UN FRANÇAIS
De Diastème
2015
France
Avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy, Lucie Debay, Patrick Pineau
98 minutes
Chronique sociale
Synopsis :
France, villes de banlieue parisienne…
Le parcours et la tranche de vie du jeune Marco Lopez, skinhead de son
état…
Le film suit les bagarres avec lui contre les maghrébins ou les
redskins, il montre la déchéance de ce jeune homme, les plans de soirées qui
tournent mal, sa liaison avec une jeune femme issue du mouvement lepéniste, de
manière frontale, le réalisateur dresse un portrait sans complaisance et d’un
réalisme saisissant de la vie de ce jeune skinhead sur une période d’une
trentaine d’années (de 1987 à 2015)…
Mon avis :
« Un français » est une peinture extrêmement réaliste et sans
compromis du milieu des skinheads en France, le réalisateur Diastème ne ménage
rien ni personne dans son film et dresse un constat très dur de la dérive
sociétale issue des mouvements radicaux d’extrême-droite qui pullulaient au
milieu des années quatre-vingts dans l’hexagone…
Certaines séquences sont vraiment atroces (la mort du monsieur noir qui
ingurgite un détergent, les bagarres ultra-violentes avec effets d’hémoglobine
à l’appui), bref tout est passé en revue et le film fait parfois froid dans le
dos…
Par le biais de soirées sordides, la musique skinhead est un vecteur qui
« booste » la sensation de force chez ces délinquants et rien ne
semble pouvoir les arrêter dans leur folie et dans leur barbarie…
Diastème filme caméra sur l’épaule, il est souvent derrière la carrure
de Lopez lors de ses démarches imposantes et permet au spectateur de le suivre
frontalement dans ses pérégrinations…
La reconstitution des années quatre-vingts est, à ce titre,
exceptionnelle de justesse ; Diastème a repris le mobilier, les affiches
politiques, l’architecture des commerces qui étaient inhérents à cette période,
c’est un vrai travail d’orfèvre…
Distribué dans très peu de salles et ignoré des médias traditionnels,
« Un français » est pourtant un très grand film qui a le double
mérite d’interpeler le spectateur sur une époque générationnelle et d’appuyer
là où ça fait mal par le biais d’une histoire riche en rebondissements et très
axée sur le réalisme du cinéma-vérité…
Le personnage du pharmacien lors de la crise de panique de Marco donne
un peu d’humanité dans « Un français » mais Diastème ne prend jamais
parti pour qui que ce soit, son film est fait en free-lance, en détachement, il
créée l’atmosphère mais ne cherche jamais à influencer le spectateur et c’est ça
qui distingue le film des autres déjà réalisés sur la même trame…
« Un français » est un film « uppercut » à ne pas
faire visionner aux personnes sensibles, il comporte des moments difficiles
mais on ne peut nier la sincérité de Diastème et de son équipe, le fait divers
de la mort de Clément Méric (un militant d’extrême gauche qui fut tué par des
skinheads lors d’une manifestation) a
été le déclencheur pour qu’il réalise ce film…
Tentative originale et très réussie, « Un français » est un
bel exemple pour le cinéma français, loin des « Camping » et autres « Cœur
des hommes » et, disons-le clairement, ça fait un bien fou de voir des
réalisateurs comme Diastème qui osent et risquent de la sorte !
A encourager massivement et fortement…
Note : 8/10
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