dimanche 1 mai 2016

Opération peur de Mario Bava, 1966

OPERATION PEUR
de Mario Bava
1966
Italie
aka Operazione paura
aka Kill baby kill
avec Giacomo Rossi Stuart, Erika Blanc, Fabienne Dali, Piero Lulli, Luciano Catenacci
Fantastique gothique
80 minutes
Edité en DVD chez Neopublishing
Synopsis :
Une ville d’Europe, début du vingtième siècle…
Le docteur Eswai, médecin légiste, a été contacté par l’inspecteur Kruger suite au décès par empalement d’une jeune femme qui sortait de la villa Kraps, à son arrivée il constate la méfiance et l’inhospitalité des villageois…
Lorsqu’il procède à l’autopsie, Eswai fait une découverte insolite : une pièce de monnaie a été insérée dans le cœur de la malheureuse victime…
Une sorcière de la ville lui explique qu’il s’agit d’une effigie superstitieuse pour porter les défunts dans la sérénité après leur mort…
La villa Kraps est un endroit maudit et Mélissa, la fillette issue de cette famille, décédée à l’âge de sept ans, réapparait par des flashs fantomatiques, terrorisant tous ceux qui la croisent…
Nadine, la fille de l’aubergiste, décède en se poignardant lorsqu’elle aperçoit Mélissa par la fenêtre de sa chambre, la frayeur s’empare de la ville et le docteur Eswai semble ne rien comprendre ni ne fournir d’explication réaliste à ce capharnaüm…
Voulant en avoir le cœur net, il pénètre de force dans la villa Kraps…
Mon avis :
Treizième film de Mario Bava, « Opération peur » est un film dont l’action se déroule quasiment en temps réel, c’est une histoire abracadabrantesque de possession et de sorcellerie où tous les codes qui s’apparentent à la mythologie bavaienne sont respectés voire amplifiés…
On retrouve toujours comme pour les précédents films du Maitre des éclairages bariolés, passant du vert à l’orangé, du rouge sang au bleu ténébreux, autant dire que l’esthète féru de cinéma gothique se délectera dans tout ce maelström de couleurs magnifiés par une technique dans les plans et la manière de filmer (la caméra qui suit le mouvement de la balançoire, les vapeurs du cimetière, les cadrages flous pour « imiter » la folie des personnages, l’escalier filmé de haut avec la symbolique du rond d’un œil, prodigieux !)…
Innovant scénaristiquement parlant, « Opération peur » est bien plus qu’un simple métrage d’horreur gothique, il transgresse et transcende tous les styles utilisés précédemment pour amener une histoire déclinée sur trois thématiques : la sorcellerie, le paranormal et le film de demeures…
Il n’y a pas de gore dans « Opération peur » mais une atmosphère poisseuse et insolite souvent basée sur la suggestion, les meurtres ou les morts violentes sont filmés de façon fluide, notamment la séquence (hallucinante) d’ouverture, l’une des héroïnes du film c’est la NUIT, elle rend le climat étouffant et la délivrance aura lieu au petit matin…
Le personnage de Mélissa sera d’ailleurs repris dans le sketch de Fellini du film « Histoires extraordinaires », c’est dire l’influence de Bava sur le cinéma italien et le niveau avec lequel il déploie l’unicité de son style à chacune de ses œuvres…
Singulier en tous points, « Opération peur » est une partie charnière dans la carrière de Mario Bava, il y entérine ses idées dans une folie pure, mais essentiellement basée sur le graphique, la forme explose littéralement dans le film, le fond, lui, reste également osé et sort des sentiers battus pour un film de sorcellerie…
« Opération peur » est un chef d’œuvre précieux qui se savoure seconde par seconde, c’est un peu comme si l’on dégustait un grand cru, le fil des années n’a nullement écorné le charme du film, qui s’est même bonifié…
La musique joue une part intégrante avec ses stridences synthétiques et renforce le côté glauque des situations, Bava exploite miraculeusement tout ce qui est en sa possession pour accoucher d’un de ses meilleurs films…
Pour « débuter » la découverte de son cinéma si vous êtes néophyte en la matière, « Opération peur » semble être l’idéal…
Avec « Les trois visages de la peur » et « Le corps et le fouet », « Opération peur » est typique de l’ambiance bavaienne et grave à jamais le Maestro dans la cour très fermée des grands dieux du gothique…
Inoubliable, magistral, un must have absolu !

Note : 10/10







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