samedi 20 avril 2013

Mort à Venise de Luchino Visconti, 1971


MORT A VENISE

aka Death in Venice

de Luchino Visconti

Italie

1971

avec Dirk Bogarde, Marisa Berenson

Drame passionnel

125 minutes

Musique de Gustav Malher

Tourné dans les studios Cinecitta

Synopsis :

Venise, 1911, pendant la belle époque...

Gustav Aschenbach est un musicien pianiste de renommée qui séjourne dans un luxueux hôtel afin de se ressourcer après un décès dans sa famille...

Il souffre de problèmes cardiaques et est souvent sujet à des malaises...

Décidant inopinément de rentrer chez lui, en Suisse, un malheureux concours de circonstances fait que sa malle est transférée au mauvais endroit...

Mécontent il décide de retourner à l'hôtel...

Aschenbach est fasciné par la beauté de Tadzio, un jeune adolescent polonais...

Il ne s'agit nullement de pédophilie mais d'une idolâtrie liée à une quête de la perfection inhérente à Gustav...

Bientôt, les rues de Venise sont nettoyées et décontaminées en vain...

Gustav apprend la vérité : une épidémie de choléra arrivée par la mer va venir bouleverser la ville !

Et si Venise devenait son tombeau ? 

Mon avis :

Non seulement la mise en scène de "Mort à Venise" est phénoménale mais il faut saluer à juste titre la performance de Dirk Bogarde qui porte le film à bout de bras, habité par un personnage torturé en proie et à la recherche de la perfection cristalline...

Le personnage du jeune adolescent, éphèbe à la beauté foudroyante, symbolise pour Gustav l'entité de ses malaises passées et l'on sent habilement qu'il veut dédouaner ses démons passés via ce jeune homme, mais qu'il n'arrive jamais à atteindre son but, affronter le décès de sa fille et retrouver la sérénité, il est victime d'un malheur irréversible et n'arrive pas/plus à contrôler sa déchéance...

Déclinaison d'un déclin, "Mort à Venise" subjugue par ses plans séquences et son esthétisme et certaines images ressemblent à des peintures des plus grands maîtres...

Aucun propos malsain, aucune idée déplacée mais bel et bien un envoûtement pour un homme brisé et qui a du mal à se reconstruire, végétant au sein d'une mosaïque inextinguible et où l'issue la plus convenue ne peut être que funeste, eu égard à un refoulement indicible et impossible à juguler...

On peut faire un léger parallèle avec l'aspect psychanalytique produit dans "le Silence des agneaux" par le fait que Clarice Starling voit en l'arrestation du tueur le silence des cris des agneaux décimés dans son enfance, par la symbolique de Tadzio, qui, si Gustav l'abordait et conversait avec lui, enfouirait la souffrance qu'il a vécu après le décès de sa jeune fille, n'extrapolons pas trop la comparaison mais il y a tout de même un peu de ça...

Avec "Mort à Venise", on est à mille lieues du cinéma traditionnel, on atteint l'exceptionnel, le lumineux, le magique...

Visconti fait survoler par sa caméra le destin d'un homme abattu par le chagrin et Malher, par ses symphonies, amplifie la beauté de la mort, la souffrance interne décuplée par l'obsession au travers d'une vie saccagée par une brisure...

Un classique du cinéma d'auteur italien au côté dramaturgique d'une intensité hors normes et qui reste encore bouleversant, même plus de quarante ans après...

Note : 10/10





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