L'appel de la chair d'Emilio Miraglia, 1971

 

L’APPEL DE LA CHAIR

d’Emilio Miraglia

1971

Italie

avec Anthony Steffen, Erika Blanc, Giacomo Rossi Stuart, Marina Malfatti

103 minutes

Thriller/Giallo atypique

Blu ray édité chez Artus films

Musique de Bruno Nicolai

aka La notte che Evelyn usci dalla tomba

Synopsis :

Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer.

Il passe son temps à se livrer à des jeux sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines.

Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie parfait d’Evelyn.

Il la demande en mariage et la fait venir vivre au château.

Peu à peu, il devient alors victime d’hallucinations, hanté par le fantôme de sa première femme.

(source : Artus films, merci à eux)

Mon avis :

Emilio Miraglia est un cinéaste à part dans les metteurs en scène italiens de thrillers, il réalisa son plus grand film « La dame rouge tua sept fois » qui marqua d’une pierre blanche l’histoire du giallo, celui-ci « L’appel de la chair » est tourné un an avant et semble être une ébauche de « La dame rouge tua sept fois », les points communs entre les deux métrages sont leur atypisme, leur brutalité et qu’ils se démarquent complètement des autres gialli, Miraglia fait exploser le genre et l’accessibilité à ses films nécessitent plusieurs visionnages car c’est du cinéma qui n’est pas donné à tout le monde, une intrigue tortueuse voire hermétique, une histoire pas évidente à comprendre de prime abord mais un cinéma très intéressant et remarquable à tous points de vue…

Miraglia a mis une sacrée dose de sexe dans « L’appel de la chair » et des penchants sadiens et fétichistes ponctuent le film, doté de passages déviants (une femme infirme dévorée par des renards, un meurtre par piqûre de serpent, des tortures et des coups de fouets, des apparitions spectrales de la femme décédée et une obsession des troubles psychiatriques)…

Malheureusement, et c’est le gros défaut du film, le final est incompréhensible et pas du tout crédible et cela gâche la majeure partie de « L’appel de la chair », je l’ai vu deux fois en l’espace d’une semaine et je ne pige toujours pas où Miraglia a voulu en venir, il n’y a rien qui colle !

Restent de très beaux moments de pure terreur, des décors magnifiques, un Anthony Steffen très impliqué dans son rôle, des comédiennes très jolies qui se prêtent volontiers à dévoiler leurs plastiques, mais le film est quand même sacrément daté et moins réussi que les gialli de Mario Bava qui, lui, excellait dans le genre ; on pense beaucoup à « L’ile de l’épouvante » car la motivation première des personnages (tous de sombres salopards !) reste L’ARGENT !

C’est la vénalité qui prévaut avant tout dans « L’appel de la chair » et l’histoire de l’héritage du riche châtelain reste la justification de tous les meurtres, mais SPOILER ON pourquoi alors réapparait-il à la fin alors qu’il est sensé être diagnostiqué fou à lier et interné à vie ????? SPOILER OFF.

« L’appel de la chair » aurait gagné à être plus limpide dans son cheminement scénaristique, à force de vouloir trop bien faire, Emilio Miraglia s’est pris les pieds dans le tapis aux dix dernières minutes, pourtant, globalement son film est tout de même réussi et arrive à capter l’attention du spectateur ; les amateurs de giallo prendront surement plaisir à visionner « L’appel de la chair » qui de plus (et cela ne gâche rien) est sorti dans une édition blu ray impeccable de la part d’Artus films qui a produit là un travail sensationnel, c’est grâce à eux qu’on peut enfin découvrir ce giallo méconnu et le bonus avec Emmanuel Le Gagne est hyper intéressant, on y apprend des tas d’infos indispensables…

Nettement inférieur à « La dame rouge tua sept fois », « L’appel de la chair » est tout de même un giallo hors codes qui ravira les cinéphiles et l’occasion de retrouver Giacomo Rossi Stuart et Erika Blanc qui collaborèrent déjà dans le « Opération peur » de Mario Bava six ans avant…

« L’appel de la chair » risquera de décontenancer les fans de thrillers italiens mais c’est un film qui a le mérite d’exister et Miraglia clôtura définitivement sa carrière l’année suivante en 1972, c’est un cinéaste rare et qui n’a réalisé que six films donc l’intérêt et la curiosité que les cinéphiles peuvent témoigner envers lui sont légitimes, « L’appel de la chair » est un métrage qui n’est pas donné à tout le monde et qui s’adresse surtout à l’élite des cinéphiles…

Malgré la grande réserve sur l’épilogue imbitable, « L’appel de la chair » est un giallo à voir absolument et Artus films est une structure à encourager vivement…

Une curiosité !

Note : 8/10

La dame rouge tua sept fois d'Emilio Miraglia, 1972

 

LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS

d’Emilio Miraglia

1972

Italie/Allemagne de l’Ouest

avec Barbara Bouchet, Sybill Danning, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Pia Giancaro, Nino Korda

Giallo de haut niveau

Musique de Bruno Nicolai

100 minutes

Blu ray édité chez Artus films

aka The red queen killed seven times

aka La dama rossa uccide sette volte

Synopsis :

Selon une ancienne légende, la dynastie Wildenbrück serait maudite depuis de nombreuses générations.

En effet, tous les cent ans, une habitante du château Wildenbrück en Bavière serait possédée par celle que l'on nomme « la Dame rouge », et se verrait contrainte d'assassiner sept personnes pour prolonger la malédiction.

La légende veut que sa dernière victime soit « la Dame noire », c'est-à-dire la propre sœur de la possédée.

En 1972, Kathy Wildenbrück, photographe de mode à l'agence Springe, se dispute violemment avec sa sœur Évelyne, dans le jardin du château familial.

S'ensuit un affrontement au cours duquel Kathy tue accidentellement sa sœur. Quelque temps plus tard, des proches de la jeune femme sont tués sous les coups de poignard d'une étrange silhouette vêtue de rouge.

Quelques témoins ayant aperçu le meurtrier érigent un portrait robot, ressemblant de façon troublante à Évelyne.

Cette dernière est pourtant morte depuis peu...

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Pfiouuuuuu ! quel film, quel brio dans la mise en scène, alors là on est en présence sans doute du plus grand giallo jamais réalisé ! c’est incroyable ce film !

« La dame rouge tua sept fois » coche toutes les cases du giallo de haut niveau, on a pêle mêle une histoire de malédiction, de vengeance, de meurtres, de bizarreries, de sexe, d’héritage, de photographes de mode, le tout sublimé par une réalisation remarquable avec en bonus des passages de rêves et une atmosphère très stressante avec des séquences d’épouvante et une musique ultra flippante du grand Bruno Nicolai, autant vous dire que ça déménage et que les fans puristes de gialli seront aux anges et vont complètement halluciner !

Les meurtres sont francs et hyper directs, exécutés au poignard avec une mystérieuse femme à la cape rouge qui clôt ses forfaits par un rire satanique à glacer le sang même des spectateurs les plus aguerris !

Avec « La dame rouge tua sept fois » les frissons sont au rendez-vous, c’est un film qui fait peur, très peur !

Barbara Bouchet est sensationnelle et tient la vedette durant tout le métrage et on se demande bien qui se cache derrière cette femme masquée et vêtue de rouge, le spectateur cogite durant tout le film, de l’entame jusqu’à l’épilogue, particulièrement surprenant !

D’ailleurs, je pense qu’il faut plusieurs visionnages pour tout comprendre tant l’histoire est complexe et tordue !

De plus, les crimes à l’arme blanche sont sanguinolents et Emilio Miraglia ne s’interdit aucune limite ni transgression (un viol est même commis sur la personne de Barbara Bouchet, heureusement hors champ sinon cela aurait été insoutenable !) et les coups de surin déployés par la dame rouge tachent bien comme il faut et il y a même un passage de gorge ouverte après une chute sur le pic d’un portail !

« La dame rouge tua sept fois » fait figure de monument du giallo et est tourné en plein âge d’or de ce genre (on est en 1972), il va sans dire que ce film est devenu culte très rapidement de par sa qualité, sa rigueur et son originalité, il fait le même effet que quelques autres de ses comparses comme « Mais qu’avez-vous fait à Solange ? » ou « Qui l’a vue mourir ? » c’est du même tonneau et il est sidérant que Miraglia ait stoppé sa carrière après ce film, c’est un réalisateur qui a tourné très peu de films mais là, il a tapé dans le mille !

Pur chef d’œuvre, « La dame rouge tua sept fois » est sorti chez nos amis d’Artus films dans un magnifique blu ray qui lui rend honneur et nul besoin de préciser que l’achat est impératif pour tout fan de giallo ou de thrillers italiens !

C’est d’un très haut niveau et on peut s’autoriser de le revoir (ce que je vais faire) car reconnaissons- le, l’explication finale est ultra rapide et se décline en quelques minutes, il est donc possible que l’on ne pige pas forcément du premier coup (l’histoire avec une autre fille nommée Evelyne et étant orpheline !), quoiqu’il en soit, « La dame rouge tua sept fois » est une œuvre phénoménale à ne surtout pas louper et qui méritera toute votre attention, à voir dans le noir, les mains accrochés au fauteuil, on y retrouve des sensations que l’on n’a pas eu depuis des lustres, certains plans sont tétanisants !

A noter la présence de la belle Sybill Dannng, actrice culte, ici dans le rôle d’un mannequin peu avare de ses charmes (mais il fallait s’en douter) et tous les comédiens sont parfaits, mêmes les gamines Cathy et Evelyne jeunes au début, tout est dirigé à la perfection par Emilio Miraglia qui signe ici un opus ultime du giallo !

Rien à redire de plus sinon qu’on a la méchante envie de le revoir très vite !

Une référence et un exemple du genre, tout ce qu’il faut faire pour rendre un film passionnant se trouve dans « La dame rouge tua sept fois » !

TUERIE TOTALE

Note : 10/10

Le puits et le pendule de Stuart Gordon, 1991

 

LE PUITS ET LE PENDULE

de Stuart Gordon

1991

Etats-Unis/Italie

avec Lance Henriksen, Oliver Reed, Jeffrey Combs, Rona de Ricci

97 minutes

Film fantastique/torture porn

Produit par Charles Band

Blu ray édité chez ESC dans la collection « Trésors du fantastique »

d’après l’œuvre d’Edgar Allan Poe

aka The pit and the pendulum

Synopsis :

Espagne, 1492.

L’Inquisition a instauré un sanglant règne de terreur, tortures et meurtres au nom de la religion.

Prise dans la tourmente, la femme du boulanger, Maria, est accusée de sorcellerie. Elle comparaît nue devant le grand inquisiteur Torquemada.

Subjugué par sa beauté, Maria devient le jouet des tortures sadiques de Torquemada.

Mon avis :

Stuart Gordon adapte cette nouvelle d’Edgar Poe de façon très libre et en profite surtout pour se polariser sur les effets gore qui firent sa renommée avec « Re-animator » mais cela ne suffit pas pour donner de la qualité à son film, qui semble enfermé dans l’ambiance des caveaux de tortures du château et l’intrigue tourne un peu en rond, faute d’originalité…

Heureusement, Lance Henriksen est un excellent acteur et parvient à donner du relief au film, il est remarquable en inquisiteur sadique et sans aucune pitié ni compassion pour les victimes qu’il prend visiblement plaisir à torturer ; à ce titre, les tortures infligées tiennent le haut du pavé et s’avèrent peu ragoûtantes !

Le couple de boulangers, Maria et Antonio, va en baver et les maquillages gore sont efficaces ; la nudité intégrale de Rona de Ricci ravira les cinéphiles érotomanes, l’actrice est sublime !

En second rôle de luxe, notons l’apparition furtive d’Oliver Reed en cardinal tout droit envoyé par le Vatican qui ne sera hélas pas entendu par Torquemada et finira emmuré, sans autre forme de procès !

L’atmosphère est loin d’être ratée mais on préfèrera bien évidemment les ritaleries bavaiennes à ce pudding U.S. bien typique des années quatre vingt-dix…

« Le puits et le pendule » version Stuart Gordon n’est toutefois pas un coup d’épée dans l’eau mais se visionne facilement et honorablement, les fans de torture porn sous l’Inquisition apprécieront fortement le spectacle mais il est évident que cela ne vaut pas ses illustres prédécesseurs du même genre comme « Mark of the devil », sommité absolue du film de tortures médiévales…

C’est rigolo de voir cette tentative semi-ratée de redorer le blason de ce genre, l’essai de Stuart Gordon demeure payant grâce aux décors (c’est un vrai château qui a été utilisé) et certaines séquences sont réussies (la manière avec laquelle Antonio pénètre dans le château, le passage avec les rats et bien sûr la torture avec la hache qui tourne sur Antonio en se balançant du plafond -copié collé de la séquence culte du « Vampire et le sang des vierges » tourné en 1967, soit 24 ans avant !-)…

Bref, « Le puits et le pendule » de 1991 n’est pas un chef d’œuvre mais reste agréable à regarder et le blu ray édité chez ESC est bougrement attractif ; l’unique bonus avec l’excellent journaliste Christophe Lemaire est réellement très sympa et suffira à susciter l’engouement pour cette édition…

Ceux qui souhaitent voir et posséder tous les films inspirés d’Edgar Poe pourront se ruer sur ce blu ray et découvrirons une autre facette du talent de Stuart Gordon, qui fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, en effet on apprend que la boite de production avait fait faillite quelques jours avant le début du tournage et que Gordon s’est battu et n’a rien lâché pour monter son film en chantier malgré tout cela !

Un bémol sur la musique du film, omniprésente et par moments insupportable, il aurait fallu la décliner avec plus de parcimonie !

A voir pour Lance Henriksen dans un rôle loin du gentil androïde Bishop d’ »Aliens, le retour », il est à contrepied de ce rôle qui l’a rendu célèbre et parvient à s’adapter quoiqu’il advienne, rien que pour lui, « Le puits et le pendule » mérite d’être acheté !

Note : 7/10

Théâtre de sang de Douglas Hickox, 1973

 

THEATRE DE SANG

de Douglas Hickox

1973

Grande Bretagne

avec Vincent Price, Diana Rigg, Robert Coote, Ian Hendry, Harry Andrews

Film fantastique

aka Theater of blood

Blu ray édité chez ESC

Bonus avec Christophe Lemaire

104 minutes

Synopsis :

Edward Lionheart, acteur et metteur en scène spécialisé dans la tragédie shakespearienne, las d'être éreinté par la critique, se rend chez l'un de ses détracteurs qui habite un immeuble au bord de la Tamise.

Après l'avoir menacé, ainsi que le groupe de critiques qui étaient justement réunis chez lui, il saute du balcon et se jette dans le fleuve.

Au bout de quelque temps, les mêmes critiques qui avaient poussé Lionheart au désespoir meurent les uns après les autres, dans des circonstances qui rappellent différents épisodes des tragédies de Shakespeare.

Sa fille Edwina est-elle impliquée ?

(source : Wikipedia)

Mon avis :

« Théâtre de sang » est un pur régal pour tout cinéphile, c’est une immense réussite avec des idées détonantes et incroyables et un Vincent Price en totale roue libre complètement habité par son personnage !

Tour à tour loufoque et réellement effrayant, « Théâtre de sang » comporte des références aux sept pêchés capitaux et à des pièces de Shakespeare, le tout servant de leviers pour des meurtres très atypiques et non dénués d’hémoglobine ; le rythme est incessant et le manège servi par Vincent Price/Edward Lionheart se dote d’une cadence infernale avec un scénario très intéressant et roublard à l’extrême (un vieil acteur sur le déclin va se venger, alors qu’il est laissé pour mort, des journalistes critiques de théâtre qui ont dit du mal de lui dans leurs articles !)…

Très vite, tout part en live et les critiques vont payer le prix de leur méchanceté dans des saynètes très méthodiques où le bougre de Lionheart va organiser des vendettas sans la moindre pitié, aidé par sa fille (la belle Diana Rigg), pour le plus grand bonheur du spectateur complice de ses forfaits et dans la joie complète avec un humour noir très glaçant où s’invite même le gore le plus trash et le plus craspec !

On sent que Vincent Price a pris beaucoup de plaisir en incarnant ce personnage iconoclaste et Douglas Hickox (qui signe ici son meilleur film) a opté pour un parti-pris du film baroque et outrancier, le résultat fonctionne à merveille et le film, outre un hommage à William Shakespeare, anticipe trois décades plus tôt le « Se7en » de David Fincher avec Brad Pitt…

Métrage très culotté, « Théâtre de sang » contient des passages effroyables avec des seconds rôles repoussants (les clochards squatteurs lors du premier meurtre) et ne convient pas forcément à tous les publics (il a été interdit aux moins de douze ans), quoiqu’il en soit c’est un formidable moment de cinéma et complètement avant-garde et qui se distingue des autres productions de l’époque (le film n’est ni produit par la Hammer ni par la Amicus !) mais demeure une des meilleures déclinaisons du « British Horror » du début des années soixante-dix, plutôt rare sachant que la boite de production est dissociée des firmes précitées !

Par ailleurs, les trucages gore tiennent bien la route et le maquilleur n’a pas chômé, tout comme le soin tout particulier accordé aux costumes et aux décors (rien n’est laissé au hasard)…

« Théâtre de sang » demeure, quasiment cinquante années plus tard, une authentique réussite du fantastique britannique, qui n’a pas vieilli autant que ça, comparé à d’autres films de la même époque ; Douglas Hickox a su impulser et insuffler une grande dynamique et un excellent sens du récit à son film, alchimie qui fait qu’on ne peut l’oublier…

Par son originalité et par le charisme absolu de Vincent Price, « Théâtre de sang » se hisse au sommet du genre et le blu ray parfait édité chez ESC est en lui-même une offrande inratable pour tout cinéphile ; le bonus avec l’excellent Christophe Lemaire est passionnant et un livret concocté par Marc Toullec ravira les plus exigeants d’entre nous, ce coffret au packaging parfait est donc une vraie pièce de collection à ne pas louper !

Tous les curieux fanatiques de films déviants seront aux anges avec ce « Théâtre de sang », vrai témoignage du cinéma britannique fantastique ancré en plein dans les années soixante- dix…

Achat obligatoire, vous ne pouvez être déçus !

Note : 9/10

Parasite de Bong Joon Ho, 2019

 

PARASITE

de Bong Joon Ho

2019

Corée du sud

avec Song Kang Ho, Woo-sik Choi, Lee Sun Kyun

132 minutes

Film atypique/thriller

Palme d’or Festival de Cannes 2019

4 oscars dont celui du meilleur film international

Synopsis :

La famille Kim, pauvre et au chômage, vit d'expédients dans un taudis en sous-sol.

Un jour, le fils réussit, au moyen d'un faux diplôme, à se faire embaucher pour donner des cours d'anglais à la fille d'une famille richissime.

C’est le début d'une succession d'événements qui vont rapprocher les deux familles.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Auréolé de multiples récompenses et c’est totalement mérité, « Parasite » est un film qui ne ressemble à aucun autre ; la technique et la mise en scène sont prodigieuses et, même si la première heure sert à présenter les personnages et s’avère un peu longuette (on se demande bien où le réalisateur veut en venir), dès que l’histoire bascule avec la découverte du sous-sol de la maison, là, le film devient vraiment intéressant et tout vacille en vrille et va faire basculer l’intrigue dans une folie ambiante sidérante, le spectateur était baladé à la première moitié, il va halluciner à la deuxième !

Bong Joon Ho donne alors un essor à son film et l’atmosphère se charge en angoisse et ce, jusqu’à l’issue…

Tout part en cacahuète et dès que la famille Park décide de partir faire une excursion en camping, les Kim prennent possession de la maison et se croient tranquilles pouvant profiter de l’absence des propriétaires ; ce n’est que lorsque ces derniers doivent rentrer intempestivement à cause d’une pluie diluvienne que ça devient la panique !

Bong Joon Ho utilise beaucoup de thématiques et d’obsessions dans « Parasite », la confrontation riches/pauvres, l’antagonisme des deux familles complètement éloignées socialement, une fixation sur la nourriture et des originalités jamais vues au cinéma auparavant (le morse effectué par des coups de tête, l’allergie à la peau de pêche, l’onanisme sous les habits allongés sur un canapé, les caprices incessants du gamin pourri-gâté, le massacre pendant le barbecue !), oui on peut le dire aisément « Parasite » est un film UNIQUE et ATYPIQUE et qui s’avère phénoménal !

Tous les comédiens jouent à merveille, excellemment dirigés par Bong Joon Ho, le décor de la maison est insensé avec ces multiples pièces qui reviennent au fil des séquences et le sous-sol ! (on pense un peu à « Martyrs » de Pascal Laugier) et Joon Ho nous balance même du gore lors du barbecue où il ose en permanence les pires coups de couteau ou même (LOL) de brochettes avec saucisses encore embrochées dessus !

Et les passages avec l’inondation sont incroyables !  Bong Joon Ho a pris de véritables figurants pour la scène du gymnase, il nous expose la situation catastrophique avec un grand réalisme (les excréments qui jaillissent des toilettes, les rues submergées, les gens immergés qui essaient de se frayer un chemin), « Parasite » comporte des scènes dantesques et le final nous met complètement à plat, Joon Ho use et abuse de l’onirisme en nous montrant le fils Kim qui a réussi dans la vie et qui rachète la maison des Park et y retrouve son père, resté au sous-sol, bien sûr ce n’est pas du tout crédible mais c’est un passage très imaginatif qui clôt le film de bien belle manière !

Finalement, « Parasite » est un très beau film, un réel chef d’œuvre et l’ambition déployée par le metteur en scène force l’admiration ; « Parasite » est un régal pour tout cinéphile fan de films atypiques et cela valait la peine de surmonter la première heure car ce qui nous attend par la suite est simplement incroyable !

On a rarement vu des films avec de tels twists dans le scénario, le tout amplifié par une atmosphère angoissante et frénétique, Bong Joon Ho signe un coup de maître, un film à visionner absolument…

« Parasite » est un métrage qui relève de la magie !

Note :  10/10

Harley Quinn Birds of prey de Cathy Yan, 2020

 

HARLEY QUINN BIRDS OF PREY

De Cathy Yan

2020

Etats-Unis

Avec Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Jumee Smolett Bell, Ewan Mac Gregor

109 minutes

Un film DC Comics

Film de super héros

Synopsis :

Après sa séparation d'avec le Joker, Harley Quinn décide de s'émanciper et de prendre son indépendance.

Mais maintenant qu'elle n'est plus sous la protection du célèbre Clown Prince du Crime, Harley se rend compte que beaucoup de monde veut sa peau à Gotham City et qu'ils peuvent désormais s'attaquer à elle sans risque de représailles.

Parmi ses ennemis, Roman Sionis, alias Black Mask, gérant narcissique et sadique d'un club de la ville, qui en veut particulièrement à Harley depuis qu'elle a brisé les jambes de son chauffeur.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

Je ne suis pas un puriste des DC comics, je suis néophyte en la matière, mais là, sincèrement, je regardais ce film sans conviction et m’attendais à quelque chose d’hermétique et pachydermique et qu’elle ne fut pas ma surprise en visionnant ce « Harley Quinn, Birds of prey » ! C’est de la pure jubilation du début à la fin ! le rythme du film est incroyable, ça démarre à fond les bananes et ça ne s’arrête jamais, avec en surcroit un découpage des plans à la « Pulp fiction », une voix off qui renforce la modernité de l’ensemble et des scènes de baston à couper le souffle, on se prend un pied de dingues et même si le film repose quasiment entièrement sur Margot Robbie (elle est sublime) ce serait une erreur d’occulter les autres personnages, ils sont bien à leur place et s’articulent parfaitement autour d’Harley Quinn, c’est un vrai délice qui stimule l’appétit cinéphile tout comme le burger œuf/bacon, plat favori de la belle Harley Quinn !

Le scénario est volontairement désarticulé et c’est flagrant la filiation avec « Pulp fiction », on se régale et cette approche cinématographique et cette façon de traitement est passionnante, le film est décliné avec une grande intelligence mais de plus ! on a un florilège de séquences d’action avec gunfights, bagarres et cerise sur le gâteau du GORE !

« Harley Quinn Birds of prey » est le métrage rêvé pour tout fan de DC comics mais aussi pour tous les autres non-puristes (comme moi) on se prend un spectacle mené à fond les gamelles en pleine tronche et ça, j’adore, c’est de la jubilation et surtout un tour de force puisque cela ne s’arrête JAMAIS !

A aucun moment le film ne s’essouffle, ça tient du prodige ; et de plus les effets spéciaux sont lisibles et même si la façon de filmer est rapide, cela n’est pas épileptique, tout est compréhensible et la technique utilisée n’est pas avare en ralentis et en figures de style graphique, c’est du très bon boulot !

« Harley Quinn Birds of prey » fait rentrer Harley Quinn dans le panthéon des héroïnes de DC comics, bien mieux que la Gal Gadot fade des deux « Wonder Woman » qui n’a aucune formation d’actrice, au moins avec Margot Robbie on a une comédienne qui tient la route et qui sait parfaitement se montrer expressive (elle a une super pêche et nous gratifie toujours de son smile, elle est très attachante, bien plus que Wonder Woman, expressive comme une râpe à fromage !) …

Violent et électrisant, électrique et dynamique, dynamisant à l’extrême, « Harley Quinn Birds of prey » est un plaisir de cinéphile dont on aurait tort de se priver, c’est du cinéma junk food de très grande qualité et il faudrait être sacrément aigri pour ne pas y trouver son compte !

Réellement très sympa, « Harley Quinn Birds of prey » se range même dans la catégorie très fermée des classiques de la DC comics, comme pour « Joker » avec Joaquin Phoenix, le plaisir absolu est au rendez-vous et nul besoin de s’y connaître en la matière, il suffit de se laisser porter par l’intrigue, on s’installe sur son canapé, un verre et une clope à disposition, et c’est parti pour une heure quarante de bonheur où on ne voit pas le temps passer !

C’est un vrai régal et un film avec un personnage qui possède d’énormes capacités et qui intègre les standards des icônes DC comics sans aucunes difficultés, malgré le vrombissement des séquences, le film est très facile à suivre !

Hautement recommandable et à voir sans prise de tête ni à priori, c’est la condition sinéquanone pour apprécier ce film pleinement, personnellement j’ai été steacké et je vous encourage à le visionner, « Harley Quinn Birds of prey » c’est de la bombe !

Note : 10/10