LES
DEMONS DE JESUS
de
Bernie Bonvoisin
1997
France
avec
Nadia Fares, Victor Lanoux, Elie Semoun, Marie Trintignant, Thierry Frémont,
José Garcia, Yann Collette, Patrick Bouchitey
Chronique
sociale
117
minutes
Synopsis :
Banlieue
ouest parisienne, fin des années soixante…
Une
famille de gens du voyage sédentarisés, composée de Jo, le patriarche, Rita, la
mère, Jésus, René et Jeannot, les fils et Marie, la fille, caissière dans une
supérette, végète à droite à gauche, dans un quotidien ponctué par l’alcool…
Jésus
a pour habitude de fréquenter le bar « Chez Elvis », il traine sa
solitude et refuse de s’intégrer ou de chercher un travail pérenne…
Seule
Marie, sa sœur, travaille ; un jour Marie présente Mathilde, une de ses collègues,
à Jésus, qui a le coup de foudre…
Le
couple se revoit à la piscine et malgré des divergences et des engueulades, ils
ne se quittent plus ; le frère de Mathilde ne supporte pas qu’elle traine
avec un homme issu du milieu gitan, un jour, dans un bar, Jésus est passé à
tabac par des complices du frère de Mathilde…
Marie
s’habille hyper sexy pour sortir un soir, c’est alors qu’elle est violentée
puis violée !
Ses
deux frères décident de la venger et appliquent une justice manu militari qui
mettra le feu aux poudres !
Mon
avis :
Ancien
chanteur du groupe mythique Trust, Bernie Bonvoisin s’essaie pour la première
fois à la réalisation et bien, il a réussi son pari, « Les démons de Jésus »
est un film savoureux pétri de répliques à la Audiard qui font mouche instantanément…
Le
casting est de qualité et la direction d’acteurs tient bien la cadence,
alternant comédie et moments plus solennels, la peinture de ce monde des gens
du voyage juste avant la période de mai 1968 est séduisante et l’ensemble s’avère
convaincant grâce à une reconstitution minutieuse et un rythme alerte…
Lanoux
est imparable en patriarche alcoolique et même les jeunes acteurs inconnus du
grand public s’en sortent à merveille (la dithyrambe du mouflet lors du repas
est impressionnante et le tout en un seul plan !), Nadia Fares est très
belle et son rôle de fille qui rêve d’un autre avenir est touchant, Elie Semoun
n’a pas un rôle facile mais il sait y faire et donne de la crédibilité à son
personnage, nous faisant oublier ses pitreries scéniques qui lui collent à la
peau…
Vers
la dernière demie-heure, le film bifurque totalement et nous offre presque un
rape and revenge, Bonvoisin a visé juste et nous prouve qu’il peut changer
facilement de registre tout en restant à l’aise dans sa conception de mise en
scène, « Les démons de Jésus » n’est donc pas un film grotesque ou de
gaudriole mais bel et bien une chronique sociale intelligente, pamphlet
politisé (le final nous rend à cette évidence) et même une œuvre humaniste…
Nominé
aux césars, « Les démons de Jésus » revigore le cinéma français de l’époque
et s’inscrit comme un courageux témoignage de faire un cinéma « différent »
loin des comédies prout prout qui pullulaient dans le panorama du cinéma
hexagonal de la fin des années quatre-vingt dix…
Bonvoisin
a osé secouer les conventions et son entreprise, outre le fait qu’elle soit
burnée, est également le gage d’une grosse prise de risques…
Ceux
qui s’attendaient à un film lourdingue en seront pour leurs frais, « Les
démons de Jésus » est un métrage très malin et beaucoup plus doué qu’il n’y
parait…
Une
réussite incontestable à visionner absolument…
Note :
8/10
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