jeudi 6 février 2014

La femme tatouée de Yoichi Takabayashi, 1981

LA FEMME TATOUEE
de Yoichi Takabayashi
Japon
1981
avec Masayo Utsunomiya, Yuhsuke
Etude de moeurs
109 minutes
Synopsis :
Kyoto, Japon, au début des années 80...
Un créateur de kimonos a une obsession récurrente : le tatouage sur des jeunes femmes....
Il pratique lui même ce "rite" et l'inculque même à son fils, en fin d'adolescence...
Dès qu'il voit une femme, même une prostituée rencontrée dans un bordel de la ville, il ne peut s'empêcher de l'"imaginer" tatouée, ce qui pousse sa libido au summum...
Sa pratique de tatouage est, par ailleurs, extrêmement douloureuse, puisqu'il enfonce le bout de son stylet sous la peau de la femme, lui injectant la peinture petit à petit...
Un livre de notes va être au centre d'une révélation qui va tout bouleverser !
Et si cet homme n'était pas aussi honnête que l'on pourrait le croire ?
Mon avis :
Débordant d'une sensualité exubérante et sobre à la fois, combinant le masochisme et la beauté de l'acte d'amour, "La femme tatouée" est un bel exemple de l'originalité du cinéma japonais, multipliant les scènes allégoriques et les passages intimistes...
Un érotisme totalement différent de celui connu en Occident et bien propre à la culture japonaise, le film est le témoignage et la transmission filmique des coutumes du pays du soleil levant et pourra rebuter les plus fermés d'entre nous, tant son approche demeure singulière, son rythme très lent et sa dynamique hyper axée sur le contemplatif...
Ici aucune vulgarité mais bel et bien un raffinement et une intensité que seul pouvait retranscrire un cinéaste doué et à la recherche de la perfection : tout est dosé au gramme près afin de susciter une émotion chez le spectateur via des séquences très charnelles qui immiscent et immergent le spectateur mais sans aucun voyeurisme ou propos salace, Takabayashi ayant su récréer son univers sur pellicule à merveille et exploitant le jeu d'acteur de ses comédiennes d'une beauté surréelle et gracile...
Les parties du corps de ces dernières sont d'ailleurs des leviers pour entraîner la dynamique érotique où s'articulent des thématiques comme la domination, la souffrance et la frustration sexuelle...
La métaphore de la neige pousse au summum la qualité d'un film qui n'en était pas exempte mais renforce ainsi la pathologie du personnage principal, obnubilé par ses doutes et surtout par sa déviance, déformation d'une vie sexuelle perturbée allant même le pousser au mensonge voire à la mythomanie... jusqu'à la révélation finale !
Très rare et parfaitement réalisé, "La femme tatouée" est un monument du cinéma érotique japonais, genre peu décliné dans ce pays, ce qui mérite une attention certaine et qui déflorera la rétine des aficionados habitués à ce genre mais pas dans cette mise en images !
Cette dimension exotique fait par conséquent gage de la plus grande dignité d'intérêt et impose un style parfaitement réalisé et qui pourra diversifier les connaissances des cinéphiles les plus ouverts, d'autant plus que la renommée de "la Femme tatouée" n'est plus à prouver, le film ayant fait un tabac à sa sortie, il y a de cela 33 ans !
Note : 9/10






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