vendredi 3 janvier 2014

La femme des sables d'Hiroshi Teshigahara, 1964


LA FEMME DU SABLE

aka La femme des sables

aka La femme des dunes

aka Suna no onna

d'Hiroshi Teshigahara

Japon

1964

avec Eiji OKada, Kyoko Kishida, Hiroko Ito

écrit par Kobo Abe

Film atypique et inclassable

Prix du jury Festival de Cannes 1964

123 minutes

Synopsis :

Japon, dans les années 60...

Un homme d'une trentaine d'années, spécialiste des insectes, sillonne un désert aride en quête de nouveaux spécimens afin de les étudier...

Il va se faire entraîner dans un immense creux qui se trouve entre deux dunes et sera accueilli par une femme qui y vit...

Cette dernière lui offre un repas et lui explique qu'elle a perdu son mari et ses enfants suite à une tempête de sable qui les a ensevelis...

Une fois tout ceci conclu, l'homme croit pouvoir regagner son endroit initial et quitter la femme...

Essayant de gravir la côte de la dune, il n'y parvient pas !

Le voilà prisonnier !

Mon avis :

Attention ! Film inclassable et hyper hermétique que cette "Femme des sables" !

Mais il suffira, avec une once de bonne volonté, de se laisser porter et envoûter dans ce "voyage" (le terme est exactement approprié) empli d'ésotérisme et au graphisme irradiant...

Les thématiques sont nombreuses (le mythe de Sisyphe, l'emprisonnement/enfermement, la quête -initiatique- de compréhension, les corps qui se collent, la peau qui entre en contact avec une autre peau, la manipulation mentale et psychique, la sensualité atteignant les extrêmes...) et Teshigahara exploite et explore les dimensions organiques de son histoire sans la moindre fausse note, appuyée par une démarche scénaristique imparable et jusqu'au-boutiste...

Au début un "piège délicieux" qui va se muter en "prison dorée" pour atteindre un cauchemar impénétrable d'où l'on ne semble plus retrouver ses repères ni l'issue ni les repères menant à cette issue...

On frôle le génie dans la réalisation et Teshigahara utilise et emploie moult métaphores pour appuyer son propos, parvenant à amplifier l'inaccessibilité d'une oeuvre fermée, inaccessible pour le spectateur comme la sortie pour le personnage principal !

A noter une musique cauchemardesque et effrayante, des comédiens "habités" par leurs rôles, un sens technique sublime (les gros plans alternent avec les cadrages filmés de hauteur) et un rebondissement de taille qui nous attend lors de l'épilogue, "La femme des sables " est une plongée dans un univers improbable mais magnifié par une qualité formelle de traitement et de mise en condition pour le spectateur qui, dès l'entame du métrage, se voit plongé dans un film à la fois déboussolant mais maîtrisé à la perfection...

Un immense témoignage du cinéma japonais à découvrir sans plus tarder (il existe en DVD et ravira les fanatiques de cinéma d'auteur)...

Note : 9.5/10





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