dimanche 23 mai 2021

Avoir vingt ans de Fernando di Leo, 1978

 

AVOIR VINGT ANS

de Fernando di Leo

1978

Italie

avec Lilli Carati, Gloria Guida, Daniela Doria, Ray Lovelock, Licinia Lentini, Leopoldo Mastelloni

Chronique sociale/film extrême

94 minutes

Coffret blu ray édité chez Artus films

Bonus avec Emmanuel Le gagne

aka Avere Vent’anni

Synopsis :

Lia et Tina sont deux belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu'elles ont beaucoup en commun.

Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors elles décident de faire du stop.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

« Avoir vingt ans » est un film atypique dans la carrière de Fernando di Leo mais aussi dans le panorama du cinéma italien de la fin des années soixante-dix, c’est un film « choc » très marquant qui laisse un souvenir âpre, amer et indélébile !

L’histoire commence donc avec ce duo de jeunes femmes très belles et complètement paumées, sans un sou et à la rue ; elles « intègrent » bon gré mal gré une communauté de hippies qui comporte des toxicomanes ; di Leo dresse un pamphlet de la société décadente des années 70 et le film vire très vite dans l’impudeur et le sexe (Lilli Carati est déchainée et complètement nymphomane), on suit les pérégrinations des deux jeunes femmes et cette atmosphère d’anarchie complète a des relents politisés, comme souvent chez di Leo ; la mise en scène est impeccable, di Leo prouve une nouvelle fois ses talents de cinéaste, même si on lui préfèrera sans hésitation ses polars de la trilogie du milieu, plus attractifs et plus attrayants, aussi bien pour lui que pour le spectateur, on l’y sent beaucoup plus à l’aise…

Les spécialistes ont toujours dit que Di Leo avait un « problème » avec les femmes, d’autres disent le contraire et démontrent que justement, cet étalage de sexe sert à créditer la féminité et donc à cautionner le côté féministe de son propos, chacun se fera son propre avis…

A noter la présence de Daniela Doria en jeune femme aux cheveux courts avec trois marmots, qui jouera plus tard dans des films de Lucio Fulci, notamment « L’éventreur de New York » et « Le chat noir » et dans un rôle quasi mutique, Ray Lovelock, vu barbu dans l’immense chef d’œuvre « Le massacre des morts-vivants » tourné quatre ans plus tôt…

Bon parlons maintenant de la scène finale…

Soyons clairs, elle est simplement atroce et à déconseiller impérativement au public féminin, il me semble que di Leo est allé trop loin, voulant surfer sur le succès de »La dernière maison sur la gauche », mais là c’est d’une sauvagerie hors normes, à la limite du supportable !

Artus films a réussi à retrouver le montage intégral d’ »Avoir vingt ans » car le film a été censuré et coupé de multiples fois, on peut maintenant le découvrir dans sa version Uncut mais c’est vraiment too much, je pense que di Leo n’était pas obligé de nous infliger une telle barbarie qui semble presque faire partir en vrille le film, un final insolite et totalement inattendu par rapport au reste du film, c’est du pur cinéma extrême, di Leo s’est lâché mais c’est à la limite du cautionnable !

Finalement, on se dit qu’il a quand même un sacré problème avec les femmes le père di Leo, on pourra tout de même apprécier son film mais il faudra s’armer de la plus grande tolérance avec les dix dernières minutes, version boostée et apocalyptique des rape and revenge (ici, sans revanche) qui pullulaient dans les années soixante-dix…

« Avoir vingt ans » demeure néanmoins un très bon film, témoignage de la société italienne et la musique est entêtante et magnifique, le film n’a rien perdu de sa vigueur et mérite une réhabilitation maintenant, il fut un échec à sa sortie, peut être incompris par le public et pourtant il reste un des meilleurs exemples de cinéma déviant et populaire que l’Italie nous ait pondus…

C’est un vrai film de cinéphiles, pour des cinéphiles passionnés et il est sans doute impératif de le visionner, malgré les réserves sur la fin que j’ai énoncées plus haut…

« Avoir vingt ans » est un chef d’œuvre très marquant qui ne pourra pas vous laisser indifférent !

Note : 9/10





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