LE
CORPS ET LE FOUET
de Mario
Bava
1963
Italie
Avec Christopher Lee, Daliah Lavi, Tony
Kendall, Ida Galli, Luciano Pigozzi
Fantastique
gothique
83
minutes
Edité
en DVD dans la collection Mad movies
Musique
de Carlo Rustichelli
aka The whip and the body
aka La
frusta e il corpo
Synopsis :
Un
pays d’Europe du Nord, au dix- neuvième siècle…
Kurt
Menliff, un homme mince et de grande taille à l’allure charismatique débarque
dans le château de sa famille d’où il avait fui quelques temps auparavant…
Il y
retrouve sa belle-sœur, Nevenka, une femme brune ultra sexy avec qui il a
entretenu une relation pour le moins douteuse et ambiguë ; le mari de
Nevenka, Christian Menliff, semble impuissant pour endiguer la passion
vénéneuse qui lie Kurt et sa femme, alors que Katia, une jeune femme vivant
dans la maisonnée, semble terrifiée par Kurt…
Losat,
le valet boiteux, va fréquemment faire des rondes dans la crypte du château,
située en contrebas…
Lorsque
Kurt est retrouvé mort, un poignard dans la gorge, Nevenka est effrayée, elle
est envahie de visions fantomatiques où elle voit Kurt essayant de l’accaparer,
multipliant les coups de fouets sur son corps sublime…
Kurt
avait toujours eu une influence sur Nevenka mais même après son décès il
parvient une nouvelle fois à faire partie du quotidien de la jeune femme et ce,
de jour comme de nuit…
Qui
a tué Kurt ? d’autres meurtres, comme celui du patriarche, se succèdent…
L’impossible
semble être cependant probable lorsque Christian et Losat exhument le cercueil
de Kurt…
La
révélation finale sera des plus surprenantes !
Manipulation,
sadomasochisme, érotisme et mystère seront légion durant toute l’histoire du
film…
Mon
avis :
Tourné
la même année que l’illustre « Trois visages de la peur », « Le
corps et le fouet » est le deuxième chef d’œuvre de Bava avec son film à
sketchs de 1963, ce métrage transpire toutes les codifications bavaiennes et
elles sont magnifiées et poussées au summum artistique du Maestro MAIS il s’imprègne
d’un nouvel élément, jamais exploité dans le cinéma d’alors et plutôt couillu
et inhabituel pour l’époque : le sadomasochisme !
Christopher
Lee (vu dans « Hercule contre les vampires » et au firmament de sa
carrière avec les perles hammériennes, la série des « Dracula ») se
fait voler la vedette par la somptueusement volcanique Daliah Lavi, une actrice
venue d’Israël, c’est elle qui dirige le film, le rôle de Kurt n’étant qu’un
prétexte à de sombres hallucinations rendues à la jeune femme et le dénouement
(sidérant et très intelligent) la hisse au rang des actrices charismatiques que
Bava affectionnait, au même titre que Barbara Steele, malgré les relations
exécrables entretenues entre cette dernière et Bava…
Fidèle
à ses trognes, on retrouve l’actrice qui joue la vieille femme qui réapparaitra
dans le « Operazione Paura » et que l’on voit à la fin du segment « La
goutte d’eau » dans « Les trois visages de la peur » (comment l’oublier ?)
et même la splendide Ida Galli qui joue un second rôle dans le « Ercole
alla centro della terra » aka « Hercule contre les vampires » ;
Bava reprend un peu le canevas scénaristique du « Masque du démon »
avec ses cryptes, ses passages secrets derrière des cheminées et le prénom d’une
des protagonistes est également Katia comme pour le film précité…
On
est en plein dans le baroque, dans les jeux de couleurs, du bleu, du rouge, du
vert servant à bonifier l’aspect gothique que seul Bava pouvait créer et rendre
complémentaire à l’histoire de son film, en appuyant le côté anxiogène et
envoutant de son cinéma unique…
Il y
a dans le regard, dans les yeux de Daliah Lavi/Nevenka quelque chose qui fait
qu’on la sent attirée et apeurée en même temps, c’est presque pathologique,
elle sait qu’elle va se faire fouetter mais ça lui plait, elle est victime
sadomasochiste de son bourreau Christopher Lee/Kurt mais cette sensation est à
la fois érotique et douloureuse, la belle, en martyre, se mange des coups de
fouets et semble apprécier cela ; rarement un film (et surtout à cette
époque, on est quand même au début des années soixante !) n’aura osé aller
aussi loin dans la douleur charnelle que « Le corps et le fouet »,
mais en plus, stylisée de façon remarquable et audacieuse…
Pour
se faire une idée réelle de l’étendue du talent de Mario Bava, « Le corps
et le fouet » est un film incontournable dans sa filmographie, tour à tour
mystérieux, insolite, pénétrant et hypnotique, ce chef d’œuvre est à voir et
revoir sans la moindre retenue, il prouve une nouvelle fois que le cinéma
italien allait plus loin que tous les autres cinémas, empli d’une force, d’une
vigueur et d’un charme que l’on ne retrouvent nulle part ailleurs…
« Le
corps et le fouet » est mythique dans sa réalisation et extrêmement
osé dans son contenu mais reste d’une pudeur exempte de vulgarité, Bava nous a pondu
un film magique et somptueux, à mille lieues des codes du septième art
référencés jusqu’alors…
Prodigieux,
exceptionnel et de plus le DVD sorti par Mad movies a une image de très bonne
qualité avec un plein écran et un menu excellent, il est à posséder
impérativement !
Note :
10/10
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