dimanche 8 avril 2018

Boyz n the hood de John Singleton, 1991


BOYZ N THE HOOD
de John Singleton
1991
Etats unis
avec Laurence Fishburne, Ice Cube, Cuba Gooding Jr, Angela Bassett, Morris Chestnut, Nia Long
Etude sociale
102 minutes
Budget : 6 500 000 dollars
Box-office aux Etats-Unis : 57 504 069 dollars
Synopsis :
Ville de Los Angeles, Etats-Unis, de 1984 à 1991…
Tre Styles est un jeune garçon qui reçoit une solide éducation de la part de sa mère, son père est séparé du domicile familial mais Tre le voit chaque weekend ; à la suite d’une bagarre en pleine classe, Tre est renvoyé de son école ; sa mère décide alors de l’envoyer vivre avec son père, Jason dit « Furious », qui, lui aussi, donne une éducation intransigeante à Tre, ne voulant pas le voir tomber dans la délinquance…
Darin et Ricky Baker sont les copains de Tre et les jeunes font les quatre cent coups, la mère de Ricky et Darin semble dépassée ; un jour Darin est arrêté par la police, à la suite d’un vol…
Sept années s’écoulent et nous retrouvons Tre, vivant toujours chez son père ; Brandi, la petite amie de Tre, refuse d’avoir des rapports sexuels avant le mariage, mais Tre veut s’en sortir et s’intégrer au sein de la société, il pratique le football américain, et il reçoit un coach financier afin d’intégrer une prestigieuse université…
Darin Doughboy surnommé « Gras du bide » et Ricky Baker, son frère, quant à eux, continuent leurs frasques, au grand désespoir de leur mère Brenda ; lors d’une virée nocturne, Darin a maille à partir avec d’autres jeunes d’un gang adverse, il les menace en leur montrant son arme, cachée sous son blouson, une fusillade, avec des rafales de Uzi tirées en l’air, sème la panique, Darin, Ricky et Tre quittent le lieu à toute vitesse mais ils sont dans la collimateur du chef de la bande adverse, reconnaissable à son bonnet des Chicago Bulls…
Tout va alors basculer lorsque Ricky est abattu ; Darin n’aura plus qu’un seul objectif : tuer l’intégralité des commanditaires du meurtre de son frère…
Pendant ce temps, Tre, avec la rage de s’en sortir, suit les conseils de son père Jason et ne répond pas à la violence par la violence, son père l’empêche de prendre une arme et de quitter la maison…
Le film suit le parcours de ces jeunes et Singleton dresse un constat très réaliste de la difficulté d’intégration lorsque l’on est issu d’un quartier difficile…
Mon avis :
Œuvre très réaliste et réalisée par un cinéaste prodige (John Singleton n’a que 22 ans lorsqu’il tourne « Boyz n the hood), ce film se démarque de tous les autres par sa crédibilité et sa fougue, mais en même temps, il faut reconnaître qu’il y a un côté extrêmement dramatique avec des passages qui insufflent une émotion intense et surtout, très inhabituel pour ce genre de films, il fait couler les larmes…
La scène où Tre et Darin apportent le cadavre de Ricky au domicile de sa mère, outre le fait qu’il s’agisse d’une fulgurance, ne pourra laisser personne de marbre ; ce passage est simplement bouleversant et traduit bien la détresse, cette détresse lorsqu’on perd un proche, et c’est d’autant plus rageant qu’il s’agit d’une guerre des gangs et là, Singleton frappe très très fort !
Tout dans « Boyz n the hood » configure à en faire LE film sur la délinquance et la guerre des fratries dans la banlieue défavorisée de Los Angeles, Singleton a vécu de l’intérieur ces situations et il n’y a rien d’anodin à dire que son film est autobiographique…
Les antagonistes sont à la fois bienveillants (le père et la mère de Tre, voulant doter leur fils d’un avenir favorable, ils font tout pour lui inculquer les préceptes d’une vie rangée et nickel chrome) mais les « copains » sont toujours partis et partants pour faire les pires conneries (Ice Cube incroyable, c’est peut- être le rôle de sa carrière !) ; John Singleton ne tombe jamais dans les clichés mais décide bel et bien de montrer la réalité au quotidien et son film est visionnaire car il anticipe les émeutes qui eurent lieu un an après la sortie de « Boyz n the hood », il propulse déjà les personnages dans un cauchemar latent qui va se muter en réalité et nul ne semble savoir comment endiguer ce flot de violence, émulation d’une jeunesse qui se cherche et qui semble ne trouver comme catharsis et échappatoire que dans cette guerre de gangs qui gangrène et tue les habitants des quartiers…
A la violence, les trois quarts d’entre eux répondent par la violence, Singleton met en lumière très intelligemment cette équation avec « Boyz n the hood » et cela fait froid dans le dos…
Le film part de 1984 puis après en 1991, nous retrouvons les mêmes personnages et très peu de choses ont évolué au niveau sociétal (Darin a fait de la prison, Tre fait toujours tout et déploie toujours autant d’efforts pour s’en sortir, mais il y a une nouveauté, les filles et d’ailleurs « Boyz n the hood » fera hurler les ligues féministes avec des répliques hyper sexistes, toujours malheureusement d’actualité mais qui s’avèrent répréhensibles de nos jours)…
A proprement parler, « Boyz n the hood » est moins un polar testostéroné qu’une chronique de mœurs, on est loin de films comme « New Jack city » ou « Colors », John Singleton a préféré nous montrer une tranche de vie sur plusieurs années de cette frange sociétale américaine, il dresse un état des lieux radical mais nécessaire pour nous faire comprendre dans quel pétrin ces gens se sont mis…
L’interprétation (de Laurence Fishburne à Angela Bassett et Cuba Gooding jr.) sonne très juste, « Boyz n the hood » est un film violent et dur, mais le réalisme qu’il dégage donne une immense crédibilité et donc de l’intérêt pour qu’on s’attache immédiatement à tous les acteurs et actrices, c’est un sans- faute de la part de John Singleton…
Au niveau de la technique, la caméra est virtuose et c’est vraiment balaise pour un premier film, avec une bande sonore qui colle bien à l’esprit du rap des années quatre-vingt-dix, non là franchement on a là le meilleur film du genre, traité avec intelligence et sans le moindre pathos et qui va frontalement pour donner la vision d’un portrait abrupt et sans concessions…
« Boyz n the hood » est une bombe, un film sociétal essentiel qui a tout compris au sujet qu’il traite et qui dresse une réflexion d’une justesse imparable, il est impératif de voir ce film pour comprendre la société américaine et ce qu’endure cette population de laissés pour compte…
De plus, il n’y a paradoxalement pas trop de misérabilisme (les jeunes s’amusent, font des barbecues) mais lorsque la violence tombe et que les balles pleuvent, cela ramène les protagonistes dans une situation cauchemardesque avec quasiment aucune issue, sinon la mort…
« Boyz n the hood » est un chef d’œuvre à méditer, un coup de maitre absolu du cinéma d’outre Atlantique, Singleton a frappé très fort !
Note : 9/10















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