samedi 22 septembre 2012

La Bande à Baader, d'Uli Edel, 2009


LA BANDE A BAADER

D’Uli Edel

Allemagne

2009

Action/Thriller politique

Nominé aux Oscars 2009 du meilleur film étranger

144 minutes

avec Bruno Ganz

Synopsis :

Le film suit l’itinéraire d’Andreas Baader et de ses acolytes terroristes anarchistes à tendance politique d’extrême gauche pendant la période entre 1968 et 1977…

Andreas et Gudrun, l’égérie et femme de Baader seront rejoints par une poignée de fanatiques aussi illuminés que déterminés et mettront à feu et à sang l’Allemagne de l’Ouest pendant une décennie !

Orchestrant des attentats, des meurtres visant de riches industriels, ils seront identifiés comme la RAF (Fraction Armée Rouge)…

Une journaliste renommée et revendiquant qu’elle soutient leurs exactions, nommée Ulrike, les rejoindra même, après avoir découvert douloureusement que son époux la trompait…

De l’arrivée mouvementée de la femme du Shah d’Iran (objet d’une manifestation sévèrement réprimée et qui fera plusieurs morts) au suicide des prisonniers dans un QHS aux allures de camp retranché, en passant par une visite « formatrice » éclair des terroristes en Jordanie, « La Bande à Baader » retrace, étape par étape, le parcours de cette véritable odyssée, sanglante et barbare, mais parfaitement organisée et met en lumière les ramifications et les fanatismes intempestifs que Baader a pu engendrer, inscrivant dans l’histoire politique allemande une de ses pages les plus noires…

Mon avis :

Métrage à la mise en scène exemplaire et dressant une reconstitution fouillée et détaillée, « La Bande à Baader » ne souffre d’aucun temps mort et tient le spectateur en haleine du début à la fin…

Mais ce qu’il y a de vraiment bien, c’est que, pour une fois, le réal ne prend aucun parti pris, il raconte, point barre !

Prenant ainsi le contrepied de ses homologues d’outre Atlantique, il ne cède pas à la facilité de glorifier ses personnages en faisant passer les terroristes pour des héros ou en y saupoudrant un côté attachant comme pour créer une empathie vis-à-vis d’eux envers le spectateur (comme l’a fait, dans un registre identique, Oliver Stone dans son « Natural born killers »), non ici il les décrit presque comme des bourreaux et non des victimes…

A ce titre, certains passages témoignent de la pitoyabilité de Baader et de ses amis, notamment les scènes carcérales !

On se rend vite compte que l’on a affaire à des paumés, aux préceptes qui ne tiennent pas la route et qui iront droit dans le mur, avec comme issue certaine, soit la mort soit la prison !

Par ce biais, Uli Edel touche une corde sensible lorsqu’il établit un corollaire entre un establishment bafoué, une sécurité renforcée à maxima et une inconscience barbare imprégnée de bravoure inutile et qui ne changera rien de rien aux codes politiques d’un pays tout de même loin de la décadence que Baader veut bien y voir…

La scène de l’assaut dans le parking résidentiel est d’ailleurs bien représentative de l’impuissance de Baader face à la police, un peu comme David contre Goliath, où les deux malfrats terroristes se font écraser par la horde d’une centaine de policiers !

Baader est intelligent, très intelligent…

Mais il n’a pas la faculté de cerner ses limites et celles de son « combat », entre guillemets !

Jusqu’au-boutiste à l’extrême, il refusera de se rendre à l’évidence et rentrera progressivement dans un « déni de l’inutilité de sa cause »…

Si l’on se projette dans un contexte purement historique il est à noter que Baader fit des émules en France (« Action directe » qui assassina le patron de Renault, Georges Besse en 1986) et que l’on ne peut nier le pouvoir de fascination qu’il a envoyé à une certaine catégorie de la populace, notamment les classes moyennes ou les plus pauvres…

La révolution est souvent utilisée et instrumentalisée, or dans « la Bande à Baader » Edel a avant tout et prioritairement voulu décliner des parcours de façon réaliste dans un contexte bien précis…

Grande réussite, son film devrait servir d’exemple et être montré à des délinquants, sa force indéniable et la densité qualitative de l’interprétation contribuent largement à en faire un modèle du genre, s’érigeant au top du cinéma politique d’outre Rhin !

Note : 8.5/10






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