jeudi 15 avril 2021

Passeport pour deux tueurs de Fernando di Leo, 1972

 

PASSEPORT POUR DEUX TUEURS

de Fernando di Leo

1972

Italie/Allemagne

avec Mario Adorf, Henry Silva, Woody Strode, Femi Benussi, Adolfo Celi, Luciana Paluzzi, Ulli Lommel

Polar

95 minutes

Blu ray édité chez Elephant films

aka L’empire du crime

aka La Mala ordina

Synopsis :

Un chargement de drogue disparaît entre l'Italie et New York.

Luca Canali (Mario Adorf) est soupçonné d'être l'auteur de ce vol et est traqué par deux tueurs à gages, David Catania (Henry Silva) et Frank Webster (Woody Strode).

Mais les véritables auteurs du vol sont également à la recherche de Canali pour l’empêcher de parler.

Quand la famille de Canali est assassinée sous ses yeux, ce dernier cesse de fuir et entreprend sa vengeance.

(source : Wikipedia)

Mon avis :

« Passeport pour deux tueurs » est sans doute le meilleur film de di Leo, il a mis le paquet et le film est terrible, on pourrait penser que le duo Henry Silva/Woody Strode allait être les stars du film et bien pas du tout !  La star c’est Mario Adorf, et là il est exceptionnel ; l’acteur tient sa plus belle composition dans le rôle d’un proxénète qui va complètement péter les plombs lorsqu’on assassine sa femme et sa fille (la scène est d’une cruauté hors normes !), dès lors plus rien ne peut l’arrêter et di Leo part lui aussi en live avec une course poursuite de plus de vingt minutes qui fera date dans l’histoire du cinéma : c’est de la FOLIE, c’est INCROYABLE !

Menée à fond les bananes, cette poursuite s’autorise toutes les transgressions, Mario Adorf/Luca est acharné comme on a rarement vu dans un polar italien, di Leo nous offre un cinéma jusqu’au-boutiste, c’est fabuleux et le spectateur se régale et s’en prend plein les mirettes, ça n’arrête jamais !

Tous les cinéphiles savent que « La mala ordina » est un film référence pour Tarantino et qu’il s’est inspiré du duo de tueurs Silva/Strode  pour le tandem Travolta/Samuel L. Jackson dans « Pulp fiction », mais outre ce clin d’œil, « Passeport pour deux tueurs », c’est du bonheur en barres ; une histoire très violente, sexiste (comme dans tous les di Leo) avec des twists machiavéliques mais di Leo pousse tous les codes qu’il avait instaurés à maxima, « L’empire du crime » c’est un déchainement et un enchevêtrement de séquences classiques pour un polar italien mais di Leo dépasse tous les autres grâce à une mise en scène incroyable et des trouvailles techniques de dingues (beaucoup de plans serrés notamment sur les trognes des protagonistes, Mario Adorf en tête !), c’est phénoménal !

La scène de la poursuite est une leçon de cinéma, filmée caméra sur l’épaule au début puis Adorf assure lui- même ses cascades et joue un rôle très physique ; di Leo ne fait aucun quartier et les  torgnoles vis-à-vis de la gente féminine vont bon train (dans les bonus du blu ray, l’excellent critique René Marx dira même que « di Leo avait un problème avec les femmes dans ses films », ce qui est tout à fait vrai), mais passée cette réserve, on ne peut que saluer la qualité et le brio de la mise en scène, on est pris dans le film du début à la fin et quelle fin !

« Passeport pour deux tueurs » part d’une histoire basique (un proxénète soupçonné d’avoir détourné le butin d’un mafiosi est traqué par deux tueurs à gage dépêché par la mafia, mais d’autres gangsters veulent aussi sa peau car ils redoutent qu’il les balance !), script connu et ordinaire MAIS quand c’est di Leo qui prend les manettes de la réalisation, c’est une pure raclée !

Le coffret triple blu ray « La trilogie du milieu » édité chez Elephant films est un achat obligatoire, l’image est parfaite, idem pour les bonus, c’est l’occasion pour redécouvrir ces trois films, purs chefs d’œuvre du genre…

On peut dire que là on atteint des sommets en matière de polar italien, tout cinéphile connaisseur se doit d’avoir vu impérativement cette trilogie qui reste la Bible du polar transalpin ; beaucoup de réalisateurs se sont tentés sur ce terrain mais il est rare qu’on ait atteint un tel niveau que celui de Fernando di Leo, c’est exceptionnel !

Chef d’œuvre total et rien n’a vieilli, le film est tonique à l’extrême et on se régale au visionnage, on sort du film claqué et abasourdi mais heureux et avec le sentiment d’avoir assisté à une taule complète…

Orgasmique !

Note : 10/10







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