samedi 6 octobre 2012

L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski, 1975


L'IMPORTANT C'EST D'AIMER

De Andrzej Zulawski

France

1975

Drame/Etudes de moeurs

108 minutes

avec Romy Schneider, Fabio Testi, Klaus Kinski, Jacques Dutronc, Michel Robin, Katia Tchenko

César 1976 de la meilleure actrice pour Romy

Synopsis :

Servais Mont est un reporter photographe qui a couvert de grands événements, notamment la guerre du Vietnam et les conflits en Algérie...

Dorénavant il végète un peu à droite à gauche, scrutant le moindre scoop pouvant lui rapporter un maximum d'argent facile...

Il n'hésite donc pas à faire des photos pornographiques en effectuant des clichés de gens partouzards à leur insu, derrière une glace sans tain !

Alors qu'il déboule clandestinement sur le tournage d'un film, il prend en photo l'actrice Nadine Chevalier alors qu'elle effectue une scène très difficile à jouer (l'amour avec un homme sur le point de mourir)...

Très vite une relation ambigüe va se nouer entre les deux protagonistes car le mari de Nadine est impuissant et ne lui fait, pour ainsi dire, jamais l'amour...

Nadine voit en Servais un échappatoire et une possibilité d'assouvir et de réguler ses pulsions et ses fantasmes sexuels débridés !

Mais l'homme reste hermétique à tout celà...

Le film relate donc les difficultés des relations dans un couple et transcrit les tenants et les aboutissants d'un périclitement conjugal, avec comme issue, soit la mort soit la déception éternelle...

Mon avis sur ce film :

"L'important c'est d'aimer" est un des films les plus "posés" du grand Zulawski, ici beaucoup moins de survoltage et de délires baroques que l'on retrouvera dans ses métrages postérieurs...

Zulawski prend tout son temps pour délivrer les émotions et les angoisses de ses comédiens et s'applique, comme toujours, à relater des tranches de vie de gens écorchés vifs, souffrant d'une pathologie inhérente à leurs conditions, en l'occurrence ici, à leurs vies de couples !






Dès le démarrage, on est dans le ton : Romy Schneider se donne à fond et sans retenue et Testi semble comme un électron libre, vacillant dans un univers d'opprobre, cerné par un entourage de pervers aussi repoussants que sociopathes...

Les personnages secondaires sont également bien entamés notamment Michel Robin en vieil alcoolique atteint de délirium et Kinski déjà à la folie bien amorcée qui électrise le film par sa composition au summum de la catharsis...

Ceci étant, "L'important c'est d'aimer" n'occulte nullement l'aspect dramatique et tragique et fait des transferts/parallèles entre le monde virtuel (celui du cinéma) et l'univers réel (les difficultés du quotidien et de la gestion d'un couple)...

Ce n'est d'ailleurs pas innocent si l'oeuvre de Zulawski s'inspire de la "Nuit américaine", sorte de mise en abyme de la pièce de théâtre que Nadine essaie, non sans mal, de jouer, captant avec difficultés ce que le réalisateur veut lui inculquer et insuffler...

Zulawski, par son immense talent, arrive avec facilité via une direction d'acteurs au cordeau, à décortiquer des situations lambda et fréquentes, que nous avons tous plus ou moins déjà rencontrées, et provoque un bouleversement affectif aussi bien dans ses séquences que chez le spectateur...

En gros, il nous explique que le plus simple c'est juste d'AIMER sans se poser de questions et rendre heureux ceux qui nous entourent et que l'on aime...

La dernière phrase du film veut tout dire et se conclut par un "Je t'aime" dans  la bouche de Romy Schneider !

Je dédicace ma critique à Pierre, qui lui aussi a tant d'amour à donner et à recevoir !

Note : 9/10

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