LA
BAIE SANGLANTE
de Mario
Bava
1971
Italie
avec
Claudine Auger, Nicoletta Elmi, Luigi Pistilli, Laura Betti, Claudio Camaso,
Leopoldo Trieste, Isa Miranda, Chris Avram, Giovanni Nuvoletti
Slasher
80
minutes
Musique
de Stelvio Cipriani
aka Bay
of blood
aka
Reazione a catena
Edité
entre autres en DVD chez TF1 vidéo et Carlotta films
Synopsis :
Un
village côtier d’Italie, près d’une baie, au début des années soixante-dix…
Frank
Ventura, un homme arrogant et vénal, se borne à vouloir acquérir le manoir des
Donati, une riche famille dont la comtesse Federica, une vieille dame invalide,
lui refuse sans cesse les propositions…
Celle-ci
est violemment attaquée un soir puis pendue alors que son agresseur est
poignardé à mort à son tour et ce, de façon simultanée !
Brunhilda,
une jeune fille blonde faisant partie d’un groupe de jeunes fêtards, se baigne
nue dans le lac de la baie, elle découvre, horrifiée, un cadavre qui n’est
autre que celui du père Donati !
Une
succession de morts violentes va déferler sur ce lieu idyllique alors que Paolo
Fossati, un spécialiste des insectes, semble être le coupable idéal, sa femme
Anna paraissant énigmatique et aux pratiques curieuses…
Paolo
sera finalement tué ! Ce qui brouille les pistes et fait que personne n’a
plus confiance en personne, l’acquisition du manoir et de facto de la propriété
de la baie, restant la principale motivation du (ou des ?) tueur(s)…
Renata,
Albert, Simon, trois autres protagonistes, sont mêlés de près ou de loin à
cette sordide et sanglante affaire…
Un
final particulièrement nihiliste va achever toutes les probabilités et toutes les
chances pour les meurtriers d’acquérir la baie !
Mon
avis :
« La
baie sanglante » est un film très important dans la carrière de Mario
Bava, en effet, il casse et fait exploser toutes les conventions qu’il avait
établies dans son cinéma pour accoucher d’un pré-slasher vintage aux confins du
giallo et du film gore (les séquences sanguinolentes abondent dans « La
baie sanglante »), ici Bava abandonne le style gothique qui fit sa
renommée et se concentre sur une intrigue policière ponctuée de fulgurances
horrifiques et déclinée par des personnages stupides et propices à se faire
dézinguer (exactement comme pour la série des « Vendredi 13 » où le
spectateur jouit d’assister à ces meurtres de protagonistes débiles et têtes à
claques)…
Bava
se lâche totalement et semble se moquer du prétexte vénal de la baie, en fait
il reprend texto le scénario de « L’île de l’épouvante » dont il
était mécontent et change la formule chimique de ce film par l’acquisition du
manoir, tout le reste est idem, mais Bava rajoute la sauce au niveau brutalité
et sexe : « La baie sanglante » est une version plus appuyée en
méchanceté que « L’île de l’épouvante », Bava avait des impératifs et
devait contenter un public planétaire (dont le Japon) friand de violence et de
sexe…
Le
résultat est donc très impressionnant et déjà précurseur du genre, puisque la
scène légendaire du pic planté dans le corps du couple qui copule sera repris
par la suite dans un segment de "Vendredi 13 », le gore est très
graphique dans « La baie sanglante » et les trucages très efficaces
(la serpe longiligne plantée en pleine face, la décapitation en gros plan, le
meurtre hyper glauque lors du prologue)…
Voulant
volontairement déstabiliser le spectateur, Bava agrémente son métrage de
séquences dégoutantes (la pieuvre qui se meut sur le cadavre) mais aussi bien
perverses (l’œil du voyeur derrière les lattes du mur en bois) et le côté « peace
and love » des jeunes (mention à la blonde qui nage nue dans la baie) est
explosé par la bestialité des crimes effectués par les monstres tueurs…
Tout
est décomplexé et en roue libre dans « La baie sanglante » et le
scénario labyrinthique (ils ont été plusieurs à l’écrire !) fait que
quelques fois le spectateur peut s’y perdre, il y a énormément de
rebondissements, ça n’arrête pas, Bava invente le whodunit tonique que « Scream »
reprendra vingt- cinq ans plus tard !
Une
nouvelle fois, Mario Bava étonne le cinéphile et déploie toutes les cartes de
son talent pour faire s’envoler le genre, un simple giallo/slasher devient un
chef d’œuvre dès qu’il passe entre ses mains, comme si la magie de son génie
transformait le banal en exceptionnel, l’anodin en inoubliable…
« La
baie sanglante » est à marquer d’une pierre blanche dans la filmographie
et régénère sa marque de fabrique, prouvant qu’il est capable de se diversifier
tout en continuant à contenter son public de façon très sincère et plus
accessible à ceux qui ne connaissaient pas son cinéma…
Tous
les DVD existants sont de bonne qualité et « La baie sanglante » s’impose
comme l’une des œuvres les plus majeures du Maestro, il est donc fondamental de
l’avoir visionné…
Note :
10/10
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