LES CHIENS DE PAILLE
de Sam Peckinpah
Etats Unis/Angleterre
1971
aka Straw dogs
avec
Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, T.P. MacKenna, Del Henney, David
Warner
Drame/Etude de moeurs
115 minutes
Synopsis :
Cornouailles, début des années 70...
David Sumner, un mathématicien érudit venu
des Etats Unis vient vivre avec sa femme, Amy, une superbe blonde, dans une
bâtisse isolée, il entreprend de faire des recherches poussées, mandaté par le
gouvernement américain...
Arrivée en centre ville, Amy fait la
connaissance de Janice, la fille de Tom Hedden, les deux jeunes femmes affolent
sévèrement la libido des habitants masculins par des tenues ultra provocantes
et n'hésitent pas à exhiber leurs attributs féminins devant un parterre médusé
dont Henry Niles, un simplet condamné précédemment pour attentat à la pudeur...
Mécontent des ouvriers qui devaient réparer
le toit de sa ferme, David les congédie sans savoir que deux d'entre eux ont
violé sa femme alors qu'il était parti à la chasse...
Lors d'une soirée en ville, Janice force
Henry Niles à la raccompagner chez elle, elle l'embrasse...
Son inconscience totale lui coûtera la vie !
Niles, après son forfait est renversé par la
voiture de David et Amy, ses derniers le recueillent blessé chez eux...
Bientôt, les villageois devenus fous, menés
par Tom Hedden, assiègent la maison de David, prêts à tout pour appliquer la
justice eux mêmes manu militari...
John Scott, le commissaire, arrivé sur les
lieux pour les raisonner, est abattu !
Jusqu'à présent pacifiste et anti violent,
David va se muter en une bête sanguinaire et annihiler un par un ses
assaillants !
Mon avis :
Film polémique à sa sortie et faisant partie
du trio de tête des films "ultraviolents" du début des années 70 avec
"Délivrance" de John Boorman et "Orange mécanique" de
Stanley Kubrick, longtemps tronqué par la censure de l'époque, "Les chiens
de paille" se veut une "exploration" de la violence dixit
Peckinpah qui n'y est pas allé avec le dos de la cuillère...
La dernière demie heure part complètement en
live alors que l'entame du film se voulait plutôt relax, chronique de moeurs
exotique d'une certaine Angleterre, pas toujours rassurante, notamment avec la
peinture d'une bourgade classique emplie de gens alcooliques et refoulés...
C'est là que tout le talent de Peckinpah se
déploie et prend sa forme, le réalisateur se servant de leviers pour amplifier
l'effroyable, à partir de la scène du viol...
Les flashs minutés lors des visions de Susan
George mettent immédiatement mal à l'aise et dès lors, la violence peut entamer
son chemin crescendo dans une amplification paroxystique qui s'articule entre
l'aspect bestial, l'instinct de préserver sa vie et le catharsis éthylique...
Dustin Hoffman est incroyable, sidérant dans
son jeu et explose littéralement comme une souris devenu tigre, comme un homme
devenu fauve !
Susan George représente la féminité bafouée,
souillée et elle enfouit son traumatisme dans un comportement mutique qui a
divisé le public à la sortie du film, les uns argumentant qu'elle cautionnait son
viol sur des non dits qui pourront paraître non crédibles par rapport à
l'histoire mais tel était ce que Peckinpah avait voulu...
La mise en scène est d'une rigueur imparable
malgré des conditions de tournage exécrables au niveau relationnel, Peckinpah souffrant
de pneumonie et buvant énormément, mais le professionnalisme des comédiens
rehausse la tension qui devait régner...
Le titre étrange du métrage "Chiens de
paille" est issu d'une maxime de Lao Tseu et le crépuscule n'est pas loin,
enveloppant l'écran lors d'un final fracassant où Hoffman s'engouffre dans les
ténèbres, un peu comme s'il fuyait les portes de l'enfer auxquelles il venait
d'échapper...
Film d'une sauvagerie hors normes mais en
même temps véritable leçon de cinéma, "Les chiens de paille" est un
classique et, malgré son côté extrême, se doit d'être visionné pour comprendre
l'expression de la violence au septième art...
Rugueux, atypique et magistral, un chef
d'oeuvre !
Note : 10/10
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