FRANCESCA
de Luciano
Onetti
2015
Argentine
avec
Raul Gederlini, Silvina Grippaldi, Gustavo Dalessandro, Luis Emilio Rodriguez,
Martina Nigrelli, Antonietta Bodarea, Juan Batista Massolo, Fernanda Cerrudo,
Florencia Olle, Aldana Orchuela
Giallo moderne
75 minutes
Edité en DVD chez The Ecstasy of
films
Synopsis :
Rome,
Italie, dans le courant des années soixante-dix…
Une
fillette pris d’un coup de folie transperce l’œil d’un nourrisson, son frère ;
la mère devient folle et son père étrangle la fillette puis l’enterre, dans la
confusion la plus totale…
Quelques
temps après, la ville est en proie à de très violents homicides, une
mystérieuse femme vêtue d’une cape rouge et de gants en cuir tue à l’arme blanche
ses victimes avant d’apposer sur leurs yeux des pièces de monnaie de collection…
Moretti
et Succo, les deux détectives chargés de résoudre cette énigme, étudient de
manière très précise les modus operandi du tueur et récoltent des tas d’indices
durant leurs investigations, ce qui n’empêche nullement le meurtrier de
continuer ses crimes…
Pensant
avoir percé le secret de ces meurtres, un des détectives est tué à son tour !
L’histoire
du meurtre de Francesca, la fillette que l’on voit au début, est étroitement liée
avec cette hécatombe et le dénouement sera atroce !
Mon
avis :
Après
des films récents comme « Amer » ou « L’étrange couleur des
larmes de ton corps », le genre giallo très prisé des cinéphiles semblait
avoir le vent en poupe, et voilà donc ce « Francesca », réalisation
argentine qui rend un hommage appuyé à ses prédécesseurs et que dire… soyons
nets, « Francesca » est une franche réussite, combinant les
thématiques du giallo avec une technique fascinante et un sens du récit à faire
pâlir les cadors du genre…
En
plus d’être un giallo extrême (le postulat est atroce et le film recèle de
scènes déviantes), « Francesca » renvoie à terre tous les préjugés
sur le genre du giallo pour modeler un style, une déclinaison jamais vue au
septième art et permet ainsi de faire savourer une intrigue prenante, ponctuée
de meurtres atroces et d’un côté ressemblant à « Mais qu’avez-vous fait à
Solange » et à « Qui l’a vue mourir », l’enfance étant le
leitmotiv du tueur, une enfance faite de traumas suite à un fait divers funeste
et morbide…
Luciano
Onetti a choisi d’axer son film sur un graphisme exacerbé qui fait mouche à
chaque minute, les plans se succédant de façon onirique avec des flashs
fantasmatiques permettant de marquer la personnalité du tueur, jusqu’à un
dénouement insoupçonné ; après le visionnage le spectateur est collapsé et
il m’a fallu dix bonnes minutes pour me remettre de ce que je venais de voir !
La
musique très catchy du film est aux trois quarts dans la réussite de « Francesca »,
sans elle, les meurtres ne s’amplifieraient pas autant, « Francesca »
fourmille de moments dantesques et nul doute qu’il deviendra un film culte très
vite ; il s’y dégage une puissance, une aura et un charme exotique très
denses, loin des clichés des polars modernes traditionnels, une senteur
capiteuse et un ressenti bluffant émanent de « Francesca » mais
Onetti ne se contente pas d’envoyer les exercices de styles brillamment, il est
encore plus intelligent et gère de manière virtuose la bipolarité de son
histoire de manière qualitative, aussi bien dans le fond que dans la forme…
D’une
chaleur encore plus latine que celle de l’Italie, cette pépite venue d’Argentine
a le triple mérite d’initier le néophyte aux codes du giallo, de pérenniser ces
codes pour celui qui s’y connaît et de graver sur la pierre une marque
indélébile de stylisation qui fera date…
Très
dur parfois, « Francesca » est à réserver à un public averti et
conscient de la brutalité infligée, Onetti a fait très fort (surtout sur la séquence
POST générique final, hyper traumatisante)…
Encore
une fois il faut saluer le travail monumental de l’ami Christophe Cosyns et de « The
Ecstasy of films » qui nous permet de découvrir ces films marginaux et
ainsi, de faire éclater au grand jour ces talents inconnus, à la diffusion
limitée, c’est un bonheur pour tout cinéphile qui peut ainsi apprécier des œuvres
méconnus du grand public, l’édition DVD étant très soignée et le packaging
magnifique !
On
peut ne pas être forcément puriste ou fanatique des giallo de la première heure
pour apprécier « Francesca », film qui mélange le polar, le fantastique
et le thriller paranoïaque, il suffit juste d’un petit peu d’ouverture et on se
laissera porter par cette histoire et surtout on se délectera de cette
technique fabuleuse que seuls les grands cinéastes savent mettre en exergue…
Monstrueux
et à voir impérativement !
Note : 9.5/10
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