LE
DEUXIEME SOUFFLE
de Jean
Pierre Melville
France
1966
avec
Lino Ventura, Paul Meurisse, Paul Frankeur, Marcel Bozzuffi, Michel Constantin,
Raymond Pellegrin, Christine Fabréga, Pierre Zimmer
Policier
pessimiste
150
minutes
Adapté
du roman de José Giovanni
Edité
en DVD chez René Château video
Synopsis :
Paris,
Montrouge, Marseille, 1966…
Gustave
Minda dit « Gu » se fait la belle avec deux de ses codétenus, l’un d’eux
décède pendant l’évasion…
Le
commissaire Blot, un homme rugueux et impitoyable doté d’une gouaille sémantique
incroyable est chargé de l’affaire, il se rend dans un bar restaurant pour
interroger Simone dite « Manouche », une fusillade éclate !
Alban,
l’homme de main complice de Gu le fait cacher dans une planque à Montrouge, en
banlieue parisienne, il est projeté que Gu quitte la France pour se réfugier en
Italie via Marseille…
Paul
Ricci et son frère Jo, deux sommités de la pègre locale, cherchent à mettre
hors d’état de nuire Gu, ce dernier accepte un dernier deal, un casse en plein
air, au sommet d’une montagne où doit transiter un fourgon rempli de platine,
un métal précieux, l’exaction tourne au massacre, deux motards sont tués d’une
balle en pleine tête et le fourgon détruit…
Pris
dans un traquenard, Gu est arrêté par le commissaire Fardiano, il parvient à s’échapper
in extremis et souhaite retrouver les frères Ricci afin de leur prouver sa
bonne foi et son sens de l’honneur…
Après
un bain de sang, Gu est cerné par la police, il a juste eu le temps de neutraliser
Fardiano et de lui faire noter ses dires sur un calepin, preuve pouvant le
disculper…
Le
commissaire Blot jette le calepin en pleine rue, à côté d’une foule de
journalistes aux aguets !
Mon
avis :
Réalisateur
réputé pour sa rigueur voire son intransigeance, Jean Pierre Melville avec ce « Deuxième
souffle » franchit une étape supplémentaire dans sa filmographie, le film
étant transitoire et préfigurant l’exceptionnel « L’armée des ombres »
qu’il tournera deux ans plus tard, toujours avec Lino Ventura…
Tout
est ciselé, froid, presque glacial dans « Le deuxième souffle » les
personnages aussi bien que les situations qui s’imbriquent les unes dans les
autres sans la moindre chaleur ou humanité, les personnages étant formatés de
façon réaliste et monolithique, Lino Ventura a très peu de dialogues, tout se
confinant à l’essentiel…
D’une
noirceur et d’un pessimisme sidérants pour un polar de cette époque, « Le
deuxième souffle » met en exergue des thématiques chères à Melville comme
la rédemption quasi impossible, l’évasion symbole d’un repenti, le code de l’honneur
dans le milieu des gangsters et l’influence implacable de la police entérinée
par le commissaire Blot…
José
Giovanni qui a conçu la trame scénaristique du film s’est inspiré de
personnages ayant réellement existé et qu’il a côtoyé lors de ses séjours en
prison, cela accentue par conséquent l’impact de réalisme du métrage…
Comme
un étau se resserrant de façon paranoïaque sur Lino Ventura (il sursaute de son
lit à chaque fois qu’il entend frapper à sa porte), l’issue funeste s’avère
inévitable et la police finit par triompher MAIS le tout dans un climat
déprimant, à aucun moment Melville ne ménage le spectateur ou rend sympathique
les personnages du banditisme, contrairement à l’empathie pour ceux-ci dans le
cinéma policier de l’époque (par exemple Verneuil avec « Le clan des
siciliens » qui établit clairement une connivence empathique entre le
spectateur et les gangsters)…
Dans
« Le deuxième souffle » vous ne verrez personne esquisser le moindre
sourire, le film se suit de manière rugueuse et pourtant il fascine,
fascination par l’ambiance dégagée et par l’autorité propre à Melville de
concevoir ses métrages…
Au
niveau technique de la réalisation, on atteint des sommets comme une
utilisation récurrente de plans dimensionnels avec des miroirs mais aussi la
séquence magnifique du fourgon avec le panorama de la montagne, à noter
également une formidable vue de la maison de banlieue située en périphérie
urbaine avec une contreplongée de la rue située derrière, un sens graphique
sublimé par le noir et blanc du film…
Un
film d’exception à tous les niveaux mais à éviter de visionner si vous avez le moral
au plus bas tant il est anxiogène, cela reste du très grand cinéma tout de même…
Note :
10/10
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