ASSASSIN(S)
de Mathieu
Kassovitz
1997
avec
Michel Serrault, Mathieu Kassovitz, Mehdi Benoufa, Nicolas Boukhrief, Hélène de
Fougerolles, Danièle Lebrun, Robert Gendreu
Etude
de mœurs
127
minutes
Scénario
de Nicolas Boukhrief et Mathieu Kassovitz
Présenté
au festival de Cannes 1997 où il fit scandale
Interdit
aux mineurs lors de sa sortie en salles
Synopsis :
Une
ville de la banlieue parisienne, années quatre-vingt-dix…
Maximilien
Pujol, un jeune homme, a un quotidien désabusé, il vit avec sa mère qui gagne
sa vie en faisant des travaux de couture ; Max commet des larcins et fume
du cannabis régulièrement, un soir il fait connaissance de Monsieur Wagner, un
vieil homme, qui est en fait un tueur à gages…
Très
vite, Wagner obtient la confiance de la mère de Max et propose de prendre ce
dernier comme « assistant », Max, ne sachant trop que faire, accepte…
Monsieur
Vidal, un vieil homme, voisin de Max, sera la première victime du duo maléfique
lors d’une nuit atroce où il sera torturé puis abattu d’une décharge de fusil
de chasse…
Max
semble hypnotisé et terrorisé par Wagner, qui va s’immiscer en lui lors d’autres
meurtres crapuleux…
Mehdi,
un adolescent ami de Max, se retrouve mêlé aux meurtres en séries de Wagner après
que Max l’ait entrainé involontairement lors d’un accident de scooter…
Apprenant
ceci, furieux, Wagner abat Max !
Il
va jeter son dévolu sur Mehdi et en fera un disciple de la mort, l’issue sera
terrible !
Mon
avis :
Film
polémique, « Assassin(s) » est avant tout une œuvre prémonitoire sur
le pouvoir des images et sur l’impact de ces dernières sur la jeunesse en perte
de repères ; très sombre et ponctué de fulgurances ultra violentes, « Assassin(s) »
est donc un film choc, qui pourra faire quitter le visionnage aux spectateurs,
surtout à cause d’une scène atroce et profondément dérangeante (la torture puis
la mise à mort d’un pauvre octogénaire qui n’avait rien demandé à personne), ce
passage s’avère particulièrement douloureux à regarder mais il faut continuer
la vision du film car il est réellement intéressant…
Kassovitz
utilise des techniques de filmages par le plafond, exactement comme Scorsese
avec « Taxi driver » ; la télévision est l’élément moteur d’ »Assassin(s) »,
elle apparaît régulièrement comme partie intégrante, comme un « personnage »
du film ; Serrault a vraiment un rôle de pourri, il est incroyable et
empreint d’une folie que seuls les plus grands des acteurs savent retranscrire
à l’écran…
Kassovitz
passe le relais à Mehdi Benoufa, jeune garçon, qui s’implique
consciencieusement dans son personnage et malgré son jeune âge, il est crédible…
Kassovitz
se lâche complètement dans la caricature du sitcom (dix minutes avant la fin du
film) avec une dénonciation sous forme de pornographie de la connerie de ces
feuilletons qui pullulaient à l’époque (« Hélène et les garçons »,
notamment)…
Extrêmement
glauque par instants, la violence barbare d’ »Assassin(s) » se
désamorce par un humour très noir (la publicité pour les tampax juste après la
mort du vieil homme) ; le cannabis est omniprésent dans le film ainsi que
la misère sociale ; la scène de l’accident de scooter est parfaitement
bien réalisée et très réaliste, filmée quasiment en un seul plan, il fallait le
faire !
Le
passage dans la discothèque « Métropolis » donne un côté paroxystique
au catharsis de Wagner et dès le début de sa rencontre avec Max, on sent qu’il
fascine le jeune homme autant qu’il le révulse, cette ambivalence dans la
relation entre les deux hommes est encore une fois un élément intéressant du
film, qui va à contre-courant des duos classiques que l’on connaissait jusqu'alors
au cinéma…
Le passage
dans la maison bourgeoise est un peu comme si le spectateur devenait aussi un « coupable »
à son tour et violait l’intimité de la jeune femme, s’introduisant chez elle,
Kassovitz fait très fort et met le spectateur dans une situation ambiguë et
malsaine, la télévision encore une fois provoque chez le jeune Mehdi une
amplification de la violence intérieure qui le traverse et d’un éclair, il va s’acharner
sur la pauvre femme en vidant son chargeur…
L’issue
du film est très nihiliste et ne pardonne rien ni personne, le « diable »
et le responsable de tous ces méfaits étant le seul à rester en vie mais
Kassovitz clôt son film par une télévision qui s’éteint, comme ultime
avertissement au spectateur sur le « DANGER » qu’elle représente…
« Assassin(s) »
est l’un des seuls films (avec « Looker » de Michael Crichton, mais
ce film n’a rien à voir) qui alerte sur le danger des images de la télévision
dans le quotidien des gens et sur l’effet néfaste qu’il produit sur notre
inconscient, nous poussant à désirer ou faire des choses, parfois en dehors de
ce qui devrait être tolérable…
Epoustouflant
dans sa mise en scène, « Assassin(s) » est aussi très mature et
Kassovitz donne un coup de pied dans la fourmilière avec un film qui dérange et
qui appuie là où ça fait mal…
Les
seules réserves à émettre sont sur la séquence du pauvre vieil homme massacré
(vers la vingtième minute du film) mais autrement il faut vraiment visionner « Assassin(s) »,
œuvre très intelligente et douée avec une performance dans le jeu d’acteurs
incroyable…
Extrême
dans son réalisme, « Assassin(s) » est un chef d’œuvre du film choc
qui donne une vision sociétale très pessimiste, on en sort sur les rotules !
Note :
10/10
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