LE
CONVOI DE LA PEUR
de
William Friedkin
Etats-Unis
1977
Avec
Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Hamidou Benmassoud, Ramon Bieri,
Jean Luc Bideau, Jacques François, Joe Spinell
aka Sorcerer
Thriller/aventures
121 minutes (version director’s cut)
Edité en blu ray par Wild side
Budget : 22 000 000
dollars
Musique
de Michel Colombier et Tangerine dream
Synopsis :
Plusieurs
villes du monde, fin des années soixante- dix…
Trois
hommes, Manzon, un banquier parisien soupçonné d’avoir détourné de grosses sommes
d’argent et risquant la prison (pseudonyme Serrano), Scanlon, un gangster new
yorkais qui a fui lors d’un accident après une course poursuite (pseudonyme
Dominguez) et Kassem, un terroriste palestinien qui a commis un attentat à la
bombe à Jerusalem (pseudonyme Martinez), sont contraints à l’exil dans un
bidonville d’Amérique du sud, en Argentine…
Les
trois hommes souhaitent partir de l’endroit où ils se trouvent, ils travaillent
sur une plateforme pétrolière insalubre où de nombreux ouvriers ont trouvé la
mort…
Un
jour, une digue explose et fait des dizaines de victimes, brûlées atrocement…
Il
est proposé à Serrano, Dominguez, Martinez et un quatrième homme, Nilo, un
tueur à gages, de transporter une cargaison de nitroglycérine en traversant la
jungle jusqu’à l’endroit de forage pétrolier qui se trouve à une quarantaine de
kilomètres…
Les
quatre protagonistes de l’histoire, après avoir passé un test de conduite, sont
retenus, ils retapent deux gros camions et s’embarquent dans ce périple très
dangereux et périlleux…
Ils
vont vivre un ENFER…
Mon
avis :
Fort
de ses précédents succès (« L’exorciste » et « French
connection »), William Friedkin bénéficie de budgets conséquents et de la
confiance des majors studios pour mettre en chantier ses films, il est un fan
absolu et invétéré de Henri Georges Clouzot (qu’il a même rencontré) et du
« Salaire de de la peur », Friedkin rêvait d’adapter ce métrage tout
en y apportant une déclinaison différente et plus « chaotique »…
Steve
Mac Queen et Lino Ventura étaient pressentis pour jouer dans
« Sorcerer » mais pour des « caprices de stars » (Mac
Queen, fraichement marié à Ali Mac Graw voulait que cette dernière coproduise
le film, ce que Friedkin refusa), dans des conditions dantesques le tournage
eut lieu et faillit capoter à maintes reprises (la malaria, la météo
exécrable)…
Au
final, « Le convoi de la peur » est un film sensationnel, une œuvre
APOCALYPTIQUE dont la comparaison avec « Aguirre, la colère de Dieu »
de Herzog est totalement justifiée…
Tourné
deux ans avant « Apocalypse Now », « Le convoi de la peur »
préfigure en quelque sorte le film de Coppola, les conditions extrêmes,
l’histoire, font du « Convoi de la peur » le film le plus FOU réalisé
par Friedkin, qui s’embarquera dans une aventure humaine, un film hyper
masculin qui sera un échec cuisant au box-office, sorti à une semaine de
décalage avec « Star wars », les cinémas le sortiront en le tenant
seulement une semaine à l’affiche, la folie de l’engouement Lucas grillant
l’œuvre de Friedkin !
« Le
convoi de la peur » contient des plans séquences incroyables et presque
délirants dans leur onirisme (la restitution des corps brûlés aux villageois
puis le lynchage des soldats, le tout en un seul plan !, ce passage est
cauchemardesque et cathartique en même temps, mais ce n’est pas possible !
ce sont des vrais villageois ? on est bluffés !!!)…
La
NATURE a aussi une place prépondérante dans « Sorcerer », elle est
implacable et s’abat sur l’homme, le balayant, l’annihilant…
La
nitroglycérine représente le risque mais aussi l’espoir d’une délivrance, une
promesse d’une nouvelle vie… ou de la mort…
La
scène du pont branlant est sidérante, même quasiment quarante ans après, tout
cinéphile aguerri et observateur pourra se questionner sur le comment Friedkin
a bien pu faire pour réaliser cette séquence…
Epique
à tous niveaux, « Le convoi de la peur » doit sa qualité à la mise en
scène, à la technique et aussi au jeu de ses acteurs, tous fabuleux et
inoubliables…
C’est
le REALISME qui frappe avant tout dans « Sorcerer », les explosions
sont réelles, ces geysers de flammes, l’attentat lors de l’introduction en Israël
sont de multiples fulgurances sur un film très impressionnant et d’une rigueur
remarquable…
L’épuisement,
la condition physique poussée à maxima, tout ça combiné à un environnement et
une météo hostiles accouchent au final d’une grenade filmique dégoupillée qui
nous explose en pleine poire…
Il y
a eu très peu de films aussi intenses au cinéma, on les compte sur les doigts
d’une main, Friedkin nous sert une œuvre unique en son genre, immanquable et
indélébile, qui se clôture d’une manière ultra nihiliste…
Ravageant
les codes cinématographiques comme un tsunami, Friedkin assène au cinéphile
spectateur une œuvre majeure contemporaine, à la fois monstrueuse, dantesque et
insensée…
Avec
« Le convoi de la peur » il signe ici son plus grand film, dans le
sens des prises de risques et parvient à graver la pierre tombale de tous ses
comparses, signant un des plus grands chefs d’œuvre du cinéma mondial, rien que
ça !
Incompris
et malchanceux, Fredkin a eu la force d’aller jusqu’au bout pour porter son
film, cela fait de lui un GEANT…
L’édition
blu ray de Wild side est tout à fait à la hauteur et très complète, dans un
magnifique coffret…
On
ne peut se proclamer cinéphile accompli sans avoir vu « Le convoi de la
peur »…
Note
: 10/10
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