lundi 3 décembre 2012

Les deux orphelines vampires de Jean Rollin, 1995


LES DEUX ORPHELINES VAMPIRES

De Jean Rollin

France

1995 (et non 1997 comme souvent indiqué par erreur)

avec Alexandra Pic, Isabelle Teboul, Brigitte Lahaie, Jean Rollin et Tina Aumont

117 minutes

Fantastique vampirique

édité en blu ray chez Redemption Video

Synopsis :

Henriette et Louise sont deux jeunes filles d’une vingtaine d’années vivant dans un orphelinat, elles sont aveugles…

Leur particularité est qu’elles recouvrent la vue uniquement la nuit, ainsi elles font des escapades et se baladent dans des cimetières (notamment celui du père Lachaise) afin de trouver des proies pour assouvir leur soif inextinguible de sang fra            is : ce sont des VAMPIRES !

Les tenancières religieuses de l’orphelinat leur trouvent un « tuteur », en la personne d’un sexagénaire ophtalmologiste, qui parait attentionné et aux petits soins pour leurs moindres désirs, il ne se doute strictement de rien !

Faisant des sorties oniriques, Louise et Henriette, se proclamant adeptes de la magie, rencontrent tour à tour une femme louve, une goule, une femme chauve souris et une dresseuse de cirque !

Ces dernières seront agressées voire tuées, toujours avec le même mode opératoire !

L’ophtalmo qui les héberge ne faillira pas à la règle et sera, lui aussi, occis !

Jusqu’à un final tragipoétique laissant un goût amer et que l’on est pas près d’oublier !

Mon avis :

"Les deux orphelines vampires" est un Rollin particulièrement attachant qui met en exergue la "fausse innocence" de ses héroïnes, anges le jour et démons vampires la nuit...

Idée astucieuse de ce contre-pied diurne et nocturne faisant ainsi transcender les inhibitions en exhibitions, les pulsions en catharsis...

Appliquées et consciencieuses, Pic et Teboul irradient complètement la pellicule et pléthore de monologues sont dits avec concentration et avec une diction parfaite, l'interprétation a été travaillée et le film n'est pas bâclé...

Rollin se fait plaisir et on le remarque dans un petit rôle (le vieil homme qui enterre son chien), clin d'oeil à tout un bestiaire du cinéma fantastique de naguère, véritable panorama de personnages tous plus baroques et représentatifs les uns (en l'occurrence les unes) que les autres...

On retrouve avec émotion Tina "Torso" Aumont dans une prestation éclair de quelques minutes, peu de temps avant sa mort (la belle est partie en 1996) dans une séquence sortie de nulle part, hors du temps et des conventions...

Horrifique lors de certains plans et poétiquement mélancolique, le métrage dresse une histoire hypra contemplative qui se suit avec plaisir et empathie, Rollin affectionnant toujours les corps féminins et de ce côté là, nous ne sommes pas en reste !

"Les cimetières sont leurs maisons" et Louise et Henriette semblent s'y amuser comme dans un luna park où elles peuvent ainsi retrouver leur "liberté", étant enfermées toute la journée dans une cécité proche du carcan...

Très sympathique et vraiment très bien élaboré par un Rollin au firmament, "Les deux orphelines vampires" est à la fois un film adulte et beau, en même temps lyrique et intelligent, il ne cède pas à la facilité et possède un impact encore de nos jours intact...

Il se bonifiera avec les années et, n'en doutons pas, ne prendra pas une ride, eu égard à son avant gardisme et à l'anticonformisme inhérent à Jean Rollin...

Note 9/10







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