samedi 14 novembre 2015

Ken Park de Larry Clark et Edward Lachman, 2002

KEN PARK
de Larry Clark et Edward Lachman
2002
Etats Unis
avec Maeve Quinlan, Tiffany Limos, James Ransone, James Bullard, Adam Chubbuck
Chronique sociale
95 minutes
Scénario de Harmony Korine
Synopsis :
Visalia, Californie, années 2000…
Ken Park, un jeune skateur se suicide en se tirant une balle en pleine tête en public…
Peaches, une adolescente typée vit avec son père, il est veuf et a perdu sa femme alors que Peaches avait à peine deux ans, le père entretient une mise en scène évangélique sur le culte du défunt et se révèle très croyant et pratiquant…
Il surprend sa fille en rentrant plus tôt que prévu au domicile alors que celle-ci s’apprêtait à faire une fellation à un de ses amis…
Tate est un jeune perturbé qui vit avec ses grands-parents, il est irascible et insulte ses aïeuls lors d’une partie de scrabble mouvementée…
Shawn, un autre ado du cercle amical précité, entretient une relation sexuelle débridée et décomplexée avec Rhonda, une trentenaire, mère d’une petite fille et mariée à un joueur de football américain…
On apprendra que Ken Park avait mise enceinte sa petite amie et qu’il ne trouvait plus la force d’assumer cette situation…
Quant à Peaches, Shawn et Tate, ils se livrent à des séances de triolisme particulièrement torrides et rendent hommage à leur ami Ken lors d’un jeu amical qui a lieu juste après leurs multiples étreintes…
Mon avis :
Attention chef d’œuvre !
« Ken Park » s’appuie sur un réalisme ultra crû multipliant les séquences sans compromis et, outre une violence verbale et graphique à la fois, se dote même de plans pornographiques (entendez par là des passages de copulations non simulées) mais c’est cet ultra réalisme, cette peinture sociétale de la réalité de tous les jours qui permet d’asseoir la crédibilité du film et de l’histoire des personnages…
Les multiples déviances sexuelles sont exposées ici sans aucune fioriture ce qui renforce l’aspect pathologique des personnages et rend attachant le métrage, à la fois drame déchirant et chronique de mœurs, « Ken Park » est une œuvre du cinéma indépendant d’outre Atlantique sans équivoque ni compromis et qui va au cœur des problématiques, s’appuyant sur les thématiques liées à l’adolescence (la souffrance, la découverte du sexe, l’entre-deux enfance/âge adulte...).
C’est Harmony Korine qui signe le scénario, plus de dix ans avant son « Spring breakers », « Ken Park » est un peu « l’embryon » de « Spring Breakers », il y a pas mal de points communs entre les deux films, cette fascination pour le sexe, les armes à feu, la luxure et l’alcool…
Mais il y a une mise en garde importante, « Ken Park » est un film très difficile, dur à regarder et il est impératif qu’il soit montré à un public adulte (sa crudité lui valut une interdiction totale dans plusieurs pays et le film est interdit aux moins de dix huit ans, à ne pas mettre devant tous les yeux, donc !)…
Le personnage du père autoritaire et alcoolique est répugnant, la mère trentenaire « éphèbophile » et le père de Peaches semblent bien plus « déviants » aux yeux de Larry Clark que la ribambelle d’adolescents qui gravite autour d’eux sauf, bien sûr, le personnage de Tate, responsable d’un double parricide conçu de façon atroce et méthodique, et totalement psychopathe (la scène de la retransmission du match de tennis avec l’onanisme bizarre corde liée au cou met vraiment très mal à l’aise !)…
Mais il faut juger le film dans sa globalité et au final, « Ken Park » est une œuvre très sincère, qui sort complètement des sentiers battus et qui met pleinement en exergue le talent des réalisateurs et du scénariste, conscients des limites du septième art et qui ont poussé aux extrêmes les possibilités de ce dernier…
Préparez- vous à du cinéma de haut niveau à condition d’avoir l’esprit cinéphile ouvert et aguerri aux scènes de sexe…
Les spectateurs puritains ou facilement choqués pour un oui ou pour un non, je vous déconseille fortement de voir « Ken Park » !

Note : 9.5/10






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