dimanche 21 août 2016

Le syndrome de Stendhal de Dario Argento, 1996

LE SYNDROME DE STENDHAL
de Dario Argento
1996
Italie
avec Asia Argento, Thomas Kretschmann, Marco Leonardi, Paolo Bonacelli, Luigi Diberti, Veronica Lazar, Julien Lambroschini
Thriller fantastique
118 minutes
Musique d’Ennio Morricone
Synopsis :
Italie, villes de Rome et de Florence, années quatre-vingt-dix…
Anna Manni est une policière qui travaille à la brigade anti-viol, la jeune femme a pour particularité de souffrir d’une pathologie rare, le syndrome de Stendhal, il s’agit d’une hypersensibilité liée aux œuvres d’art qu’elle découvre, notamment des toiles de peinture…
Alfredo Grossi, le tueur/violeur en série, parvient à rencontrer Anna, après que celle-ci ait fait une crise dans un musée et ait partiellement perdu la mémoire…
Alfredo kidnappe Anna et la viole en lui mutilant le visage avec une lame de rasoir, puis il s’enfuit, la laissant ligotée…
A son retour, Anna parvient à le neutraliser et l’emmène dans une forêt où elle jette son corps dans un ravin…
Marco Longhi, le collègue d’Anna, la place sous protection et le docteur Cavanna, un psychiatre, entame une psychothérapie avec Anna pour la dégager de ses traumas…
L’inspecteur Manetti, supérieur d’Anna, conclut que le tueur est définitivement mis hors d’état de nuire ; Anna rencontre un beau jeune homme, Marie, qui effectue des travaux de restaurations dans un musée…
Tout pourrait se passer idéalement mais un détail a échappé au psychiatre et à tous les autres !
Mon avis :
La carrière cinématographique post début des années 90 de Dario Argento a souvent été dénigrée mais là, avec « Le syndrome de Stendhal » il faudrait être de mauvaise foi pour le sous-estimer, Argento signe ici un de ses chefs d’œuvres, au même titre que ses polars de début de carrière, même si l’exubérance propre à des films comme « Suspiria » ou « Inferno » a pratiquement disparu, Argento se concentre sur une esthétique simple et évite le trop de couleurs, et alors ?
« Le syndrome de Stendhal » est LE film qu’il offre à sa fille, Asia, elle y est magique et ne quitte quasiment aucun plan, c’est LE film de sa carrière, elle est le point d’orgue de ce thriller qui invente et réinvente le polar italien…
Tordu, exotique, insolite et lumineux dans ses trouvailles graphiques, « Le syndrome de Stendhal » se base sur une pathologie pour la sublimer et en faire le canevas de tout un film, Argento utilise des techniques pour filmer, des astuces scénaristiques qui prouvent qu’il n’a rien perdu de son talent ; il emploie le visuel au service du narratif et inversement pour finaliser son œuvre de façon virtuose et irradiante…
Le début du film est impressionnant avec ce passage onirique où Asia Argento « rentre » dans la toile et se retrouve avec un gigantesque poisson, tour de force technique et puissance dans la réalisation, on se met tout de suite dans sa personnalité, dans sa complexité et on comprend que le reste du film sera axé sur elle, le côté « bizarre » est en fait un élément clef à part entière dans l’histoire du « Syndrome de Stendhal »…
Et Ennio Morricone sublime les images par sa musique bien adaptée aux séquences, le final incroyable parvient même à nous arracher des larmes !
La quête vers le tueur/violeur en série est haletante mais ce n’est pas là le thème du film, Argento a voulu aller beaucoup plus loin et ne se contente pas de banaliser son métrage, non, il ajoute des éléments connexes à l’histoire policière, alimentant ses séquences avec des décors multiples, des fausses pistes et à aucun moment on ne devine l’issue atroce qu’Argento nous a réservés, il est très malin et on y reconnaît là bien son influence et ses références à son maitre, Alfred Hitchcock…
Tout se tient, l’histoire est crédible dans le découpage des plans et la folie qui imprègne Asia/Anna Manni se fait croissante et pernicieuse, on apprend tout dans les dernières minutes, c’est imparable ! On se prend un tsunami en pleine tronche !
Rebond dans la carrière culte de Dario Argento, « Le syndrome de Stendhal », outre une surpuissance horrifique et une thématique menée de main de maitre, apporte beaucoup au cinéma de genre italien et prouve qu’avec beaucoup d’imagination, on peut encore pondre de vrais chefs d’œuvre même après une carrière descendante au fil du temps…
Très grand thriller onirique et fantasmatique, « Le syndrome de Stendhal » est à visionner pour tout cinéphile fan de Dario, il sera bluffé, étonné, mais trouvera toujours la patte du Maestro intacte, comme vivifiée et modernisée…
Une claque !

Note : 10/10





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