vendredi 2 octobre 2015

MR 73 d'Olivier Marchal, 2008

MR 73
d’Olivier Marchal
2008
France
Avec Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Philippe Nahon, Catherine Marchal, Francis Renaud, Gérald Laroche
Polar atypique
124 minutes
Synopsis :
Marseille, fin des années 2000…
Louis Schneider est flic à la SRPJ, il est devenu alcoolique au dernier degré depuis qu’il a perdu sa fille dans un terrible accident de la route, sa femme, Mathilde, est  tétraplégique et lourdement handicapée, il va lui rendre visite régulièrement et revoit ponctuellement des « flashs » de l’accident…
Multipliant les catastrophes lors d’interventions qui tournent au vinaigre, Schneider ne doit son salut qu’à Marie, sa supérieure, qui lui évite les pires foudres de la hiérarchie placée plus haut…
Charles Subra, un dangereux psychopathe, arrêté il y a plusieurs décennies par Schneider, bénéficie d’une remise de peine et doit sortir de manière imminente de prison…
Justine Maxence, seule rescapée d’un massacre familial orchestré par Subra, apprend la nouvelle et se met en relation avec Schneider, elle se prend d’affection pour le policier…
Subra, converti au christianisme, sort et retrouve la trace de Justine…
Mon avis :
Il est des œuvres qui réconcilient avec le cinéma…
« MR 73 » fait partie de ces rares films français qui vous assène un coup de poing en plein visage, un uppercut en plein cœur, Olivier Marchal a réussi à nous projeter dans un univers foisonnant et crépusculaire où gravitent des personnages désespérés et habités par le malheur, mais il transgresse ces situations et ces sentiments par une intrigue policière tout à fait pénétrante et d’une noirceur totale…
Marchal flirte avec les cimes du polar de haut niveau et atteint la perfection dans de nombreuses séquences dont la plus marquante, la finale, il éclabousse les normes, s’approprie son style de façon abrupte par des symbolisations, des métaphores uniques qui vont extrêmement loin dans l’hyper sensibilité (la religion est éclaboussée par le sang, la mort passe par la vie, par la naissance… on suppose même une réincarnation, c’est dire si le transfert et le parallèle sont osés !)…
Au niveau de la direction d’acteurs, Daniel Auteuil prouve une nouvelle fois son authenticité, Philippe Nahon fait encore plus peur que dans « Seul contre tous » et Olivia Bonamy est cinglante de fragilité, enveloppant  un rôle frêle et vulnérable, elle donne la vie comme pour se sauver elle-même…
Les contrastes avec les polars traditionnels sont saisissants, que ce soit la pluie, la nuit, l’atmosphère qui règne dans « MR 73 » tout se démarque de ce que l’on avait pu voir auparavant, Olivier Marchal s’imprègne d’une histoire assez basique pour la renouveler et la transcender à sa façon, de la lumière aux ténèbres, il n’y a qu’un pas…
Froid, glaçant même, « MR 73 » est un polar qui ne ressemble à aucun autre, il pulvérise les codes et amène le spectateur sur une réflexion sur la justice et la vie de ces policiers, loin des clichés que l’on a pu voir et entendre, il donne une dimension mystique à cette profession et le réalisme totalement assumé par Marchal ne peut qu’appuyer et entériner son propos…
Très dur, « MR 73 » fait sortir de l’ombre les pires affres que peuvent vivre des humains et dépassent ces derniers par un espoir, un faible espoir d’arriver à la plénitude et au repos de l’âme…
Fantastiquement mis en scène, « MR 73 » est une œuvre qui laisse des séquelles et qui grave instantanément l’histoire du cinéma français au sommet…

Note : 10/10






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