dimanche 31 octobre 2021

L'appel de la chair d'Emilio Miraglia, 1971

 

L’APPEL DE LA CHAIR

d’Emilio Miraglia

1971

Italie

avec Anthony Steffen, Erika Blanc, Giacomo Rossi Stuart, Marina Malfatti

103 minutes

Thriller/Giallo atypique

Blu ray édité chez Artus films

Musique de Bruno Nicolai

aka La notte che Evelyn usci dalla tomba

Synopsis :

Depuis la mort de son épouse Evelyn, Alan Cunningham, un lord anglais, voit sa santé mentale s’effondrer.

Il passe son temps à se livrer à des jeux sadomasochistes avec des prostituées dans son château en ruines.

Un jour, il rencontre la belle Gladys, sosie parfait d’Evelyn.

Il la demande en mariage et la fait venir vivre au château.

Peu à peu, il devient alors victime d’hallucinations, hanté par le fantôme de sa première femme.

(source : Artus films, merci à eux)

Mon avis :

Emilio Miraglia est un cinéaste à part dans les metteurs en scène italiens de thrillers, il réalisa son plus grand film « La dame rouge tua sept fois » qui marqua d’une pierre blanche l’histoire du giallo, celui-ci « L’appel de la chair » est tourné un an avant et semble être une ébauche de « La dame rouge tua sept fois », les points communs entre les deux métrages sont leur atypisme, leur brutalité et qu’ils se démarquent complètement des autres gialli, Miraglia fait exploser le genre et l’accessibilité à ses films nécessitent plusieurs visionnages car c’est du cinéma qui n’est pas donné à tout le monde, une intrigue tortueuse voire hermétique, une histoire pas évidente à comprendre de prime abord mais un cinéma très intéressant et remarquable à tous points de vue…

Miraglia a mis une sacrée dose de sexe dans « L’appel de la chair » et des penchants sadiens et fétichistes ponctuent le film, doté de passages déviants (une femme infirme dévorée par des renards, un meurtre par piqûre de serpent, des tortures et des coups de fouets, des apparitions spectrales de la femme décédée et une obsession des troubles psychiatriques)…

Malheureusement, et c’est le gros défaut du film, le final est incompréhensible et pas du tout crédible et cela gâche la majeure partie de « L’appel de la chair », je l’ai vu deux fois en l’espace d’une semaine et je ne pige toujours pas où Miraglia a voulu en venir, il n’y a rien qui colle !

Restent de très beaux moments de pure terreur, des décors magnifiques, un Anthony Steffen très impliqué dans son rôle, des comédiennes très jolies qui se prêtent volontiers à dévoiler leurs plastiques, mais le film est quand même sacrément daté et moins réussi que les gialli de Mario Bava qui, lui, excellait dans le genre ; on pense beaucoup à « L’ile de l’épouvante » car la motivation première des personnages (tous de sombres salopards !) reste L’ARGENT !

C’est la vénalité qui prévaut avant tout dans « L’appel de la chair » et l’histoire de l’héritage du riche châtelain reste la justification de tous les meurtres, mais SPOILER ON pourquoi alors réapparait-il à la fin alors qu’il est sensé être diagnostiqué fou à lier et interné à vie ????? SPOILER OFF.

« L’appel de la chair » aurait gagné à être plus limpide dans son cheminement scénaristique, à force de vouloir trop bien faire, Emilio Miraglia s’est pris les pieds dans le tapis aux dix dernières minutes, pourtant, globalement son film est tout de même réussi et arrive à capter l’attention du spectateur ; les amateurs de giallo prendront surement plaisir à visionner « L’appel de la chair » qui de plus (et cela ne gâche rien) est sorti dans une édition blu ray impeccable de la part d’Artus films qui a produit là un travail sensationnel, c’est grâce à eux qu’on peut enfin découvrir ce giallo méconnu et le bonus avec Emmanuel Le Gagne est hyper intéressant, on y apprend des tas d’infos indispensables…

Nettement inférieur à « La dame rouge tua sept fois », « L’appel de la chair » est tout de même un giallo hors codes qui ravira les cinéphiles et l’occasion de retrouver Giacomo Rossi Stuart et Erika Blanc qui collaborèrent déjà dans le « Opération peur » de Mario Bava six ans avant…

« L’appel de la chair » risquera de décontenancer les fans de thrillers italiens mais c’est un film qui a le mérite d’exister et Miraglia clôtura définitivement sa carrière l’année suivante en 1972, c’est un cinéaste rare et qui n’a réalisé que six films donc l’intérêt et la curiosité que les cinéphiles peuvent témoigner envers lui sont légitimes, « L’appel de la chair » est un métrage qui n’est pas donné à tout le monde et qui s’adresse surtout à l’élite des cinéphiles…

Malgré la grande réserve sur l’épilogue imbitable, « L’appel de la chair » est un giallo à voir absolument et Artus films est une structure à encourager vivement…

Une curiosité !

Note : 8/10







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire