vendredi 3 janvier 2014

Les damnés de Luchino Visconti, 1969


LES DAMNES

The Damned

de Luchino Visconti

Italie

1969

avec Helmut Berger, Dirk Bogarde, Ingrid Thulin, Charlotte Rampling, Florinda Bolkan, Al Cliver (figurant)

Guerre/Film historique

150 minutes

Synopsis :

Allemagne profonde, juste avant le conflit de la seconde guerre mondiale...

Joachim, un riche industriel sexagénaire qui dirige une des plus grandes entreprises d'acier d'outre Rhin, convie sa famille pour un repas d'anniversaire dans sa demeure cossue...

Il y a les deux nièces, à peine âgées d'une dizaine d'années, son fils Martin, Sophie, son épouse, toute sa belle famille et  un nouveau venu Frederich...

Alors que débute le repas, une nouvelle terrible est annoncée : le bâtiment du Reichstag a été incendié !

Sur fond de divisions entre les diverses strates du nazisme, le repas dégénère et les convives sont attaqués par une branche de la Wehrmacht qui fait irruption au sein de la maisonnée...

La fameuse " nuit des longs couteaux" se prépare...

Un bain de sang s'amorce !

Quelle en sera l'issue ?

Mon avis :

Comme à son habitude, l'immense réalisateur Luchino Visconti signe ici avec "Les damnés" un nouveau coup d'éclat, un nouveau coup de maître...

Maîtrisé du début à la fin aussi bien au niveau technique (il suffit de regarder les omniprésents effets de surexposition avec les miroirs pour s'en rendre compte) qu'au niveau de la direction d'acteurs (Helmut Berger, dont c'est ici le premier rôle, crève l'écran) et une reconstitution minutieuse dans les décors de l'époque, avec une montée toute en finesse et en progression de tension...

Le personnage de Martin, éphèbe travesti et également pédophile, parvient à amplifier la décadence d'un métrage distant des codes du cinéma classique, comme souvent chez Visconti, qui fait preuve d'outrance mais d'une outrance totalement calculée, un peu comme si le spectateur était convié à suivre l'itinéraire d'une famille sur le déclin, en plein délitement...

Toxique et envoûtant en même temps, "Les damnés" se déroule en apesanteur, un peu comme dans un rêve éveillé et les plans défilent de façon fluide mettant en exergue un réalisme appuyé et revendiqué, auquel on adhère sans pour autant être en malaise, Visconti a ce don de faire glisser son spectateur un peu comme dans un tourbillon, un maelström de finesse et de raffinement...

L'assaut contre les S.A. fêtards collent des frissons et fait se dresser les poils du dos, c'est un véritable carnage, un peu difficile à regarder, mais désamorcé par une mise en scène presque lyrique sur une méthodologie aboutie de narration...

Exemple d'atypisme dans le panorama du film de guerre, "Les damnés", grâce à un rythme soutenu et une densité foisonnante de galerie de personnages, reste un exemple de haut niveau au septième art et se doit d'être visionné par tout cinéphile qui voudrait capter l'essence du cinéma de Visconti et comprendre sa démarche/vision de la réalisation...

Incontournable !  

Note :  9.5/10






 

 

 

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