dimanche 9 février 2014

Malpertuis d'Harry Kümel, 1972

MALPERTUIS
d'Harry Kümel
France/Belgique/Allemagne
1972
avec Orson Welles, Matthieu Carrière, Michel Bouquet, Sylvie Vartan
110 minutes
Fantastique déjanté
Nomination Palme d'or Cannes 1972
Musique de Georges Delerue
Synopsis :
Yann, un jeune matelot débarque d'un port, il est guetté par deux mystérieux hommes...
Il doit se rendre chez son oncle, un vieil homme en fin de vie qui réside dans le domaine de Malpertuis, une gigantesque habitation où s'entremêlent chambres, escaliers et passages secrets...
A peine arrivé sur les lieux, il rencontre sa soeur et se rend compte qu'il y a quelque chose d'anormal au sein de Malpertuis...
Y végètent un taxidermiste, un homme vêtu de haillons qui est obsédé par la lumière et qui se terre sous l'escalier, et bien d'autres personnages plus loufoques les uns que les autres !
Ces derniers ont tous pour point commun qu'ils sont les héritiers de Monsieur Cassave, le fameux oncle de Yann...
Cassave finit par décéder !
La condition sinéquanone pour que ses héritiers jouissent de la somme colossale qu'il leur lègue est qu'ils demeurent à vie à Malpertuis !
Ils ne devront sous aucun prétexte quitter les lieux !
Commence alors pour Yann un long voyage initiatique, une longue quête vers l'absolu qui sera semée de plusieurs cadavres...
Et si la névrose s'était emparée de Yann ?
Mon avis :
"Malpertuis" est l'exemple typique du "film de demeures", le personnage central étant avant tout le lieu, l'architecture de ce manoir gigantesque qui est à la fois un dédale à visiter mais également un labyrinthe pour le spectateur, qui se retrouvera vite "hypnotisé" par la singularité de l'atmosphère du bâtiment et par la bizarrerie de celles et ceux qui y vivent...
On est quelque peu déboussolés par cette maestria mais jamais lassés car on a envie de comprendre et de retenir les tenants et les aboutissants du propos de Kümel, qui parvient à créer une "empathie atypique" via des situations parfois décousues mais toujours captivantes...
L'intérêt du film réside dans la galerie de ces personnages fantômes et Yann semble atteint de schizophrénie hallucinatoire (l'issue du film sonne juste et justifie à elle seule l'ambiguïté du métrage), le propos du film est distanciable par rapport à la manière dont il est perçu par le spectateur, ce qui rajoute du mystère au mystère, de la peur aux situations glauques qui emportent "Malpertuis" vers les sommets du genre fantastique...
Véritable direction d'acteurs tous habités par leurs rôles, Matthieu Carrière, Michel Bouquet et Orson Welles en tête, et solide mise en scène basée non seulement sur l'atmosphérique mais aussi sur une dynamique narrative qui ne faiblit à aucun moment, "Malpertuis" emprunte un style un peu à celui de Mario Bava et certains plans rappellent son "Opération Peur" (l'obsession des escaliers, les sorties dans le parc filmées de façon aérienne, les personnages féminins à la fois sensuels et maléfiques...).
Excessif à certains moments mais à la fois sans trop de surenchère lors des meurtres (Kümel insiste moins sur le voyeurisme que sur la suggestion, ce qui est bienvenu si l'on considère l'ensemble du film), "Malpertuis" est réellement un film à découvrir et à réhabiliter, ne serait ce que pour l'originalité qu'il véhicule et pour l'aspect et l'intelligence sans failles qu'il réserve...
Normalement, les fans de fantastique européen des années 70 devraient y trouver amplement leur compte...

Note : 9/10







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