MORT
D’UN POURRI
de Georges
Lautner
1977
France
avec
Alain Delon, Ornella Muti, Stéphane Audran, Jean Bouise, Klaus Kinski, Julien
Guiomar, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Daniel Ceccaldi, Philippe
Castelli
Polar
politique
119
minutes
Scénario
et dialogues de Michel Audiard
Musique
de Philippe Sarde et Stan Getz
Cascades
effectuées par Rémy Julienne
Nominé
aux Césars 1978 pour le meilleur rôle masculin et le meilleur scénario
Edité
en DVD chez Pathé vidéo
Synopsis :
Quartier
de la Défense, banlieue parisienne, années soixante-dix…
Philippe
Dubaye, un homme politique, arrive en pleine nuit chez son ami Xavier Maréchal,
il lui annonce qu’il vient de tuer le député Serrano en l’assommant car ce
dernier possédait des informations compromettantes pouvant casser la carrière
de certains hommes politiques, dont Dubaye, justement…
Dubaye
indique à Xavier l’endroit où se trouve le carnet avec la liste des hommes
corrompus ; Xavier doit retrouver Valérie Agostinelli, une petite amie de
Dubaye, c’est alors que Dubaye est assassiné !
Christiane
Dubaye, la femme du défunt, est alcoolique et traine dans des clubs nocturnes à
Paris ; alors que Valérie se réfugie chez un ami sûr de Xavier le temps
que tout se décante, Nicolas Tomski, un homme d’affaires, fait pression sur un
magistrat pour que le commissaire Pernais libère Xavier, suspecté et gardé à
vue…
Xavier
n’a plus qu’une idée en tête, venger coûte que coûte la mort de Dubaye, il est
tiraillé entre la police qui le soupçonne et les politiques qui veulent
récupérer la liste des corruptions…
Moreau
de la Brigade criminelle décide d’emmener Xavier, qui a déjà manqué plusieurs
fois de se faire tuer, à l’endroit où se trouve le carnet, dans la consigne d’une
gare parisienne…
Il s’agit
d’un guet- apens !
Mon
avis :
Les
années soixante-dix furent bénies au niveau des polars politiques avec
notamment des films comme « I comme Icare » d’Henri Verneuil ou les
films de Costa Gavras, ici avec ce « Mort d’un pourri », nous sommes
dans l’archétype total de ce genre et le métrage s’avère passionnant, le
spectateur est pris dans l’intrigue à la première minute et l’on se délecte en
suivant les pérégrinations d’un Delon en grande forme, pris dans les rouages
vicieux de la politique et de la corruption…
Tous
les politicards du film sont d’immondes salopards puants d’orgueil et d’arrivisme
et le pauvre Xavier Maréchal, à l’innocence et à la loyauté cristallines n’aura
qu’un but : venger la mort de son ami…
Certains
passages font penser à des giallos, surtout l’agression de Stéphane Audran, le
film est quelque peu paranoïaque, on se méfie de tout le monde et tout peut
basculer en quelques secondes…
L’habileté
de Georges Lautner et les dialogues de Michel Audiard (qui venait juste de
perdre son fils à l’époque) donnent un rendu plus noir, plus nihiliste qu’à l’accoutumée,
ici il y a très peu d’humour, quasiment jamais…
Le
personnage de Mireille Darc en femme soumise folle amoureuse de Delon est mis à
l’écart et Lautner s’attache plus à mettre en exergue le charme et la beauté de
la belle Ornella Muti, quant à Stéphane Audran (vue dans beaucoup de films de
Claude Chabrol) elle semble être dépravée et son couple périclite avec un
adultère des deux côtés, tous les acteurs sont impliqués dans leurs rôles et
jouent à merveille…
Au
niveau de l’architecture, les tours immenses de la Défense sont très bien mises
en valeur et renforcent le côté austère du film, donnant une plus- value au
sentiment de « piège » qui s’abat sur Delon même si la fin est
heureuse, nonobstant beaucoup de morts…
La
scène des deux camions avec le pont et les diverses cascades automobiles sont exécutées
de main de maitre par Rémy Julienne, leader en la matière…
La
musique jazzy feutrée de Stan Getz donne un côté vintage au film et est très
approprié à cette période des années soixante-dix, avec un aspect mystérieux et
entrainant en même temps…
C’est
toujours un régal de revoir ces mobiliers des années soixante-dix et cette « mythologie »
de l’époque avec les vieilles voitures, ce plongeon dans le temps captive et
fait du bien au cinéphile…
« Mort
d’un pourri » est un très grand polar politique, flirtant avec les
antagonismes, les conflits d’intérêts et porte très bien son nom, les
politiques ne sont effectivement pas beaux à voir et la philosophie du film en
dresse un portrait peu engageant, le rôle « d’ange » était tout à fait
taillé pour Alain Delon…
Un
film à voir et à revoir régulièrement, le plaisir est toujours au rendez-vous…
Note :
9/10
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