mercredi 17 août 2016

Mort d'un pourri de Georges Lautner, 1977

MORT D’UN POURRI
de Georges Lautner
1977
France
avec Alain Delon, Ornella Muti, Stéphane Audran, Jean Bouise, Klaus Kinski, Julien Guiomar, Mireille Darc, Maurice Ronet, Michel Aumont, Daniel Ceccaldi, Philippe Castelli
Polar politique
119 minutes
Scénario et dialogues de Michel Audiard
Musique de Philippe Sarde et Stan Getz
Cascades effectuées par Rémy Julienne
Nominé aux Césars 1978 pour le meilleur rôle masculin et le meilleur scénario
Edité en DVD chez Pathé vidéo
Synopsis :
Quartier de la Défense, banlieue parisienne, années soixante-dix…
Philippe Dubaye, un homme politique, arrive en pleine nuit chez son ami Xavier Maréchal, il lui annonce qu’il vient de tuer le député Serrano en l’assommant car ce dernier possédait des informations compromettantes pouvant casser la carrière de certains hommes politiques, dont Dubaye, justement…
Dubaye indique à Xavier l’endroit où se trouve le carnet avec la liste des hommes corrompus ; Xavier doit retrouver Valérie Agostinelli, une petite amie de Dubaye, c’est alors que Dubaye est assassiné !
Christiane Dubaye, la femme du défunt, est alcoolique et traine dans des clubs nocturnes à Paris ; alors que Valérie se réfugie chez un ami sûr de Xavier le temps que tout se décante, Nicolas Tomski, un homme d’affaires, fait pression sur un magistrat pour que le commissaire Pernais libère Xavier, suspecté et gardé à vue…
Xavier n’a plus qu’une idée en tête, venger coûte que coûte la mort de Dubaye, il est tiraillé entre la police qui le soupçonne et les politiques qui veulent récupérer la liste des corruptions…
Moreau de la Brigade criminelle décide d’emmener Xavier, qui a déjà manqué plusieurs fois de se faire tuer, à l’endroit où se trouve le carnet, dans la consigne d’une gare parisienne…
Il s’agit d’un guet- apens !
Mon avis :
Les années soixante-dix furent bénies au niveau des polars politiques avec notamment des films comme « I comme Icare » d’Henri Verneuil ou les films de Costa Gavras, ici avec ce « Mort d’un pourri », nous sommes dans l’archétype total de ce genre et le métrage s’avère passionnant, le spectateur est pris dans l’intrigue à la première minute et l’on se délecte en suivant les pérégrinations d’un Delon en grande forme, pris dans les rouages vicieux de la politique et de la corruption…
Tous les politicards du film sont d’immondes salopards puants d’orgueil et d’arrivisme et le pauvre Xavier Maréchal, à l’innocence et à la loyauté cristallines n’aura qu’un but : venger la mort de son ami…
Certains passages font penser à des giallos, surtout l’agression de Stéphane Audran, le film est quelque peu paranoïaque, on se méfie de tout le monde et tout peut basculer en quelques secondes…
L’habileté de Georges Lautner et les dialogues de Michel Audiard (qui venait juste de perdre son fils à l’époque) donnent un rendu plus noir, plus nihiliste qu’à l’accoutumée, ici il y a très peu d’humour, quasiment jamais…
Le personnage de Mireille Darc en femme soumise folle amoureuse de Delon est mis à l’écart et Lautner s’attache plus à mettre en exergue le charme et la beauté de la belle Ornella Muti, quant à Stéphane Audran (vue dans beaucoup de films de Claude Chabrol) elle semble être dépravée et son couple périclite avec un adultère des deux côtés, tous les acteurs sont impliqués dans leurs rôles et jouent à merveille…
Au niveau de l’architecture, les tours immenses de la Défense sont très bien mises en valeur et renforcent le côté austère du film, donnant une plus- value au sentiment de « piège » qui s’abat sur Delon même si la fin est heureuse, nonobstant beaucoup de morts…
La scène des deux camions avec le pont et les diverses cascades automobiles sont exécutées de main de maitre par Rémy Julienne, leader en la matière…
La musique jazzy feutrée de Stan Getz donne un côté vintage au film et est très approprié à cette période des années soixante-dix, avec un aspect mystérieux et entrainant en même temps…
C’est toujours un régal de revoir ces mobiliers des années soixante-dix et cette « mythologie » de l’époque avec les vieilles voitures, ce plongeon dans le temps captive et fait du bien au cinéphile…
« Mort d’un pourri » est un très grand polar politique, flirtant avec les antagonismes, les conflits d’intérêts et porte très bien son nom, les politiques ne sont effectivement pas beaux à voir et la philosophie du film en dresse un portrait peu engageant, le rôle « d’ange » était tout à fait taillé pour Alain Delon…
Un film à voir et à revoir régulièrement, le plaisir est toujours au rendez-vous…

Note : 9/10





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