LA
LONGUE NUIT DE L’EXORCISME
de Lucio
Fulci
1972
Italie
avec Tomas Milian, Barbara Bouchet,
Florinda Bolkan, Georges Wilson, Irene Papas, Marc Porel
102
minutes
Thriller
fantastique
Blu
ray édité chez le Chat qui fume
aka Don’t
torture a duckling
aka
Non si sevizia un paperino
Musique
de Riz Ortolani
Synopsis :
Un
petit village du sud de l’Italie, début des années soixante-dix…
Maciara,
une femme mystérieuse considérée comme une sorcière, creuse et déterre des
ossements de ce qui semble être ceux d’un nourrisson, elle surveille cet
endroit car trois jeunes freluquets passent leur temps près de ce lieu et
multiplient les quatre cents coups…
Giuseppe
Barra, le simplet du village, est la cible de railleries de la part des gamins ;
Patrizia, une femme très riche et très belle, arrive dans le village, elle
demande à l’un des minots de lui apporter à boire alors qu’elle est nue sur un
fauteuil…
Un
meurtre sur un garçonnet est commis, la police se tourne immédiatement vers Barra,
ce dernier manque d’être lynché ; Andrea Martelli, un journaliste,
sympathise avec Patrizia, lorsqu’un deuxième, puis un troisième meurtre d’enfant
a lieu, ils décident de mener une enquête parallèle à celle des des carabiniers…
Le
village est en émoi, Maciara se fait tuer brutalement et la police piétine…
Alberto
Avallone, le prêtre et Aurelia, sa mère, ont un comportement étrange ; un
après-midi Andrea et Patrizia décident de les suivre sur une colline…
Mon
avis :
Soyons
nets, « La longue nuit de l’exorcisme » est le meilleur film de Lucio
Fulci et de très loin… Il y donne tout son talent, toute sa générosité dans une
histoire au scénario très riche en rebondissements, l’intrigue est démentielle
(des meurtres sur des enfants, une satire de la religion, des excès de cette
dernière) et les séquences sont effrayantes et totalement inoubliables…
« La
longue nuit de l’exorcisme » ravira les fans de giallo tout comme les
cinéphiles exigeants du cinéma de genre, Fulci pèse au millimètre chaque plan,
il créée un nouveau style de film extrême et déploie son imagination et son
originalité pour accoucher d’un pur chef d’œuvre, à la fois insolite et
fiévreux, on ressent un malaise tout le long du film, il met en exergue des
situations tendues et attirantes en même temps, désamorcées par la belle
Barbara Bouchet et par le personnage du journaliste joué par Tomas Milian,
seuls ces deux protagonistes nous inspirent confiance et leur enquête parallèle
à la police va emmener le spectateur dans les dédales de la folie !
Fulci
applique des techniques de filmage extraordinaires et dirige ses comédiens de
main de maitre (le passage de l’interrogatoire de Florinda Bolkan, ses yeux, sa
transe lorsqu’elle est possédée, les jambes hypnotiques de Barbara Bouchet, l’atypisme
des meurtres et les gamins retrouvés tués, le final avec la chute de la colline…),
tout est incroyable dans « La longue nuit de l’exorcisme », on peut
difficilement trouver plus abouti dans la carrière du Maestro…
La
musique tonitruante avec ses crescendos lors des scènes chocs, le fait que le
film soit solaire et qu’il respire la chaleur, la sueur, les décors aussi, très
réalistes et bien emprunts d’un aspect provincial loin de l’urbanisation
habituelle, tout confère à un atypisme qui fait se démarquer « La longue
nuit de l’exorcisme » de tous les autres thrillers italiens de cette
époque…
L’issue
avec la révélation finale restera comme un affront à la censure puisque le film
resta blacklisté pendant trente ans aux Etats-Unis, le culot de Fulci et la virtuosité
de sa mise en scène, c’est du jamais vu, aucun autre réalisateur n’a pu
atteindre un tel niveau dans le genre (peut être Argento avec « Profondo
rosso » sorti trois ans après) que Fulci avec « La longue nuit de l’exorcisme »,
il s’est surpassé et a surpassé ses capacités cinématographiques !
Il
faut remercier et saluer le travail de folie de l’éditeur du « Chat qui
fume » qui, avec ce magnifique blu ray, nous permet d’apprécier « La
longue nuit de l’exorcisme » dans des conditions optimales, avec un
somptueux packaging et pléthore de bonus dont une interview croustillante de
Barbara Bouchet et des avis éclairés de nombreux cinéphiles qui nous donnent
lumière sur les « messages » du film, cette édition est sans doute celle
de l’année et est immanquable !
Prémices
de toutes les obsessions cinématographiques de Fulci (on retrouve le canard
dans « New York ripper », les chairs écorchées avec une chaine dans
le prologue de « L’au-delà »), « La longue nuit de l’exorcisme »
n’est ni plus ni moins qu’un catalogue du cinéma de Lucio Fulci qui nous montre
et nous démontre l’étendue de la qualité de son cinéma et l’originalité qu’il a
apporté au genre, brisant les codifications en y insérant des trouvailles
géniales, bardées par un sens de la technique qui restera hors pair et que peu
d’autres réalisateurs ont pu atteindre…
A
réserver à un public averti, « La longue nuit de l’exorcisme » se
visionne comme un pèlerinage au pays du cinéma de Lucio Fulci et marquera à
jamais tous ceux qui l’auront vu, on atteint le sommet ici…
Note :
10/10
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