jeudi 9 mai 2013

Le grand silence de Sergio Corbucci, 1968


LE GRAND SILENCE

aka The great silence

aka Il Grande Silenzio

Italie

1968

avec Jean Louis Trintignant, Klaus Kinski, Vonetta Mac Gee

Western atypique

Synopsis :

Tigrero, un tueur à gages sans foi ni loi, fait régner la terreur dans une contrée de l'Utah enneigée...

La veuve d'un défunt habitant le village souhaiterait engager quelqu'un pour venger la mort de son mari innocent et tué supposément par Tigrero et ses acolytes...

Comme venu de nulle part, un mystérieux muet débarque au milieu de tout ça...

Après une brève aventure avec la jeune fille, il va se retrouver au centre d'une vaste cabale, tout le monde veut la peau de ce pistolero !

Une lutte sans merci est dès lors engagée...

Mon avis :

Magnifié par une neige omniprésente, "Le Grand silence" est à la fois un western crépusculaire voire nihiliste (si l'on se réfère à la fin du montage européen, totalement noire et pessimiste) et un film d'action non exempt de scènes de fusillades qui firent la gloire de toute une culture instaurée par Sergio Leone (d'ailleurs c'est Ennio Morricone qui y signe ici un magnifique score)...

Le personnage de Tigrero incarné par Kinski aurait presque pu être le héros principal tant il cristallise émotionnellement le paysage, et Trintignant est lunaire et monolithique, semblant arriver sur l'écran comme hypnotisé, électron gravitant autour d'un ruisseau de violences où s'enchevêtrent les personnes les plus viles, il symbolise presque (n'ayons pas peur de le dire !) le Christ ou le Messie, comme salvateur de gens opprimés face à des oppresseurs corrupteurs corrompus...

Exempt de la moindre once d'humour, "Le Grand silence" dépayse par son aspect hors normes et s'imbrique comme clef de voûte d'un genre moribond arrivé en plein chant du cygne (à peu près à l'instar de "Django" du même réalisateur)...

N'omettant cependant aucunement d'y intégrer un sacré sadisme comme à son accoutumée et digne représentant d'un certain cinéma latin, Corbucci y met les coudées franches au niveau violence et la neige semble encore plus amplifier le côté morbide en instaurant un climat de non sécurisation...

Les pauvres villageois sont tous abattus avec un aplomb presque génocidaire qui n'est pas sans rappeler la fascination qu'ont les brigands pour leur chef Tigrero, tout comme les SS avec Hitler, donc je vous préviens, le film ne rigole pas du tout !

"Le Grand silence" comporte de très belles vues de montagne et se suit avec le plus grand plaisir, exerçant une fascination certaine car tout y semble presque onirique ou hors du temps...

Corbucci s'est particulièrement appliqué et sa mise en scène ne fait pas défaut eu égard à une direction d'acteurs excellente et des fusillades rythmées où les bruits des colts crépitent comme toujours en vrillant l'air et le paysage, les morts se comptant à la pelle !

Il faut faire un passage dans ce "Grand silence" pour comprendre une partie du western italien et reconnaître le talent d'artisans aussi honnêtes que passionnés et surtout prêts à partager leur passion...

Une bombe !

Note : 10/10






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