dimanche 1 février 2015

Conte de la folie ordinaire de Marco Ferreri, 1981

CONTE DE LA FOLIE ORDINAIRE
de Marco Ferreri
1981
France/Italie
avec Ben Gazzara, Ornella Muti, Tanya Lopert, Katia Berger, Susan Tyrrell
106 minutes
Chronique de moeurs
d'après le livre de Charles Bukowski
Synopsis :
Los Angeles et sa banlieue proche,début des années 80...
Charles Serking est un écrivain rongé par l'alcool, il végète dans des amphithéâtres où il scande des poèmes à qui veut bien l'entendre, il vit dans un appartement cradingue et son ex femme lui interdit de boire de l'alcool, ce qui vaut d'énormes conflits voire des bagarres entre eux deux...
Un jour, pris d'une pulsion, Serking suit une jeune femme, Vera,  prend le bus avec elle et la retrouve dans son appartement, ils font l'amour de façon animale, ponctué de rasades de vin...
Au bout du rouleau, Serking va rencontrer fortuitement une jeune prostituée, Cass, dans un bar qu'il a l'habitude de fréquenter...
La jeune femme va changer le cours de sa vie...
Mon avis :
Adaptation cinématographique du roman de l'écrivain culte Charles Bukowski, "Conte de la folie ordinaire" est surtout ultra casse gueule à décliner au cinéma, sauf pour Marco Ferreri, réalisateur de génie et habitué aux films à scandale ("La grande bouffe", notamment qui provoqua un tollé auprès du public et des médias)...
Ici, curieusement, pas trop de provocations mais surtout une finesse dans la forme, transcendée par un Ben Gazzara sidérant et qui rentre instantanément dans la peau de son personnage, une composition extrêmement difficile à incarner...
Parfois terrible (l'automutilation de Cass, les éclairs de violence inhérents au film) mais toujours empreint d'une profonde humanité, "Conte de la folie ordinaire" doit plus se voir comme une chronique sociale que comme un poème misérabiliste, c'est ce qui fait sa force...
L'addiction sexuelle et éthylique de Serking sert de levier à sa quête de rédemption et le personnage de Cass, à la fois juvénile et cristallin, semble être son seul rattachement à l'existence ; Des étreintes passionnées et fougueuses vont les emmener petit à petit vers la folie, la perte de repères (un peu comme Betty dans "37.2 le matin" de Beineix qui reprend certaines thématiques du film)...
Les lieux ont leur importance dans "Conte de la folie ordinaire" avec cette redondance de la plage et de la mer que l'on retrouve à multiples reprises...
Immense performance aussi bien artistique que sur le jeu des acteurs, "Conte de la folie ordinaire" a le double mérite d'émouvoir (un passage est, à ce titre, déchirant et bouleversant) et de captiver par l'atmosphère qui y règne du début à la fin...
Témoignage iconoclaste loin des conventions du cinéma italien (aucun rapport avec l'exubérance des autres films transalpins), Ferreri place sa caméra et la laisse filer, couler au fil de l'eau avec l'itinéraire de Charles Serking, à noter que Gazzara est présent pratiquement dans tous les plans du métrage...
Tentative aboutie et réussie d'adapter un roman polémique sur pellicule, "Conte de la folie ordinaire" est un très beau film qui se grave dans la rétine...
A découvrir car, de plus, il est assez rare...

Note : 9/10





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