samedi 28 janvier 2012

Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, 1997

BOOGIE NIGHTS

De Paul Thomas Anderson

Etats Unis

1997

156 minutes

avec Burt Reynolds, Mark Wahlberg, Julianne Moore, Heather Graham, Nina Hartley

Synopsis :

 Eddie Adams emploie ses « attributs » masculins pour rentrer dans le monde de la pornographie alors en plein boom. L'univers qu'il va alors côtoyer va, paradoxalement, le porter au rang de véritable star et l'auto détruire. Le film montre plusieurs facettes de ce monde dans les années 1970 et 1980 en Californie, de l'univers des plateaux de tournage de l'époque à l'arrivée des drogues et leurs ravages. Il montre aussi les différentes origines des personnages et leur place dans cet univers étonnant, hors normes, parfois fataliste, souvent fantaisiste.

Mon avis :

« Boogie Nights » est un des seuls films, peut être le seul d’ailleurs, à être le témoignage d’une certaine période de l’industrie du X aux Etats Unis entre les années 70 et 80…

Il explore les démêlés et le déclin de « l’âge d’or du X » outre Atlantique avant l’arrivée de la vidéo qui allait tout bouleverser et modifier la donne, économiquement et humainement parlants.

Filmé avec une grande intelligence, sans aucun racolage ou voyeurisme, il réussit sur un sujet hyper casse gueule où nombre de metteurs en scène se seraient plantés, car Paul Thomas Anderson a su y intégrer son talent, sa patte et sa gouaille gouleyante…

Des séquences incroyables pour un trombinoscope et une galerie de personnages atypiques et marginaux, le tout restitué avec un côté émotionnel et peu commun pour un métrage somme toute plutôt difficile d’accès et néanmoins réservé à un public averti et ciblé…

Eddie Adams deviendra Dirk Diggler, un peu comme Gainsbourg devint Gainsbarre, et c’est toute cette déchéance qui est pointée en avant et montrée du doigt, avec le lot de désagréments que tout cela comporte…

Passages ultra réalistes de séances de coke, de tournages en 8 mm, dans des décors typiques des productions de cette époque faramineuse où l’argent facile régnait et où tout pouvait rapporter le jackpot si convoité !

Aucune concession dès lors ce postulat accepté mais on fonce avec un turbo boosté au maxi, mais finalement on fonce droit dans le mur !

« Boogie Nights » c’est cela : la découverte, l’adaptation, l’ascension, la chute, la récession, l’oubli…

Dirk Diggler (Wahlberg incroyable de justesse !) est dominé par son mentor (Burt Reynolds parfaitement à l’aise dans son rôle), entouré de filles fragiles et accros aux substances illicites, végétant dans un « Wonderland » de paillettes et de cocaïne…

Pourquoi ?

Pour rien !

Les repères familiaux, les liens sociétaux sont totalement détachés de leur quotidien, sans repères, vivant dans un monde de luxure et de dépravation !

Incroyablement réalisé « Boogie Nights » n’en oublie pas pour autant d’être attachant, créant une empathie pour ces protagonistes bluffants de sincérité !

Le perchiste moustachu  preneur de son, cocu jusqu’à la moelle, sorte de Jean Claude Dusse puissance 10 000, la « Rollergirl » petit ange déchu qui finira par désavouer son rôle de lolita surexcitée en tabassant un de ses admirateurs des premiers jours, ce vendeur improbable de Hi FI que l’on pensait honnête et au dessus de tout soupçon et qui s’avèrera d’une vénalité hors normes, et surtout, surtout ce moustachu au peignoir en soie fumeur de crack, amateur de jeunes asiatiques qui claquent des pétards, qui se révèlera un dangereux « gunfighter » dans une séquence d’anthologie désopilante  ponctuée de tubes des années 80, bref « Boogie Nights » laisse un souvenir impérissable, un grand moment de cinéma, pur et dur, mais jamais rébarbatif !

L’utilisation des lumières et la qualité de l’implication des acteurs y est pour beaucoup dans un métrage qui ne néglige nullement l’humour et le décalage…

La carrière de Diggler, tour à tour, homme à tout faire d’un restaurant boîte de nuit, acteur X au succès phénoménal, comédien de nanars d’action à faire pâlir de jalousie Chuck Norris, chanteur ringard sur le déclin pour finir petit trafiquant dans des coups minables, reste largement inspirée de celle de John Holmes, comédien décédé du sida dans les années 80, ce qui ramène de l’obscur au clair firmament de la gloire éphémère, apportant une contribution pathétique au personnage…

Julianne Moore en mère bafouée et désespérée est également incroyable de justesse (quand on pense que trois ans après, elle décrochera la rôle de Clarice Starling pour « Hannibal » de Ridley Scott !)

Wahlberg porte à bout de bras le film, le hissant au rang de chef d’œuvre ultime parmi les chefs d’œuvres de sa catégorie et Anderson assied et conforte alors sa réputation de réal hors normes, pour accoucher d’un métrage vrombissant et décalé…

Une tuerie totale qu’il me tarde de revoir absolument !

Note : 10 /10



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