dimanche 16 septembre 2012

L'AMOUR BRAQUE, Andrzej Zulawski, 1985


L’AMOUR BRAQUE

De Andrzej Zulawski

France

1985

Drame policier barré

100 minutes

dialogues d’Etienne Roda Gil

avec Francis Huster, Sophie Marceau, Tchéky Karyo, Christiane Jean, Yann Colette, Ged Marlon

Synopsis :

Dans un maelström insensé, « L’amour braque » raconte à cent à l’heure l’odyssée d’une bande de malfrats qui braquent de grandes banques et qui persécutent quiconque essaiera de leur barrer la route et ce, dans l’anarchie la plus complète !

Le caïd du groupe est fou amoureux de celle qu’il considère comme son épouse, Marie, en fait une prostituée qui a commencé à « tapiner » à l’âge de 13 ans !

Une tierce personne va s’immiscer dans ce cercle, également fou amoureux de Marie, et cherchant par tous les moyens à la protéger et à la sortir du bourbier dans lequel la belle s’est empêtré…

Ajoutons à ce délire baroque des compositions théâtrales, des banquets qui finissent mal, une explosion de fusillades et un Paris souillé et dépossédé de sa tranquillité, une sombre histoire de vengeance atroce sur la mère de Marie (assassinée, violée, humiliée et immolée sauvagement) et un climat schizophrène où tout le monde déblatère sans arrêt des propos le plus souvent incohérents, vous aurez à peu près une idée de ce qui vous attend avec « L’amour braque » !

Mon avis :

On savait déjà par le passé que Zulawski (réalisateur de « Possession », de « la Femme Publique » ou encore de « L’important c’est d’aimer ») aimait les histoires barrées, mais là, avec « L’amour braque » le paroxysme est largement atteint voire même explosé !

On a du mal à s’y retrouver dans la première heure du métrage, tout va très (trop ?) vite, ça part dans tous les sens, ça n’arrête pas une minute, ça en devient électrisant voire déconcertant pour tout novice au cinéma de Zulawski qui peut décrocher rapidement et stopper le visionnage (disons le franchement c’est TRES spécial !)…

Les trois quarts des dialogues sont incompréhensibles, les comédiens (surtout Sophie Marceau) parlent trop vite et les répliques sont imbitables…

Mais passée la première heure (et si on a tenu le coup) le film prend alors un revirement attachant et petit à petit la mosaïque se construit et… ON COMPREND !

Alors là on se dit que c’est là dedans que réside l’habileté de Zulawski, qui filme avec une rigueur exemplaire, multipliant des mouvements de caméra révolutionnaire et des plans ultra travaillés où il ne faut pas se planter, que ce soit au niveau du jeu d’acteurs, des décors, des effets d’explosions…

On a l’impression qu’il a tout filmé en un seul et unique plan que l’équipe technique avait pour ordre de ne pas se planter, chaque plan est en fait UNIQUE !

La virée dans la cabane des Alpes, les attentats et guérillas urbaines en plein cœur de Paris, la mort de la mère de Marion, tout est ancré dans un tourbillon incroyable, d’une tonicité à toute épreuve et impitoyablement calculé et millimétré…

C’est bien plus dur à mettre en scène que n’importe quel film lambda !

On peut tirer notre chapeau à Zulawski qui nous a servis un film hors normes, OVNI total et à l’atypisme indéniable mais réalisé prudemment et d’une exemplarité brillante !

Note : 10/10

 





2 commentaires:

  1. L'un de mes Zulawski préféré. Dialogues épileptiques, l'aventure est vécue par les héros de manière soutenue, bien trop rapide pour les néophytes sans doute qui n'ont rien compris aux propos tenus par Karyo dans la première partie, mais c'est tellement bon, tellement jouissif et surtout, tellement à part... Une merveille.

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  2. tout à fait ! un film qui part tous azimuts mais ciselé au millimètre, un tour de force cinématographique qui restera unique dans le genre... impossible de l'occulter pour comprendre la démarche de Zulawski

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