirigeants
syndicalistes sans scrupules, « Sur les quais » préfigure vingt
quatre années avant le film « FIST » avec Sylvester Stallone et le
mode opératoire scénaristique y est quasi identique, la technique visuelle en
plus value…
Brando
est réellement attachant avec son visage d’ancien boxeur, les paupières
boursouflées et la carrure solide et son histoire d’amour (Eva Marie Saint,
dont c’est le premier rôle au cinéma, crève littéralement l’écran !)
semble autant impossible que dangereuse…
Ponctué
de séquences cultes parfois insolites (la pigeonnière, la scène nocturne de la
poursuite avec la voiture, le début lunaire en prélude au meurtre), « Sur
les quais » est doté d’une charpente scénaristique qui retient l’attention
du spectateur et bénéficie d’un rythme entre les plans qui force le respect…
Troisième
collaboration entre Elia Kazan et Marlon Brando, « Sur les quais »
est également le seul film « hors comédie musicale » où Leonard
Bernstein a apporté sa contribution, la musique est magique et amplifie bien le
rendu voulu par Kazan, à la fois pour les séquences dramatiques que pour les
passages romanesques (la liaison de Terry avec Edie)…
Magnifié
par la prestance imparable de tous les comédiens (y compris les seconds rôles),
« Sur les quais » devint instantanément un classique, le public et la
critique ne s’y trompant pas, le film a glané pas moins de huit oscars et fut
un immense succès…
D’une
force politique et sociale encore d’actualité de nos jours, « Sur les
quais » pose et transpose des antagonismes qui gravitent sur les thématiques
de la loyauté, de l’argent, de la volonté de s’en sortir et la justification d’un
amour…
Malgré
les années, la modernité de ce métrage reste intacte et Kazan reste un grand
visionnaire, humainement et dramaturgiquement parlant…
A
visionner pour comprendre l’essentiel du cinéma américain des années 50…
Note :
10/10
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