lundi 16 novembre 2015

La pianiste de Michael Haneke, 2001

LA PIANISTE
de Michael Haneke
2001
France/Autriche
avec Isabelle Huppert, Benoit Magimel, Annie Girardot, Susanne Lothar, Anna Sigalevitch
131 minutes
Chronique dramatique
Edité chez MK2 éditions
Synopsis :
Vienne, Autriche, début des années 2000…
Erika Kohut est un éminent professeur de piano, elle donne des cours ultra ciblés au sein du conservatoire de la ville, une de ses élèves est Anna Schober, la jeune femme se rend dingue rien qu’à l’idée qu’elle ait des remontrances de la part d’Erika, qui s’avère très exigeante…
Erika vit encore avec sa mère, une vieille femme possessive et irascible qui passe son temps à polluer et pourrir sa fille…
En guise de vie sexuelle, Erika fréquente des sex shops ou des peep shows où elle visionne des films pornographiques…
Walter Klemmer, un de ses élèves pianistes, adepte de hockey sur glace, tombe éperdument amoureux d’Erika et veut la forcer à entamer une relation passionnée…
D’abord réticente, Erika finit par accepter mais en posant certaines « conditions »…
La névrose de la femme va basculer dans des rapports sadomasochistes qui confinent à la pure folie…
Mon avis :
On le savait depuis déjà bien longtemps, Michael Haneke a la réputation d’être un cinéaste très exigeant voire austère, ses métrages précédents sont d’une noirceur et d’une opacité parfois difficiles à cerner et là, avec « La pianiste », on ne déroge pas à la règle, c’est un film glacial, perturbant et glauque…
Mais la réalisation épurée et froide emporte l’adhésion du cinéphile grâce à une direction d’acteurs parfaite, notamment lors de plans qui évoquent le catharsis des personnages, et Haneke pousse dans le choquant et l’extrême sans vergogne (le reniflement de mouchoirs remplis de sperme, la scarification du vagin, le vomi après l’étreinte…), Haneke n’épargne rien au spectateur mais c’est pour justifier la pathologie d’Erika et ainsi la transcender dans son quotidien…
Le rôle incarné par Annie Girardot était initialement destiné à Jeanne Moreau mais l’interprétation des comédiens est sensationnelle, la direction d’Haneke a su capter l’intensité et la présence dans l’espace de chacun des protagonistes pour sublimer des séquences inoubliables proches du génie…
C’est toute cette alchimie qui fait que l’on s’attache au film et qu’on le suit avec intérêt et fascination, Haneke nous transporte dans le monde de la folie mais parvient à nous faire garder les pieds sur terre par le réalisme de ses décors (la cuisine, la salle de bains, l’amphithéâtre du conservatoire)…
Le spectateur est projeté dans un univers à la fois proche et lointain de la réalité, proche par le quotidien et la vie banale de tous les jours, lointain par les sous-entendus gravitant dans la pathologie de l’actrice principale qui fait tomber l’anodin dans l’insolite puis dans la schizophrénie la plus déviante et malsaine…
Cette divergence psychique lui sert de levier pour appuyer ses pulsions destructrices et non coordonnées, il y a des changements d’avis, des modifications de comportements sans arrêt dans « La pianiste » qui perturbent et le spectateur et le fil de l’histoire…
Haneke, en grand metteur en scène, laisse filer sa caméra dans ce tohu-bohu mental et perce l’inconscient du spectateur par un talent indescriptible propre aux grands réalisateurs et que seul lui est en mesure de maitriser…
Auréolé à juste titre de nombreux prix, « La pianiste » est très grand film qui se réserve à un public averti et qui laisse une sensation bizarre après son visionnage, comme si nous avions atteint un niveau supérieur de cinéma, une étape supplémentaire dans la recherche cinématographique…

Note : 9/10






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