dimanche 11 septembre 2016

CONTRONATURA d'Antonio Margheriti, 1969

CONTRONATURA
d’Antonio Margheriti
1969
Italie/Allemagne
avec Marianne Koch, Joachim Fuchsberger, Helga Anders, Claudio Camaso, Dominique Boschero
Film fantastique gothique
87 minutes
Edité en DVD chez Artus films
Synopsis :
Grande- Bretagne, dans les années vingt…
Ben Taylor et sa femme Viviane doivent effectuer une transaction financière, sortant d’une maison de jeux, Alfred Sinclair, un beau brun playboy qui fait fureur auprès de la gente féminine, est promu pour être l’homme de main de Taylor, ses conquêtes sont Elisabeth et Margaret, deux superbes femmes…
Archibald Barrett, un notable de la classe aisée, accompagne Taylor et les autres dans un fiacre, ils partent de nuit ; hélas un terrible orage éclate et le véhicule s’embourbe !
Ne pouvant continuer, les protagonistes trouvent refuge dans un chalet, ancien hôtel, où vivent Uriat, un quinquagénaire et sa mère…
D’abord intrigués, les visiteurs se demandent si la mère d’Uriat ne serait pas aveugle, ce dernier leur explique qu’elle est en état de « transe », le fils et sa mère étaient en train de pratiquer une séance de spiritisme, ils invitent leurs hôtes à y participer…
D’abord réticents, ces derniers finissent par accepter, la terrible vérité va pouvoir éclater au plein jour, alors que Margaret pratique un jeu saphique dans la chambre…
Et si la fortune amassée par Ben Taylor n’était qu’une source de faits illégaux ?
Ponctuée de flashbacks, la séance de spiritisme vire au cauchemar et une vengeance inopinée de la part d’Uriat va transformer la nuit en un véritable calvaire !
Mon avis :
Totalement inédit en France et même en VHS, « Contronatura » est donc un film particulièrement rare et précieux et inutile de dire qu’encore une fois Artus films frappe très fort en le sortant, tout cinéphile fanatique de bis italien ne pourra que trouver son bonheur dans ce métrage très esthétisé où Margheriti s’est particulièrement appliqué à dégager une atmosphère gothique, alors que ce genre semblait délaissé puisqu’il connut son âge d’or les années précédentes…
Margheriti dose savamment baroque, érotisme, film de demeures, huis clos et connotations paranormales pour accoucher d’un de ses meilleurs films, il a soigné les décors, les plans séquences en les dotant d’un fort potentiel graphique qui fait nettement illusion par des trouvailles techniques qui relèvent du haut du panier, inhabituelles pour ce genre de productions…
Le premier quart d’heure sert d’exposition et de présentation des personnages, puis « Contronatura » se mute en huis clos décliné habilement par des flashbacks qui font comprendre au spectateur pourquoi les protagonistes ont atterri là…
Un scénario machiavélique très précis intègre les faits et gestes passés de Taylor et le film prend alors un essor insoupçonné qui met tout le monde par terre ; 47 ans avant Tarantino et ses « Huit salopards », Margheriti se sert du huis clos et de la répétition de plans tournés sous un autre angle pour scotcher les cinéphiles que nous sommes et nous asséner une mandale dans les dix dernières minutes, véritable virage dans l’histoire, qui va propulser l’intrigue de manière prodigieuse…
Le montage alterné avec la chasse à courre et les ébats langoureux des deux nymphes, l’austérité qui règne dans le chalet, le générique avec la pluie torrentielle sont autant d’éléments qui confèrent à la qualité de « Contronatura », gothic movie à part si on le compare à ses prédécesseurs et qui n’a rien à leur envier, tant la précision dont fait preuve Margheriti est imparable…
Tour à tour envoutant et insolite, « Contronatura » est une tentative réussie de régénérer le genre du film gothique, l’interprétation sonne juste et le climat qui se dégage très atmosphérique, seul bémol, le final avec des moyens ridicules (la maison en miniature lors de l’inondation) mais ceci est un détail…
Les belles actrices donnent un charme capiteux et n’hésitent nullement à dénuder leurs superbes corps dans des saynètes plutôt osées pour l’époque, ce qui vaudra à « Contronatura » une interdiction aux moins de seize ans, mais, comparé aux films actuels, cela reste un érotisme relativement sage, qui plaira aux érotomanes…
A noter que le DVD d’Artus ne comporte pas de piste audio française mais les deux versions allemandes et italiennes sous-titrées en français…
Encore une fois un travail remarquable de la part de cette maison d’éditions, « Contronatura » se savoure avec le plus grand plaisir et marque d’une pierre blanche le genre gothique…
A visionner pour tout fan de cinéma baroque…

Note : 9/10




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