dimanche 6 mars 2011

Irréversible de Gaspar Noé

IRREVERSIBLE
De Gaspar Noé
2002
avec Vincent Cassel, Monica Bellucci, Albert Dupontel, Jo Prestia, Jean Louis Costes

Synopsis :
Marcus, fou de rage après que sa femme Alex se soit faite violée et tuée sauvagement, cherche par tous les moyens à retrouver l’agresseur afin de faire vengeance à ce meurtre qui bouleversa sa vie.
Le film retrace son histoire mais du dénouement au début …
Les scènes sont découpées dans le sens inverse chronologique.
Marcus est accompagné par Pierre, son meilleur ami, durant cette course folle et effrénée.

Ce que j’en pense :
Complètement novateur et véritable prouesse technologique, « Irréversible » laisse le spectateur sur les rotules…
Hagard, déboussolé et sortant d’un cauchemar, on est littéralement sous le choc devant la vision du film, OVNI dans le paysage formaté du cinéma français…
Noé a pris le parti de dérouler les scènes à l’envers, chaque plan qui défile part en fait de la fin du film pour en atteindre le début, sur un plan strictement narratif.
La vision infernale des bas fonds parisiens (les caves), ces boites homosexuelles sordides, ces bars où trainent des individus patibulaires, forment un tout très oppressant car rarement exploités dans le cinéma traditionnel…
Des échauffourées, des bagarres, des menaces physiques et verbales, complètement la noirceur et la sauvagerie jusqu’à la scène du viol, viscéralement éprouvante et insupportable à regarder.
Le professionnalisme de Monica Bellucci et de Jo Prestia entraine une plongée dans l’horreur absolue, car desservi par un réalisme foudroyant…
La mise en scène est passionnante et particulièrement aboutie, mettant en exergue des mouvement de caméras insensés et déstabilisants, tout droit sortis de nulle part, le tout boosté par une musique (ou plutôt un fond sonore) rendant le sentiment d’étouffement et d’absence d’échappatoire bien tenaces.
Des séquences qui resteront gravées dans la rétine du spectateur comme la découverte par Marcus du corps de sa femme, au visage tuméfiée, sur le brancard après son viol (Cassel nous tire des larmes, il est bouleversant de justesse dans sa composition d’homme à qui on a arraché la vie de son épouse).
Dupontel, ami fidèle, essayant de raisonner par tous les moyens Marcus, n’y pourra rien…
Le déchainement de violence, l’accomplissement cathartique doit avoir lieu par tous les moyens !
Cette vision d’une certaine bourgeoisie vole littéralement en éclats, par le biais de diverses drogues, de soirées « bobo » virant à l’orgie où les protagonistes, tels des pantins désorganisés, perdent progressivement leurs repères pour faire éclater leur couple, qui était pourtant idéal…
Vacillant jusqu’à l’extrême, torturé mentalement, « Irréversible » offre un portrait très noir d’une frange de la société où tout périclite, servi par un refus de la simplicité et desservi par un bouleversement absolu des conventions, dans une ambiance ultra funeste et portée par une pathologie malsaine frôlant la nausée.
Demeurant un film polémique par excellence (les pompiers ont dû intervenir à Cannes lors de la projection, suite à des malaises et des crises de nerfs de certains spectateurs), « Irréversible » est un film symbole, bien ancré dans la violence de sa société et dans un climat de déliquescence et de pourriture, inhérente à la folie qu’il dénonce, mais ne prenant pas, pour autant, le parti pris du bien pensant et du « happy end », volonté de Gaspar Noé de refuser de conforter le spectateur et laissant ce dernier dans un état de malaise latent et dont il sera dur de se remettre !
LE film choc de la décade 2000, mais une mise en images parfaitement douée et une maitrise hors normes, font d’ »Irréversible » un monstre cinématographique, à déconseiller aux personnes sensibles, notamment le public féminin, et les autres qui seront parfaitement aguerris au cinéma extrême se prendront une volée dans la tronche !
Noé est unique !
9.5/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire