dimanche 22 mars 2015

Les chiens de paille de Sam Peckinpah, 1971

LES CHIENS DE PAILLE
de Sam Peckinpah
Etats Unis/Angleterre
1971
aka Straw dogs
avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, T.P. MacKenna, Del Henney, David Warner
Drame/Etude de moeurs
115 minutes
Synopsis :
Cornouailles, début des années 70...
David Sumner, un mathématicien érudit venu des Etats Unis vient vivre avec sa femme, Amy, une superbe blonde, dans une bâtisse isolée, il entreprend de faire des recherches poussées, mandaté par le gouvernement américain...
Arrivée en centre ville, Amy fait la connaissance de Janice, la fille de Tom Hedden, les deux jeunes femmes affolent sévèrement la libido des habitants masculins par des tenues ultra provocantes et n'hésitent pas à exhiber leurs attributs féminins devant un parterre médusé dont Henry Niles, un simplet condamné précédemment pour attentat à la pudeur...
Mécontent des ouvriers qui devaient réparer le toit de sa ferme, David les congédie sans savoir que deux d'entre eux ont violé sa femme alors qu'il était parti à la chasse...
Lors d'une soirée en ville, Janice force Henry Niles à la raccompagner chez elle, elle l'embrasse...
Son inconscience totale lui coûtera la vie !
Niles, après son forfait est renversé par la voiture de David et Amy, ses derniers le recueillent blessé chez eux...
Bientôt, les villageois devenus fous, menés par Tom Hedden, assiègent la maison de David, prêts à tout pour appliquer la justice eux mêmes manu militari...
John Scott, le commissaire, arrivé sur les lieux pour les raisonner, est abattu !
Jusqu'à présent pacifiste et anti violent, David va se muter en une bête sanguinaire et annihiler un par un ses assaillants !
Mon avis :
Film polémique à sa sortie et faisant partie du trio de tête des films "ultraviolents" du début des années 70 avec "Délivrance" de John Boorman et "Orange mécanique" de Stanley Kubrick, longtemps tronqué par la censure de l'époque, "Les chiens de paille" se veut une "exploration" de la violence dixit Peckinpah qui n'y est pas allé avec le dos de la cuillère...
La dernière demie heure part complètement en live alors que l'entame du film se voulait plutôt relax, chronique de moeurs exotique d'une certaine Angleterre, pas toujours rassurante, notamment avec la peinture d'une bourgade classique emplie de gens alcooliques et refoulés...
C'est là que tout le talent de Peckinpah se déploie et prend sa forme, le réalisateur se servant de leviers pour amplifier l'effroyable, à partir de la scène du viol...
Les flashs minutés lors des visions de Susan George mettent immédiatement mal à l'aise et dès lors, la violence peut entamer son chemin crescendo dans une amplification paroxystique qui s'articule entre l'aspect bestial, l'instinct de préserver sa vie et le catharsis éthylique...
Dustin Hoffman est incroyable, sidérant dans son jeu et explose littéralement comme une souris devenu tigre, comme un homme devenu fauve !
Susan George représente la féminité bafouée, souillée et elle enfouit son traumatisme dans un comportement mutique qui a divisé le public à la sortie du film, les uns argumentant qu'elle cautionnait son viol sur des non dits qui pourront paraître non crédibles par rapport à l'histoire mais tel était ce que Peckinpah avait voulu...
La mise en scène est d'une rigueur imparable malgré des conditions de tournage exécrables au niveau relationnel, Peckinpah souffrant de pneumonie et buvant énormément, mais le professionnalisme des comédiens rehausse la tension qui devait régner...
Le titre étrange du métrage "Chiens de paille" est issu d'une maxime de Lao Tseu et le crépuscule n'est pas loin, enveloppant l'écran lors d'un final fracassant où Hoffman s'engouffre dans les ténèbres, un peu comme s'il fuyait les portes de l'enfer auxquelles il venait d'échapper...
Film d'une sauvagerie hors normes mais en même temps véritable leçon de cinéma, "Les chiens de paille" est un classique et, malgré son côté extrême, se doit d'être visionné pour comprendre l'expression de la violence au septième art...
Rugueux, atypique et magistral, un chef d'oeuvre !

Note : 10/10






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