LA
PROIE DE L’AUTO STOP
de Pasquale
Festa Campanile
1977
Italie
avec Franco Nero, Corinne Cléry,
David Hess, Monica Zanchi, Joshua Sinclair
104
minutes
Polar
rape and revenge
aka Autostop
rosso sangue
Edité
en DVD chez Artus films
Totalement
interdit en France jusqu’en décembre 1981
Synopsis :
Californie,
Etats-Unis, dans les années soixante-dix…
Walter
Mancini et sa femme, Eve, forment un couple au bord de la séparation, Walter est
grivois et alcoolique et Eve vit très mal sa relation avec lui…
Après
avoir passé la nuit dans un campement avec des hippies qui bivouaquaient, le
couple reprend la route, Eve conduit, Walter s’étant blessé au poignet…
Ils
prennent en stop un homme, Adam Konitz, qui avait sa voiture accidentée au bord
de la route…
Adam
est en réalité un gangster qui vient de dérober la paye d’ouvriers, il y en a
pour deux millions de dollars !
Armé,
Adam menace Walter et force le couple à faire tout ce qu’il souhaite ;
ayant effectué un séjour en hôpital psychiatrique, Adam est en fait un névrosé
sexuel aux accès de démences incontrôlables…
Oaks
et un autre de ses complices le retrouvent, Adam parvient à se débarrasser d’eux
pour conserver seul son butin…
Un
soir, il ligote Walter et abuse de sa femme !
Mon
avis :
« La
proie de l’auto-stop » est un peu le segment intermédiaire entre « La
dernière maison sur la gauche » et un road movie, on y retrouve un habitué
des rôles de psychopathes violeurs : David Hess, toujours aussi à l’aise,
et un couple en délitement incarné par Franco Nero et Corinne Cléry, le moins
que l’on puisse dire sur ce film très brutal, c’est que Pasquale Festa Campanile
(rien à voir avec la chaine d’hôtels) a mis les coudées franches et la pauvre
Corinne Cléry est victime du sexisme barbare aussi bien de son époux que de son
agresseur…
Tourné
dans des paysages naturels superbes et déserts (aucune voiture ne circule à
part celle des héros du film), « La proie de l’auto-stop » est bel et
bien un mini rape and revenge puisque le fameux viol n’intervient qu’aux trois
quarts du film après de nombreux prémices et tentatives avortés, mais ce qui
frappe surtout c’est l’amoralité des
personnages : Walter, journaliste, accepte d’écrire un article sur les
forfaits du « monstre » Adam, les jeunes motocyclistes de la fin du
film sont des voyous irrespectueux ininsérables dans la société et l’argent
semble être la seule et unique motivation de Walter, laissant même sa femme
mourir comme un animal blessé qui souffre le martyr…
L’aspect
outrancier du cinéma populaire italien des années soixante-dix est donc poussé
ici à son summum et il est difficile pour le spectateur de prendre part et
plaisir aux exactions des uns et des autres tant tout ceci est proprement
répugnant et difficile à digérer, c’est cela qui a valu au film une totale
interdiction dans l’hexagone pendant plusieurs années…
Très
décomplexé au niveau des séquences de nudité, « La proie de l’auto-stop »
tient toutefois en haleine et réserve pléthore de rebondissements qui rendent
intéressante la dynamique du scénario, ça va assez vite dans l’action, du coup
le spectateur est intrigué et veut savoir la suite ; l’une des répliques
finales est assez bien trouvée et désamorce la violence inhérente au film par
une touche d’humour…
Déviant
dans son fond comme dans sa forme, « La proie de l’auto-stop »
contient des fulgurances de folie comme le gunfight en pleine tête du policier,
dès le début on comprend que Walter/Franco Nero a une attitude bizarre lorsqu’il
vise sa femme à la carabine et cette ambivalence ne le quittera jamais pendant tout le film, c’est à se
demander s’il n’est pas autant cinglé qu’Adam/David Hess !
La
belle Corinne Cléry n’a pas eu un rôle facile et elle s’en sort très
honorablement, peu d’actrices auraient accepté d’endosser son personnage…
L’édition
d’Artus films est, comme toujours, parfaite et surtout le bonus avec l’intervention
de David Didelot qui décortique tout le film de manière précise et le place
dans le contexte du cinéma d’alors avec une grande rigueur, et très accessible
en même temps, bravo à lui !
« La
proie de l’auto-stop » est un film à voir si vous êtes fan de rape and
revenge mais également si vous appréciez les films extrêmes italiens des
seventies, celui-ci rentre dans plusieurs cadres et s’approprie plusieurs
codifications, c’est un film multi-genres…
Rien
que pour sa rareté et pour l’objet de collection qu’est le DVD d’Artus films, l’achat
est obligatoire !
Note :
9/10
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