BERNIE
d’Albert
Dupontel
1996
France
avec
Albert Dupontel, Hélène Vincent, Claude Perron, Roland Blanche
87
minutes
Comédie
caustique décalée
Musique
de Ramon Pipin et Noir désir
Nominé
aux Césars pour la meilleure première oeuvre
Synopsis :
Région
parisienne, milieu des années quatre-vingt dix…
Bernie
Noël, un orphelin qui fut retrouvé dans une poubelle, quitte l’établissement de
la DDASS à l’âge de trente ans ; il végète et cherche à retrouver la trace
de ses parents ; de fil en aiguille il s’introduit illégalement dans les
locaux de la DDASS et retrouve son dossier après avoir frappé une employée de
ménage…
Ses
pérégrinations le mènent chez Donald Willis, un vieil homme alcoolique en
fauteuil roulant ; les deux hommes, à la recherche de la mère, pénètrent
dans une maison bourgeoise, c’est le carnage ! à coups de pelle, ils tuent
quasiment tout le monde !
Bernie
tombe amoureux de Marion, une jeune toxicomane paumée et très belle…
Ils
partent tous les deux dans un transformateur électrique et font l’amour ;
après tous les meurtres, Bernie est recherché par les gendarmes…
Ces
derniers parviennent à retrouver sa trace, un siège est alors mis en place…
Mon
avis :
Film
devenu instantanément culte à sa sortie, « Bernie » est un métrage
très atypique qui hérite de la culture Hara Kiri créée par le Professeur
Choron, Dupontel signe là une comédie foutraque totalement déjantée et parfois
ultra violente avec des répliques inoubliables et des séquences gore qui font
que « Bernie » n’est pas du tout un film tous publics (il a été
interdit aux moins de douze ans à sa sortie, ce qui est tout à fait justifié)…
On
adhère totalement ou… pas du tout ; Dupontel met les coudées franches dans
la dérision et le délire, « Bernie » est un pétage de plombs filmique
mais, par contre, on ne peut lui enlever l’aspect technique de ses plans
séquences très bien réalisés (beaucoup de plans fixes sur les visages, des
trouvailles insensées de cadrage, des « inventions », Dupontel a su
transposer ses délires sur pellicule de manière virtuose !)…
« Bernie »
offre au spectateur une galerie de personnages marginaux au plus haut point,
décalés avec la société et pourtant crédibles et possibles d’exister dans nos
banlieues (Dupontel n’occulte pas l’aspect réaliste de cette folie ambiante qui
règne parfois, issue de la misère et du dénuement dans les zones urbaines où
vivent les « laissés pour compte »), à ce titre, le personnage de
Marion (extraordinaire Claude Perron), fille toxicomane et espoir de sortie
pour Dupontel, est le vecteur du film, c’est ce protagoniste qui fait rebondir
l’histoire et qui booste l’aspect onirique et métaphorique du film, qui
culminera au final avec la scène de chevauchée ; Bernie semble voir en
Marion le sens de son existence et peut être aussi son salut…
Incontestable
réussite aussi bien visuelle que scénaristique (on ne s’ennuie pas et on suit
avec plaisir les aventures de Bernie), le film a le mérite d’exploser les
conventions des comédies françaises de l’époque et Dupontel a pris un sacré
risque (c’est son premier film, financé en partie par Mathieu Kassovitz), l’histoire
est hyper casse-gueule et avec un tel postulat, ce n’était pas donné à tout le
monde de réussir, et bien Dupontel a aisément gagné son pari et acquis une
renommée nationale, ses films suivants confirmeront son talent et la précision
de son humour très particulier…
Pour
les spectateurs les plus ouverts et qui n’ont pas froid aux yeux et pour les
cinéphiles fans de curiosités, « Bernie » est un must be seen et la
modernité dont fit preuve Dupontel lui permit d’accéder au rang de réalisateur,
après celui de comique, de façon habile et talentueuse…
Les
amateurs de cinéma comique déviant se régaleront et trouveront leur bonheur
avec « Bernie »…
Note :
8.5/10
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