mardi 10 avril 2012

VALSE AVEC BACHIR, Ari Folman, 2008

VALSE AVEC BACHIR

WALTZ WITH BACHIR

De Ari Folman

France/Israel/Allemagne

2008

Documentaire d’animation

César du meilleur film étranger en 2008

Co produit par Arte

Synopsis :

Ari avait à peine 19 ans quand il fut missionné en 1982 comme soldat de Tsahal (l’armée israélienne) sur la commune palestinienne englobant Sabbra et Chatila pour « couvrir » les phalangistes (armée libanaise prise en renforts afin de « nettoyer » la population avant l’arrivée des soldats commandités par Ariel Sharon).

22 ans après, ses nuits sont hantées par de récurrents rêves/cauchemars où il voit ses congénères munis de fusils sortir nus d’une plage en pleine nuit sous des bombardements incessants venus d’un ciel rouge sang écarlate…

Il décide de rendre visite à un psychanalyste qui est aussi son ami et par le biais d’une analyse clinique il se remémore certains passages de ses incursions alors qu’il était mandaté par Tsahal…

Il mêle onirisme, fantasmes et quête d’identité par le biais de raisonnements pour la plupart absurdes et irraisonnés mais seule reste l’évidence de l’horreur de la guerre et du conflit israelolibanopalestinien, engrangé par des raids meurtriers brisant la population interne dans une jugulation transcendée par la force des armes, des tanks et la folie des généraux insensibles au désarroi et allant jusqu’au bout de leur entêtement…

Le titre du métrage fait référence à une « danse » exécutée par un des soldats israéliens qui était à couvert en pleine rue sous les affiches de propagande d’un homme politique vénéré par la population et prénommé Bachir…

L’issue de « Valse avec Bachir » reprend la réalité pour quitter l’animation et renvoie aux femmes palestiniennes lorsqu’elles découvrent, vociférantes et abasourdies, les cadavres des gens tués lors des massacres de Sabbra et Chatila en 1982 (documentaire de la BBC)…

Mon avis :

« Valse avec Bachir » est un film précurseur et révolutionnaire puisqu’il invente un genre nouveau au septième art : le « documentaire d’animation »…

Graphiquement irréprochable et mêlant réalisme (cela va jusqu’aux clignements d’yeux des protagonistes) ésotérisme (les théories avancées par les psychanalystes renvoient directement à des complexes de personnalités) et onirisme débridé (la femme géante nue aux tétons salvateurs et libérateurs qui surgit de la mer et sur lequel s’engouffre le soldat –symbolique évidente de la mère/nourricière-, les chiens hurlant au début du film –symbole des palestiniens annihilés par Tsahal et quelque part renvoyant Ari face à ses propres peurs, à son propre déni de l’horreur), ceci étant, et malgré un côté quelque peu « hermétique » qui pourrait déstabiliser le moins « open » des spectateurs, « Valse avec Bachir » nous collapse totalement, desservi par des images de bande dessinée « cinématographiées » et animé par une soif inextinguible  « d’essayer de comprendre » les choses, de creuser avec des mains terreuses jusqu’au saignement dans l’opprobre tapi dix pieds sous terre, dans l’unique but d’analyser la raison de tels crimes commis et la motivation folle, mégalomane et quasi génocidaire d’Ariel Sharon qui, contacté en pleine nuit, remercie le commandant et se rendort comme si de rien n’était !

Le psychanalyste y voit comme un « calque » quarante ans après !

Après la seconde guerre mondiale où les Juifs étaient victimes, les voici transformés en bourreaux à leur tour, et ce, avec l’assentiment d’une bonne partie de la communauté internationale !

« Valse avec Bachir » ne prend aucun parti pris mais dénonce la folie de la guerre et renvoie aux viscères de l’horreur de cette dernière, magnifié par un graphisme plombé de beauté qui imprègne et se loge dans la rétine !

Inoubliable, il amène à se poser des questions et reste une leçon de « cinéma hors normes », comme on en voit peu…

PS : Ne jamais montrer ce film à un enfant (il contient un passage pornographique ! – une vidéo porno visionnée par un soldat particulièrement explicite avec une pénétration !)

Note : 19/20




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