KEN PARK
de Larry
Clark et Edward Lachman
2002
Etats
Unis
avec
Maeve Quinlan, Tiffany Limos, James Ransone, James Bullard, Adam Chubbuck
Chronique
sociale
95
minutes
Scénario
de Harmony Korine
Synopsis :
Visalia,
Californie, années 2000…
Ken
Park, un jeune skateur se suicide en se tirant une balle en pleine tête en
public…
Peaches,
une adolescente typée vit avec son père, il est veuf et a perdu sa femme alors
que Peaches avait à peine deux ans, le père entretient une mise en scène
évangélique sur le culte du défunt et se révèle très croyant et pratiquant…
Il
surprend sa fille en rentrant plus tôt que prévu au domicile alors que celle-ci
s’apprêtait à faire une fellation à un de ses amis…
Tate
est un jeune perturbé qui vit avec ses grands-parents, il est irascible et
insulte ses aïeuls lors d’une partie de scrabble mouvementée…
Shawn,
un autre ado du cercle amical précité, entretient une relation sexuelle
débridée et décomplexée avec Rhonda, une trentenaire, mère d’une petite fille
et mariée à un joueur de football américain…
On
apprendra que Ken Park avait mise enceinte sa petite amie et qu’il ne trouvait
plus la force d’assumer cette situation…
Quant
à Peaches, Shawn et Tate, ils se livrent à des séances de triolisme
particulièrement torrides et rendent hommage à leur ami Ken lors d’un jeu
amical qui a lieu juste après leurs multiples étreintes…
Mon
avis :
Attention
chef d’œuvre !
« Ken
Park » s’appuie sur un réalisme ultra crû multipliant les séquences sans
compromis et, outre une violence verbale et graphique à la fois, se dote même
de plans pornographiques (entendez par là des passages de copulations non
simulées) mais c’est cet ultra réalisme, cette peinture sociétale de la réalité
de tous les jours qui permet d’asseoir la crédibilité du film et de l’histoire
des personnages…
Les
multiples déviances sexuelles sont exposées ici sans aucune fioriture ce qui
renforce l’aspect pathologique des personnages et rend attachant le métrage, à
la fois drame déchirant et chronique de mœurs, « Ken Park » est une œuvre
du cinéma indépendant d’outre Atlantique sans équivoque ni compromis et qui va
au cœur des problématiques, s’appuyant sur les thématiques liées à l’adolescence
(la souffrance, la découverte du sexe, l’entre-deux enfance/âge adulte...).
C’est
Harmony Korine qui signe le scénario, plus de dix ans avant son « Spring
breakers », « Ken Park » est un peu « l’embryon » de « Spring
Breakers », il y a pas mal de points communs entre les deux films, cette
fascination pour le sexe, les armes à feu, la luxure et l’alcool…
Mais
il y a une mise en garde importante, « Ken Park » est un film très
difficile, dur à regarder et il est impératif qu’il soit montré à un public
adulte (sa crudité lui valut une interdiction totale dans plusieurs pays et le
film est interdit aux moins de dix huit ans, à ne pas mettre devant tous les
yeux, donc !)…
Le
personnage du père autoritaire et alcoolique est répugnant, la mère trentenaire
« éphèbophile » et le père de Peaches semblent bien plus « déviants »
aux yeux de Larry Clark que la ribambelle d’adolescents qui gravite autour d’eux
sauf, bien sûr, le personnage de Tate, responsable d’un double parricide conçu
de façon atroce et méthodique, et totalement psychopathe (la scène de la
retransmission du match de tennis avec l’onanisme bizarre corde liée au cou met
vraiment très mal à l’aise !)…
Mais
il faut juger le film dans sa globalité et au final, « Ken Park » est
une œuvre très sincère, qui sort complètement des sentiers battus et qui met
pleinement en exergue le talent des réalisateurs et du scénariste, conscients
des limites du septième art et qui ont poussé aux extrêmes les possibilités de
ce dernier…
Préparez-
vous à du cinéma de haut niveau à condition d’avoir l’esprit cinéphile ouvert
et aguerri aux scènes de sexe…
Les
spectateurs puritains ou facilement choqués pour un oui ou pour un non, je vous
déconseille fortement de voir « Ken Park » !
Note :
9.5/10
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